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Linda, Steve, Janet, Cliff, Debbie… La vingtaine, à peine entrés dans la vie active, ils ont déjà essuyé plus d'un chagrin d'amour; pourtant, ils recherchent toujours le grand frisson, voire leur âme sœur…

"JANET, YOU ROCK MY WORLD"

Cameron Crowe est avant tout un passionné de musique, de rock, et il l'a fort bien exposé dans son Presque célèbre en 2000. Critique précoce pour Rolling Stone, il sera toujours à l'affût des nouveaux talents, des nouveaux mouvements musicaux. C'est donc logiquement qu'il se retrouve à Seattle à la fin des années 80. Un nouveau courant qui ne s'appelle pas encore le grunge est en marche, la ville déborde de petits groupes plus talentueux les uns que les autres, les clubs explosent de monde grâce aux concerts des groupes locaux. Mais quand Crowe veut en faire un film, il se heurte d'abord au refus catégorique des studios hollywoodiens, qui veulent transposer son pitch à Los Angeles et… dans le monde du volley-ball. Puis le groupe phare Nirvana émerge de la masse, avec dans son sillage Alice in Chains, Soundgarden, Pearl Jam, Mudhoney, etc. Les producteurs se féliciteront d'un coup d'avoir un film se tournant à Seattle.

Smells Like Teen Spirit est un tel succès que Crowe la voudrait pour la bande originale du film; hélas, les droits sont trop chers… Qu'importe, il convaincra bon nombre de groupes grunge de créer des chansons originales, faisant de la bande son du film non pas une vulgaire compilation mais un véritable album, devenu depuis un témoignage de cette époque. Des Smashing Pumpkins aux Screaming Trees, en passant par les groupes cités précédemment, la BO contient douze petites perles (plus une chanson de Jimi Hendrix, référence s'il en fallait) - même si le film contient deux fois plus de chansons que l'on aurait aimé voir utilisées. De plus, Singles contient plusieurs extraits de concerts: Soundgarden, Alice in Chains, Pearl Jam… les membres de ce dernier formant même à l'écran le groupe Citizen Dick de Matt Dillon, tandis que Chris Cornell, chanteur de Soundgarden, apparaît aux côtés de l'acteur lors d'une scène. Enfin, Crowe se fait plaisir en incarnant le temps de quelques questions… un critique de rock.

HAVE FUN, STAY SINGLE

Mais le réalisateur ne perd pas de vue son point de départ, reprenant l'ingrédient gagnant de ses précédents films, Fast Times at Ridgemont High (1982, avec Sean Penn et Jennifer Jason Leigh) et Say Anything (1989, avec John Cusack et Lili Taylor): l'amour. Cette fois, il délaisse les lycéens et s'intéresse aux jeunes adultes, à mi-chemin entre les études et le monde du travail, les one night stand et l'engagement durable. Sa demi-douzaine de personnages évolue avec le flot des concerts de Seattle, se rencontrant au son des guitares tonitruantes autour d'une bière, se lançant des regards feignant le détachement, le sourire au coin des lèvres, comme autrefois leurs parents se rencontraient au drive-in autour d'un milk-shake... Mais le chemin de l'amour est criblé d'embûches et il n'est pas un ami qui n'ait pas son avis à donner sur la nouvelle relation d'untel avec unetelle, les opinions se mélangeant à l'infini, créant malentendu sur quiproquo, ruptures et retrouvailles. Bien sûr, tout le monde a son avis bien arrêté sur ce que veulent, chacun de leur côté, les filles et les garçons. Le plus dur reste à concilier tout cela.

ROBOTS APRES TOUT

En 1992, la technologie est à notre disposition, si bien que plus de problèmes encore viennent se rajouter au parcours amoureux. Comme le dit le sous-titre du film: "L'amour est un jeu". Et quand on est amoureux, l'on retombe dans une naïveté toute enfantine, offrant sa télécommande comme symbole ambigu de nos sentiments ("comme ça tu auras toujours une place pour te garer"), jouant avec un ordinateur nous transformant en machine à fantasmes… Les coups de fil se passent et trépassent, d'une ligne occupée à un mauvais numéro. Les répondeurs mangent les cassettes quand elles contiennent un message d'amour aussi désespéré que salvateur. Les montres servent à enregistrer vingt numéros de téléphone qui ne serviront jamais. Les hommes de bande vidéo s'échangent contre une poignée de dollars et la vaisselle du mois… Mais certains sauront affronter et intégrer leur maturité, ceci assez paradoxalement: en écoutant un vieux 33 tours plutôt qu'un CD, en se réinscrivant à l'université, en cassant une assiette parce que l'on essuie la vaisselle à la main, en ouvrant la portière d'une voiture qui n'a pas de fermeture centralisée… Le tout est de savoir décoder les signes.

par Marlène Weil-Masson

En savoir plus

En plus des musiciens cités ci-dessus, l'on remarque deux autres caméos: Tom Skerritt (Top Gun) en maire de Seattle, mais aussi Tim Burton lui-même; il n'a aucune réplique mais incarne Brian, le réalisateur de la vidéo "Expect the Best" que fait Debbie pour se trouver un petit ami.

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