Peter Pan

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Adaptation en dessin animé par les studios Disney de la célèbre pièce de James M. Barrie. Alors que Peter Pan est venu récupérer son ombre chez la famille Darling, il décide d’emmener avec lui Wendy, John et Michel au Pays Imaginaire, pour leur faire découvrir un monde où les adultes n’ont qu’à bien se tenir.

RACONTE NOUS UNE HISTOIRE

En 1913, alors qu’il est tout jeune, Walt Disney découvre sur scène une pièce de théâtre qui le bouleverse, mélangeant imaginaire et aventures, une épopée de l’enfance intitulée Peter Pan. Dès lors il aura pour envie d’être un nouveau James Barrie, un conteur magique. Les années passent, Walt devient le père de Mickey et du monde féerique des studios Disney. A la fin des années trente, alors que Blanche Neige vient de sortir, il se penche sur une version animée de cette pièce qu’il aime tant dans le but de lui donner une autre dimension, montrer les rêves et la magie qui n’étaient alors que suggérés sur scène. En 1939, les studios obtiennent les droits de l’adaptation et Walt fait appel à David Hall (qui avait travaillé en 1938 sur les décors de Alice au Pays des merveilles) pour créer l’esthétique générale du film en aquarelles. Les premières illustrations réalisées apparaissent bien plus sombres et sinistres que l’atmosphère de la pièce et que les dessins habituels estampillés Disney. A la fin de l’année 1941, alors que la structure de base de l’intrigue voit enfin le jour, la production du film est interrompue par l’entrée en guerre des Etats-Unis, les studios préférant se concentrer sur les courts métrages et leurs œuvres en post-production comme Dumbo et Bambi.

Dès 1946, l’exploitation des longs métrages reprend (ce sera Cendrillon qui ouvrira le bal en 1950). Mary Blair, nouvelle graphiste chez Disney, est rattachée au projet Peter Pan. Les esquisses qu’elle livre sont très colorées et lumineuses, donnant un nouveau style aux planches restées en suspend. Alors qu’Alice voyage d’un monde à l’autre à partir de 1951, Peter rentre en phase de post-production se voyant à plus d’un titre éclaboussé par sa consoeur : même réalisateur, actrice et animateur identique pour Alice et Wendy, même chef décorateur pour créer les mondes imaginaires, même animateur pour les personnages secondaires à caractère comique. Alice au pays des merveilles est considéré par les studios comme un pré-Peter Pan, visant à tester le public. Les résultats catastrophiques du premier vont ralentir la production du second, Walt Disney veut que ses animateurs donnent plus de cœur à ses personnages, qu’on les sente vivre. Malgré ses réticences et la peur d’un nouvel échec, Peter Pan sort sur les écrans américains le 3 février 1953. Le film est un succès immédiat aussi bien critique que public. Son mariage parfait entre deux univers magiques complémentaires et les chansons féeriques de Sammy Fain en ont fait l’une des plus belles réussites des productions Disney.

REVE TA VIE EN COULEUR

La difficulté d’un film comme Peter Pan résidait dans le fait que son histoire soit un classique pour le grand public (en particulier anglo-saxon). L’échec d’Alice montrait qu’il fallait à la fois respecter l’œuvre originale tout en sachant se l’approprier pour y développer sa propre identité. Une attention toute particulière a donc été apportée au rendu visuel des décors et personnages du film. Les graphismes du Londres de 1904 et du Pays Imaginaire sont de parfaits exemples de cette volonté de s’approprier le réel (la ville à cette époque, un atoll paradisiaque des Antipodes) en le trempant dans un bain de féerie (lumières aux fenêtres anglaises comme des lucioles évoluant sous la lune, arc-en-ciel vaporeux faisant le lien entre les baies de l’île). Pour traiter les différents protagonistes, Disney a fait appel a ses plus grands animateurs (Les neuf vétérans) qui travaillaient en analysant les mouvements de modèles vivants afin de rendre les figures humaines plus crédibles. Kathlyn Beaumont, ayant déjà prêté ses traits à Alice, a poursuivit son rôle d’ingénue douce rêveuse qui se donne des airs d’adulte dans le personnage de Wendy. Dans l’adaptation de Disney, mademoiselle Darling est mise au second plan au profit de Clochette créée par le même dessinateur, Marc Davis, spécialiste des héroïnes.

