Hairspray

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Baltimore, 1962. Une jeune fille obèse parvient à s'imposer comme leader de la célèbre émission de danse "The Corny Collins Show" et, militant pour la tolérance et l'intégration, devient un modèle pour les jeunes de la ville.

NOT ANOTHER TEEN MOVIE

John Waters aime les familles atypiques et les adolescents en crise existentielle. Mais à l'inverse de Polyester par exemple, il choisit ici de faire passer son message dans la bonne humeur et en musique. Hairspray n'est pas une comédie musicale, mais une comédie où la musique et la danse sont un moyen d'expression pour toute une génération, les adolescents, et tout un peuple, les Afro-Américains. C'est par le rock et la soul qu'ils trouveront tous la voie de leur émancipation, et Waters, dans son originalité, arrive fort bien à concilier deux revendications à priori éloignées l'une de l'autre. Mais en à peine une heure et demi et un enchaînement rapide des situations - faisant la part belle à quelques ellipses -, il transforme une jeune fille obèse des quartiers moyens en idole des jeunes, et qui plus est scandant à la télévision "Segregation never, integration now"! Nous sommes en 1962, Kennedy est au pouvoir, Martin Luther King et Malcolm X se font entendre, la jeunesse se rebelle contre le paternalisme et le conservatisme de la société, les années 50 sont bel et bien finies, le flower power est en route. Et pour signifier cette transition, Waters se servira d'un symbole peu commun: la coiffure des héroïnes du film.

I WISH I WAS A PRINCESS

Ainsi, la majeure partie du film fait arborer à Ricki Lake et aux autres actrices des choucroutes improbables, le générique de début montrant jeunes filles et jeunes hommes baignant dans des nuages de laque pour cheveux. Tracy, appuyée par son amie Penny, vient exposer ses imposantes silhouette et coiffure au premier rang du show le plus regardé des ados de Baltimore, qui la plébiscitent immédiatement, reléguant l'ex-reine Amber aux oubliettes. La mince blonde se fait même piquer son boyfriend, qui court dans les bras de la moelleuse Tracy, Waters filmant quelques échanges de langue en gros plan, bruitages baveux à l'appui. Encore un autre moyen pour les jeunes de choquer la génération de papa. Engagée comme égérie d'une boutique de vêtements pour femmes rondes, Tracy est fière d'être "big, blonde and beautiful", sa mère - incarnée par le travesti et vieil ami de John Waters, Divine - l'appuyant à 100%. Elles s'opposent ainsi au couple d'Amber et sa mère (incarnée par la chanteuse Debbie Harry, alias Blondie), dont les coiffures prennent de plus en plus d'ampleur. Rigide et raciste, la famille d'Amber finit par se retrouver seule contre l'intégration des Noirs dans le show, tandis que Tracy revient les cheveux lisses et raides, prête pour une nouvelle ère.

TOWN WITHOUT PITY

Pour servir cette kitscherie rose bonbon, le film bénéficie de personnages hors du commun: Tracy et ses parents, Penny et sa mère névrosée, hurlant à la mort à la moindre vision d'un Noir, Amber la vraie petite fille gâtée et boudeuse, le directeur de la chaîne sur laquelle passe le Corny Collins Show, incarné aussi par Divine, foncièrement raciste, ou encore le psy sensé guérir Penny lorsque celle-ci tombe amoureuse d'un Noir: John Waters joue lui-même ce charlatan, se baladant avec une spirale à hypnose et autre "sabre laser" électrifié. La bande originale n'est pas en reste non plus, les tubes des années 60 se succédant, tout comme les chorégraphies: madison, twist, limbo ou encore "danse du cafard", inventée par Amber en hommage à Tracy, emprisonnée pour avoir manifesté pour la cause noire. Celle-ci répondra, robe à l'appui, avec le bug, inspiré des rythmes sensuels des danses noires, lorgnant vers le dirty dancing. En bon secoueur de l'ordre public, Waters met ainsi en scène une happy end que l'on aimerait universelle, tout le monde ou presque finissant par adopter le point de vue de Tracy, laissant sa place à chacun dans le show, donc à la télévision, et par là même dans le monde.

par Marlène Weil-Masson

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