La Révolte des morts-vivants

La Révolte des morts-vivants
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Révolte des morts-vivants (La)
Noche del terror ciego (La)
Espagne, 1972
De Amando De Ossorio
Scénario : Amando De Ossorio
Avec : María Elena Arpón, Lone Fleming
Photo : Pablo Ripoll
Musique : Antón García Abril
Durée : 1h41
  • La Révolte des morts-vivants
  • La Révolte des morts-vivants
  • La Révolte des morts-vivants
  • La Révolte des morts-vivants
  • La Révolte des morts-vivants

A Lisbonne, deux amies se retrouvent par hasard. Mais l'une fait des avances au compagnon de l'autre, ce qui la rend d'autant plus jalouse que les deux femmes ont été plus qu'amies. Elle quitte alors le train et se réfugie dans une petite ville abandonnée. La nuit venue, la brume se lève et les fantômes de templiers pendus pour leurs méfaits traque la jeune femme à cheval avant de la dévorer. Le lendemain, ses amis arrivent et apprennent par la police que son corps à été mutilé selon des pratiques satanistes.

AMANDO ET LES TEMPLIERS MAUDITS

Le générique de La Révolte des morts-vivants présente des images de ruines médiévales, pour mieux contempler longuement leurs très vieilles pierres. L'un des immenses plaisirs de ce film hypnotique réalisé par l'Espagnol Amando de Ossorio, premier volet de sa tétralogie des Templiers, consiste en une religieuse contemplation de ses morts-vivants. Car le zombie chez Ossorio n'est pas le pékin moyen sorti de la pierre tombale d'à côté: ce sont des Templiers chevauchant leurs nobles montures, vaquant toujours au ralenti et sacrifiant à l'occasion une jeune fille sexy qui se serait perdue dans le coin. Leurs apparitions, quasi spectrales, sont devenues cultes, et Ossorio sait les mettre en valeur. L'une des grandes scènes de La Révolte des morts-vivants est une ré-exploration de son générique: l'héroïne, Virginia, en fuite dans une campagne désertée, tombe sur ce village abandonné, et erre seule, baignée dans l'atmosphère d'un onirisme tout à fait morbide. Dans un moment de joyeuse improbabilité, Virginia, après s'être déshabillée (les fesses léchées par les flammes d'un feu de camp), s'endort à côté du cimetière en allumant son transistor (normal). Celui-ci diffuse un jazz à cocktail chic tranchant avec les chants grégoriens hantés qui semblent s'échapper des tombes désormais entrouvertes par leurs occupants. Zombies aveugles à capuches personnifiant la Mort, ambiance gothique, zeste de tension érotique: le mix Ossorio est tout simplement imparable.

Les premières scènes de La Révolte des morts-vivants jouent pourtant sur un tout autre registre. Lorsque Betty et Virginia se retrouvent dans un club de vacances, on croirait plutôt assister à la rencontre des Baccara dans un film d'Éric Rohmer. Un kitsch qui revient de temps à autre, notamment lors d'un flash-back lesbien à tomber par terre. D'autres détours s'avèrent tout aussi surprenants, comme l'attaque dans l'atelier à mannequins qui fait basculer le gris de tombes d'Ossorio dans les néons rouges d'un Mario Bava. Car le plaisir est loin d'être exclusivement cheesy, malgré quelques saillies réac comme lorsque des infirmiers concluent que cette morte un peu trop dénudée l'a bien cherché, ou quand on soigne la peur des hommes d'un autre personnage féminin par un viol aux vertus thérapeutiques très discutables.

Mais l'histoire qu'Amando de Ossorio raconte se situe également ailleurs. Au crépuscule de la dictature de Franco, qui coïncide également avec un âge d'or du fantastique espagnol, les zombies de La Révolte des morts-vivants figurent en quelque sorte la répression fasciste qui s'exprime avant tout sur la jeunesse. Un sous-texte qui n'est certes pas indispensable pour apprécier cette perle immortelle qui donne envie d'aller camper quelque part à la frontière entre Espagne et Portugal pour y guetter les Templiers du coin qui peut-être galopent encore au ralenti aujourd'hui.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires