Nuit des morts-vivants (La)

Nuit des morts-vivants (La)
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Nuit des morts-vivants (Savini)
Night of the living dead
États-Unis, 1990
De Tom Savini
Scénario : George A. Romero
Avec : William Butler, Kate Finneran, Heather Mazur, Patricia Tallman, Tony Todd, Tom Towles
Photo : Frank Prinzi
Musique : Paul Mc Collough
Durée : 1h25
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Ce film a reçu l'exequatur du maître, puisque Romero en est producteur. De plus, il en a confié la réalisation à quelqu'un de confiance, à savoir le génial expert en effets spéciaux sanglants Tom Savini. D'ailleurs, le bonhomme avait auditionné pour faire les effets spéciaux du film d'origine en 1968, mais avait été mobilisé pour partir au Vietnam. Photographe là-bas, il a été marqué par les horribles détails anatomiques qu'il n'a pas pu manquer de voir. Cette expérience l'a influencé pour la création de maquillage et pour filmer la mort. Le critique Robin Wood voyait dans la progression de la trilogie des morts-vivants des références à l'histoire de l'Amérique contemporaine. La Nuit des morts-vivants, chronique de la décomposition familiale, renvoie au malaise engendré par la guerre du Vietnam, Zombie à l'Amérique de Nixon, triomphe de la consommation. Tandis que Le Jour des morts-vivants renvoie à l'ère de Reagan, dont le cinéma se caractérise par un conformisme moral et un certain machisme. Force est d'avouer que le remake réalisé par Tom Savini est dépouillé de cette connotation sociologique et historique. Cela n'en demeure pas moins un film intéressant, Savini réussissant à se démarquer de l'original tout en lui restant fidèle dans l'esprit, ainsi qu'à jouer avec nos propres connaissances du film de 1968 pour mieux nous manipuler

Ce remake bénéficie d'une solide interprétation. Tony Todd (qui par la suite jouera le Candyman dans le film de Bernard Rose de 1992) joue Ben avec une rare intensité, il en va de même pour Tom Towles qui incarne un Harry Cooper déformé par la haine et au regard halluciné. Ce qui fait surtout l'intérêt du film, c'est la transformation avantageuse du personnage de Barbara. On passe d'une vision datée de femme inapte à survivre seule (dans l'original, choquée par la mort de son frère et l'attaque des zombies, Barbara devient un poids mort pour le groupe), à une vision plus féministe (dans le remake, elle fait vite le deuil de son frère, s'endurcit pour survivre, galvanisée en cela par Ben: c'est une tough girl, à l'instar de Ripley dans la série Alien). Progressivement, Barbara, jouée par la cascadeuse Patricia Tallman (qui dévoilait ses charmes en 1981 dans le film de Romero Knightriders) prend le pas sur le personnage de Ben, c'est elle qui propose de fuir la maison en faisant du slalom autour des zombies qui ne sont guère véloces. Elle devient le personnage principal du film après que Ben ait été mortellement blessé par Cooper. En revenant dans la maison avec un groupe de rednecks pour sauver les éventuels survivants, elle constatera avec horreur que Ben est devenu un zombie par la faute de Cooper qui, lui, a survécu en se cachant dans le grenier. Elle l'abattra d'une balle dans la tête, faisant passer le cadavre pour un zombie qu'elle aurait éliminé. Barbara résume bien l'idée que l'on retrouve dans tous les films de morts-vivants de Romero, lorqu'elle assiste, la menace passée, à des "attractions" organisées par les rednecks armés (pendaisons de zombies, tirs de zombies, combats contre des zombies!).

"They're us. We're them and They're us." ("Ils sont nous. Nous sommes eux et ils ont nous."). En somme, les vivants ne valent pas mieux que les morts! La sauvagerie est la même. Le passage du noir et blanc à la couleur n'a pas rendu le film plus sanglant, et c'est la le principal bémol de ce remake. Le film original n'avait fait l'objet d'aucune censure, en revanche, la MPAA (commission de censure américaine) a exigé la suppression de plans gores compris dans le remake. En conséquence, pas de têtes qui explosent! Toujours positif, Tom Savini déclare dans la featurette du film (documentaire promotionnel) incluse dans le DVD zone 2, que moins on en montre, mieux c'est. Pourtant les plans coupés, présents dans la même featurette, étaient du meilleur effet!

par Yannick Vély

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