Donner vie à Clochette était un partit prix assez osé, celle-ci n’étant habituellement présentée sur scène que sous forme d’une lampe accrochée à un bâton, simple prétexte pour permettre aux enfants Darling de s’envoler par la fenêtre. La difficulté pour Marc Davis était donc d’alterner sa représentation entre les scènes où elle n’était qu’un éclair lumineux traînant de la poussière de fée dans son sillage, et celles où elle devenait un élément moteur de l’intrigue. Dans ces dernières séquences elle apparaît comme une starlette en mini jupe, assez proche de la description qu’en fait James Barrie, répondant aux canons de beauté féminins de l’époque avec pour modèle la danseuse et chorégraphe Margaret Kerry. Les fées n’étant pas dotées de la parole humaine, Davis en a fait un personnage de pantomime s’exprimant à travers ses sentiments et sa forte personnalité dans un tintement sonore inventé par Jim McDonald. Il a également demandé à ce que l’ont crée des scènes exclusivement pour elle (voir la séquence du miroir) afin de donner plus de poids à son personnage. Son caractère trempé (jalouse, amoureuse, colérique, etc…) et l’importance de ses choix dans le déroulement de l’histoire en ont fait un personnage à part entière, lui permettant d’exister bien au-delà du dessin animé.

OUI NOUS SUIVONS LE GUIDE

En petit dictateur de ce monde imaginaire, Peter Pan apparaît ici pour la première fois de son histoire sous les traits (modelés à partir du danseur et chorégraphe Roland Dupree) et la voix (Bobby Driscoll) d’un petit garçon. La principale tâche de Milt Kahl (animateur spécialiste des héros qui s’est également occupé des personnages de Jean et Michel dans ce film) était de reproduire l’apesanteur qui caractérise Peter Pan. Héros au cœur d’enfant flottant dans les airs, sa personnalité s’exprime dans son rapport aux autres. A la fois père d’une tribu d’enfants perdus et chenapan capricieux face au capitaine Crochet, il ne semble s’intéresser qu’à lui-même, provoquant la jalousie de ceux qui l’entourent - notamment Wendy, Clochette, les sirènes et Lily la Tigresse. Les enfants perdus et les indiens (animés par Ward Kimball spécialiste des second rôles comiques comme les chats de Cendrillon et Alice ou encore les jumeaux Tweedle Dee et Tweedle Dum de ce dernier film) apparaissent également comme des sortes de faire valoir pour ce jeune homme égocentrique. Le rappel fait par Wendy lors de la scène de sauvetage de Lily la Tigresse est assez révélateur de ce trait de caractère. Pour la bonne morale de Disney, le film se fini sur une notre positive autour du personnage.

Enfin, le Capitaine Crochet et quant à lui un mélange entre deux identités. Il est à la fois un dandy décadent, croyant mener la grande vie en se donnant des airs raffinés et un méchant pirate égoïste qui n’hésite pas à tirer sur ses hommes d’équipage. Cette cohabitation de deux caractères différents a permis à son animateur Franck Thomas de jouer sur le comique et le ridicule qui entoure Crochet. A ses côtés, le loyal et maladroit mouche (animé par Ollie Johnston sur le modèle de Bill Thompson) sert d’appui à son personnage, transformant certaines scènes en bijoux de comédies tels que pouvaient l’être des épisodes de Laurel et Hardy. En échos à Crochet, Disney respecte la tradition qui voulait qu’il soit interprété par le même acteur que M. Darling en leur attribuant le même doubleur. Deux adultes dont le rapport à l’enfance a été bouleversé par la présence de Peter Pan. Alors que Crochet se bat contre Peter comme pour déloger l’enfant qui est resté en lui, M. Darling essaye de le chasser de la nursery de ses enfants pour éviter de le retrouver. La dernière phrase qu’il prononce à la toute fin résume parfaitement le propos du film et de James Barrie sur la perte de l’enfance.

par Julie Anterrieu

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