2014: 10 films qui sont sortis des sentiers battus

2014: 10 films qui sont sortis des sentiers battus

Quoi de plus magique que de rentrer dans une salle de cinéma et d’être stupéfait, pris de court, emmené ailleurs par ce que l’on voit ? FilmDeCulte a compilé dix films parmi ce que les sorties en salles de 2014 nous ont proposé de plus novateur, gonflé ou zinzin. Succès mondiaux ou pépites discrètes, occidentaux pour la plupart (les autres n’ayant hélas pas vraiment quitté le circuit des festivals ou des bacs à dvd), signés d'hommes ou de femmes, ils nous ont permis de voir dans nos salles de quartier des choses vraiment différentes. Alors, quel(le)s cinéastes ont le plus fait bouger les choses en 2014 ?

  • 2014: 10 films qui sont sortis des sentiers battus
  • 2014: 10 films qui sont sortis des sentiers battus

Bande de filles, Céline Sciamma (France)
La meilleure façon de faire un film politique est parfois de ne pas faire un film qui se revendique comme tel. Le geste de Sciamma est pourtant éminemment politique: raconter l'histoire d'une fille noire de banlieue qui refuse de rester à la place que la société lui a imposée, et choisir une héroïne que le cinéma français méprise habituellement. Mais le résultat, romanesque et gonflé, ne vaut évidemment pas que pour son propos. C'est ce qu'on aura vu de plus moderne et passionnant en France cette année.
La critique

Bird People, Pascale Ferran (France)
A l'heure de la standardisation et des formules télévisuelles, Bird People passe pour un ovni. Car, entre son pitch fou et ses moyens qui sont habituellement ceux de productions beaucoup plus calibrées, le film de Pascale Ferran n'a pas vraiment d'équivalent dans le cinéma français... ou le cinéma tout court. Bird People est certes bancal, et a des défauts. Mais il possède surtout une poésie imprévisible et une manière d’oser se jeter dans l’inconnu qui font plaisir à voir.
La critique

Boyhood, Richard Linklater (Etats-Unis)
Probablement le pari le plus abracadabrantesque de l'année: une épopée sans événements qui s'écoule réellement sur une dizaine d'années. Cinéaste du temps, Richard Linklater touche à un bouleversant effet de réel avec ces antihéros qui grandissent et vieillissent sous nos yeux. Le cinéastes et ses acteurs ont l'intelligence et la subtilité d'éviter l'imaginaire formaté des pubs pour banques ou didactique des téléfilms mièvres: les personnages n'apprennent rien mais vivent pleinement pendant 12 ans et 2h40.
La critique

L'Etrange couleur des larmes de ton corps, Hélène Cattet & Bruno Forzani (Belgique)
Pour les spectateurs qui aiment être désorientés lorsqu'ils pénètrent dans une salle de cinéma, L’Étrange couleur des larmes de ton corps (ce titre !) a constitué l'une des meilleures expériences de l'année. Pendant qu'on célèbre ailleurs de plus en plus une absence générale de style, Cattet et Forzani ne s'imposent aucune limite dans leur cinéma en forme de brûlant labyrinthe d'Alice. Un beau film de cauchemars sans scène de réveil...
La critique
Entre réalité et fantasme - Notre entretien avec Bruno Forzani

L’Institutrice, Nadav Lapid (Israël)
Pas de magnifique-portait-de-femme ou d’enfant émouvant ici : à la fois angoissant, sérieux et drôle, L’Institutrice est l’anti-Cercle des poètes disparus. C’est avec un mélange inédit (et surtout dingo) de lyrisme et d’absurde, de chansons et de névroses, que Lapid dévoile l’insanité d’un monde où il n’y a plus de place pour la poésie. Bien malin celui qui parviendra à classer dans une seule case ce film à la beauté aussi déroutante que rare.
La critique

Mercuriales, Virgil Vernier (France)
Comment insuffler du romanesque et du merveilleux dans les barres d'immeubles d'une cité de banlieue ? L'imaginaire s'infiltre par toutes les brèches des buildings de Mercuriales qui, à l'image de L’Étrange couleur des larmes de ton corps, nous perd toujours avec bonheur. Riens d'abscons ici: Vernier s'adresse sans cesse au spectateur, le fait participer et questionne de manière passionnante son point de vue.
La critique
Le merveilleux est présent partout autour de nous - Notre entretien avec Virgil Vernier

Nymphomaniac, director’s cut, Lars Von Trier (Danemark)
Paradoxe parmi d’autres : c’est en passant par la pornographie que Lars Von Trier confirme qu’il est bel et bien du côté des femmes. La représentation d’actes sexuelles non-stimulés n’est qu’une frontière (presque taboue) de plus, qu’il franchit avec des excès de vitesse jubilatoires et une mise en scène toujours aussi flamboyante. Mais la meilleure surprise du director’s cut est ailleurs : le sexe omniprésent à l’écran se fait paradoxalement oublier, pour dévoiler l’un des personnages féminins les plus riches, complexes et émouvants vus depuis longtemps.
La critique

Shirley : Visions of Reality, Gustav Deutsch (Autriche)
Qui aurait parié sur le joli succès d'estime (près de 50.000 entrées) de ce film aux portes de l'expérimental par un vidéaste autrichien inconnu en France ? Plutôt qu'un documentaire plan-plan sur Hopper qui lui aurait probablement valu une meilleure presse, Gustav Deutsch explore la part de fiction que contient chacune de ses peintures et pense intelligemment, en termes de cinéma, ce qui fait le mystère du peintre. Un résultat presque Lynchien, et l’un des essais les plus singuliers de l'année.
La critique
A la fois proche du cinéma d’animation et du Pop Art - Notre entretien avec Gustav Deutsch

Under the Skin, Jonathan Glazer (Royaume-Uni)
La confirmation après Birth du talent éclatant de Jonathan Glazer. Plus qu'un formaliste brillant (et visuellement, Under the Skin est l'un des films les plus renversants de l'année), Glazer capte avec poésie et sensibilité ce qui, comme dans Birth, palpite sous la peau. L'extraterrestre incarnée par Scarlett Johansson est-elle humaine après tout ? Ce météore bouleversant de beauté semble, lui, venu d'ailleurs.
La critique

White God, Kornel Mundruczo (Hongrie)
Quelques-unes des scènes les plus puissantes et inattendues de l'année se trouvent dans White God, fable apocalyptique au bord du film d'horreur. Aux allégories contemplatives d'un Delta succèdent celles, plus percutantes, de cette ville hongroise plongée dans le chaos. Plutôt que d'attendre la probable resucée américaine avec des bimbos et des explosions, on vous encourage chaudement à voir cette pépite actuellement en salles...
La critique
Le cauchemar commun de l’Europe de l’est - Notre entretien avec Kornel Mundruczo

Dossier réalisé par Nicolas Bardot et Gregory Coutaut

Et pour ne rien louper de nos news, dossiers, critiques et entretiens, rejoignez-nous sur Facebook et Twitter !

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires