Suddenly in Dark Night

Suddenly in Dark Night
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Suddenly in Dark Night
Gipeun bam, gapjagi
Corée du Sud, 1981
De Young-nam Ko
Durée : 1h35
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Kang Yu-jin est un professeur en biologie. Il rentre un jour à la maison avec Mi-ok, une orpheline, en fait la fille d'une prêtresse chamane, qui deviendra la nouvelle servante de la maison Sun-hee, la femme de Kang, n'est pas à l'aise avec Mi-ok, qui possède une étrange poupée...

UNE NOUNOU PAS COMME LES AUTRES

Que sait-on de la Corée du Sud avant les années 90 ? Encore peu de choses. Et que sait-on de son cinéma d'horreur ? Peut-être encore moins. Il y a pourtant de quoi découvrir, comme il y a de quoi explorer la riche filmographie de Ko Young-Nam, réalisateur de Suddenly in Dark Night (présenté cette semaine au Festival du Film Coréen de Paris) et qui a signé pas moins d'une centaine de films. Avec son histoire de domestique qui atterrit dans une maison et qui amène avec elle le chaos, Suddenly in Dark Night semble être à mi-chemin entre Théorème de Pasolini et La Servante de Kim Ki-Young. A cette différence près que l'inconnu de Pasolini et la domestique de Kim servaient de révélateurs, chamboulaient les rôles sociaux des personnages. La servante de Suddenly in Dark Night est au bord de tout ça, mais le film de Ko s'inscrit finalement davantage parmi les thrillers psychologiques à héroïne qui pète les plombs et perd pied avec la réalité.

La servante en question serait dit-on une fille de chamane. Elle ne se sépare jamais d'une étrange poupée qu'on imagine immédiatement vaudou. Le film est rapidement sexué, comme avec ces étranges plans du père de famille nu, camouflé par quelques brosses à dents tel Austin Powers lors de ses strip-teases. Seon-Hee, la mère, semble davantage troublée lorsqu'elle fait prendre son bain à son employée, une hésitation érotique qui va la faire sombrer. Son mari la trompe t-elle avec la servante ou ne s'agit-il que du fruit de son imagination ? La réalité semble déjà malmenée dans cette maison de poupée aux murs nus, où les fleurs ont l'air fausses et où l'on croise de nombreux animaux empaillés.

Si le film s'ouvre de manière énigmatique par un superbe kaléidoscope où l'image semble éclatée et morcelée en mille reflets, l'étrange ne s'invite que pas à pas dans la mise en scène: plans de travers, caméra flottante, plans dégoulinants comme vus à travers des yeux embués de larmes. Le kaléidoscope formel s'invite à nouveau lors d'un décrochage fascinant à partir duquel Suddenly in Dark Night devient un pur film de maison hantée et un film de poupée possédée (mais un vrai de vrai, cette fois). L'extravagance visuelle rappelle le souvenir des craquages colorés mi-enfantins mi-démons de House tandis qu'on imagine parfaitement un Dario Argento de la grande époque derrière la caméra pour certaines séquences psychédéliques, le tout couronné par un sublime dernier plan. En attendant de découvrir une terre entière de films méconnus, on a rencontré là un vrai petit chef d’œuvre.

par Nicolas Bardot

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