Terminator

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En 2029, la guerre fait rage entre humains et machines. Afin de mettre un terme à la rébellion, ces dernières envoient dans le passé un cyborg indestructible, un Terminator, afin d’assassiner la mère de leur principal leader, avant même qu’il ne naisse. Sarah Connor, une jeune serveuse de Californie, ignore encore tout de son vertigineux futur.

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En quelques mots, Terminator, c’est tout simplement la quintessence du cinéma fantastique, la Roll’s Royce de la série B, le must du tournage guérilla. Véritable premier film de James Cameron (si l’on exclut Piranha 2, plus un exercice de style, et dans des conditions catastrophiques), il est aussi l’un des films les plus rentables de l’histoire. Le réalisateur de Titanic, avant de gérer des dizaines de millions de dollars de budget, est avant tout l’un des meilleurs apprentis du grand Roger Corman. Issu d’un cinéma indépendant US en état de grâce, Cameron offre un abécédaire indispensable du "comment raconter une histoire crédible, bien qu’invraisemblable, avec rien". La plus grande richesse du film, outre sa thématique captivante, provient donc sans conteste de son découpage minutieux, moderne, nerveux, et qui donne tout son sens au mot "efficacité". Malmené avec délice par l’excellent monteur Mark Goldblatt (Terminator 2, Armageddon), le découpage insuffle une éblouissante énergie, depuis tristement disparue du royaume hollywoodien. La mise en scène du génie Cameron se matérialise aussi bien dans les nombreuses courses poursuites que dans les scènes du Terminator en action. Lors de ses plus impressionnantes séquences, le Frankenstein cybernétique fond irrésistiblement vers la caméra, vers le spectateur, au ralenti, renforçant cette impression de cauchemar qui traverse le film. Chacune de ses apparitions est une chute dans le vide, vertigineuse, où aucun obstacle ne peut l’empêcher d’atteindre sa proie.

L’autre grande réussite de Cameron est d’être parvenu à mixer les scènes d’action aux scènes d’exposition. Le film va vite, tellement vite que l’on accepte les détails improbables du pitch sans sourciller, le regard inquiet, bien plus occupé à scruter le rétroviseur, au cas où le Terminator serait en train de reprendre du terrain. Précipité dans l’urgence, la mort aux trousses, nul autre choix n’existe que de sauver sa peau. Ainsi, c’est dans la chaleur d’une poursuite en voiture que Sarah apprend l’issue de son destin, et l’approche de l’apocalypse. Elle résiste, rechigne, réfute. Sa peur devient sa force, devient sa rage, celle qui caractérise les héros de l’antiquité. Devant nos yeux, l’un des personnages féminins les plus fascinants du cinéma de Cameron (avec Ellen Ripley) prend naissance. La petite banlieusarde un peu paumée, propulsée guerrière par la force des choses, irradie grâce au charisme inattendu de Linda Hamilton.

De son côté, bien évidemment, Schwarzy est impressionnant. Le comédien, fraîchement Conan mais encore méconnu, impose son physique hors norme dans le cinéma US et révolutionne l’iconographie de la peur. Son visage carré, son absence d’émotion et son aspect autiste secourent admirablement la qualité déjà impressionnante des effets spéciaux de maître Winston. En 84, et même si ça n’est que du cinéma, il ne fait plus aucun doute que sous la peau du comédien siègent des armatures métalliques. Seul point faible du film peut-être (et encore, tout dépend du seuil de tolérance de chacun), les scènes de guerre futuristes, aux maquettes douteuses, qui trahissent le faible budget et la préhistoire des effets pré-numériques. Mais Cameron, en bon artisan, redonnera ses lettres de noblesse au maquettisme avec Titanic quelques treize années plus tard.

par Yannick Vély

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