Thing (The)

Thing (The)
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Thing (The)
The Thing
États-Unis, 1982
De John Carpenter
Scénario : Bill Lancaster
Avec : Keith David, Richard Masur, Donald Moffat, Kurt Russell
Photo : Dean Cundey
Musique : Ennio Morricone
Durée : 1h44
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En Antarctique, durant l’hiver 1982, douze hommes découvrent une chose calcinée, enfouie sous la neige depuis des milliers d’années. Décongelée, la créature reprend vie en adoptant la forme de celui qu’elle tue. Aucun des hommes ne peux se fier aux autres. Qui est humain? Qui est la chose?

En 1951, Howard Hawks, le réalisateur préféré de John Carpenter, avait produit et collaboré à la mise en scène du film de Christian Nyby, La Chose d’un autre monde. Une créature végétale, ayant le pouvoir de se régénérer, terrorisait les habitants d’une station polaire. En pleine guerre froide et maccarthysme, le film affichait un optimisme triomphant et n’échappait pas à une romance de rigueur entre un sémillant capitaine et une accorte scientifique. Le film de John Carpenter ne peut pas être qualifié de plat remake, il est plus fidèle au court récit de John W. Campbell ayant précédemment inspiré Hawks et Nyby. La créature extra-terrestre peut revêtir la forme et l’intelligence de toute créature vivante dans la station polaire, chien ou être humain. On assiste à un huis-clos particulièrement efficace, où la paranoïa ne peut que se propager parmi les douze hommes isolés. Le ton est très noir, et Carpenter s’en tient au final pessimiste, bien qu’ayant tourné une fin alternative plus rassurante, qu’il décida de ne pas utiliser.

The Thing a été principalement tourné dans les studios Universal, à Los Angeles. Des salles étaient réfrigérées, alors qu’à l’extérieur la température était caniculaire. L’équipe devait ôter les parkas ou les remettre selon les déplacements. Des scènes supplémentaires ont aussi été tournées en Colombie Britannique. Le réalisateur voulait que le personnage principal, le pilote d’hélicoptère MacReady, soit une véritable statue de bronze. Il proposa le rôle à son vieux complice Kurt Russell, avec lequel il avait déjà tourné un téléfilm sur Elvis Presley (1979) et surtout New York 1997 (1981). Kurt Russell exécute l’une de ses meilleures prestations, en jouant un héros jusqu’au-boutiste et très porté sur l’alcool. MacReady ne lutte pas seulement pour vivre, mais pour éradiquer un mal qui risque de s’étendre sur toute la planète, si la chose réussit à quitter la station pour rejoindre les régions plus habitées du globe terrestre. La chose est suffisamment intelligente pour exploiter le climat de suspicion qui règne entre les hommes de la station polaire, elle oriente leurs craintes vers MacReady, qui se retrouve avec tout le monde à dos.

Le film ne serait rien sans les effets spéciaux époustouflants du prodige Rob Bottin. Après avoir travaillé sur le très réussi film de loups-garous, Hurlements (Joe Dante, 1980), Bottin s’est chargé des effets spéciaux du film de Carpenter pendant un an, s’investissant tellement qu’il finit à l’hôpital. On lui doit sûrement les trucages les plus réussis de l’histoire du cinéma fantastique, toutes les scènes avec la créature protéiforme demeurent des références. John Carpenter ne désirait à aucun prix que la chose ressemblât à un type dans un costume de monstre, le résultat a dépassé ses espérances. L’éclairage de Dean Cundey a été essentiel pour que les créations en caoutchouc de Bottin paraissent en vie, il fallait éviter que l’on puisse déceler les coutures, les mécanismes les plus évidents.

Le passage le plus impressionnant est certainement celui de la réanimation du personnage de Norris, qui se termine en apocalypse d’effets sanglants. Il y a aussi une formidable scène de test sanguin impliquant chacun des membres du groupe, MacReady ayant compris que chaque parcelle de la chose est vivante et autonome. En mettant un fil chauffé à blanc dans les coupoles contenant le sang des douze hommes, il compte savoir qui est la chose, le sang infecté se démasquant en tentant de se débiner face à la brûlure. C’est plutôt curieux de regarder ces passages horrifiques en DVD, avec le commentaire audio de John Carpenter et Kurt Russell, ce dernier étant constamment hilare en se souvenant de ce tournage heureux.

Il faut louer le directeur artistique de la version française pour avoir choisi des comédiens dont les voix sont très proches du casting original. Patrick Floersheim, qui avait précédemment doublé Kurt Russell dans New York 1997, restitue parfaitement l’intensité du personnage de MacReady. Difficile de faire mieux. Ce qui est drôle, c’est d’écouter la version polonaise du film: on entend les acteurs en version originale, et une voix off en polonais les surmonte en traduisant les dialogues. Difficile de faire pire. En 1982, le film n’a pas été un grand succès au box office, le public ayant préféré à l’extra-terrestre hostile et calculateur, le gentil E.T., de Steven Spielberg, sorti simultanément. La renommée est venue plus tard, au fil des diffusions télévisées. En 2002 est même sorti un jeu vidéo The Thing, dont l’action commençait peu de temps après les événements funestes montrés dans le film.

par Yannick Vély

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