Griffes de la Nuit (Les)

Griffes de la Nuit (Les)
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Griffes de la Nuit (Les)
A Nightmare on Elm Street
États-Unis, 1984
De Wes Craven
Scénario : Wes Craven
Avec : Ronee Blaklay, Johnny Depp, Robert Englund, Heather Langenkamp, John Saxon, Amanda Wyss
Photo : Jacques Haitkin
Musique : Charles Bernstein
Durée : 1h30
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Des adolescents sont victimes de cauchemars très violents dans lesquels ils sont aux prises avec un certain Freddy Krueger, un homme au visage brûlé et qui porte un gant fait de lames de couteau. Après la mort de sa meilleure amie Tina, Nancy, elle aussi hantée par Freddy, va découvrir que si quelqu'un rêve de sa mort, celle-ci devient réelle.

CAUCHEMAR RUE DES ORMES

Wes Craven s'imposa avec ce premier volet des "aventures" du mythique Freddy Krueger comme un maître du slasher, concurrençant à l'époque le masqué Jason de Vendredi 13. Après les déjà remarqués La Colline a des yeux et La Dernière Maison sur la gauche, il exhume une vieille légende de croquemitaine qui tue ses victimes dans leurs rêves et arrive ainsi à terroriser toute une génération. En effet, tandis que les autres tueurs traquent les teenagers dans les bois ou dans leur maison, que ce soit avec un couteau de cuisine ou une tronçonneuse, Freddy, lui, intervient directement dans les rêves, et s'est carrément fabriqué un gant muni de cinq lames de couteau. Les ados en proie aux cauchemars où il intervient n'ont donc plus qu'une solution: ne plus dormir. Le succès fut d'autant plus grand que l'angoisse ainsi distillée permettait une identification totale du spectateur, qui se mit à craindre ses propres rêves comme il craignait depuis dix ans déjà les baignades à cause des Dents de la mer. En effet, l'une des forces de ce film est sa banalité apparente: Craven met en scène quatre adolescents quelconques, avec leurs hauts et leurs bas, leurs problèmes amoureux et familiaux, ados qui pourraient même être ceux de La Boum. Il renforce encore plus ce côté passe-partout en ne nommant à aucun moment la ville où les événements se passent, ne donnant même aucun indice à ce sujet, et en intitulant le film A Nightmare on Elm Street, "Elm Street" étant l'un des noms de rue les plus répandus dans les villes américaines.

MY HEROÏN GIRL

Ainsi, il inflige ces crimes surnaturels à la middle-class américaine, n'importe quel WASP pouvant donc voir le doigt affûté de Krueger pointé vers lui. De plus, le personnage principal, Nancy, est loin des canons du genre: ni bimbo blonde ni pom-pom girl, c'est une jeune fille paisible qui a subi le divorce de ses parents et dont la mère a un certain penchant pour l'alcool, tandis que son père, inspecteur de police, lui manque terriblement. Loin d'être une scream queen comme pouvait l'être Jamie Lee Curtis dans Halloween, elle va de l'avant, effrayée par ce qu'elle découvre bien sûr, mais cherchant avant tout à se protéger et à protéger ceux qu'elle aime. Pour cela, elle n'hésite pas à affronter Freddy elle-même, alors qu'il a déjà tué sa meilleure amie et son amoureux (interprété par un Johnny Depp pré-21, Jump Street). On peut par ailleurs remarquer que ce personnage de Nancy Thompson (joué par Heather Langenkamp) pose clairement les prémisses de celui de Sidney Prescott, interprété par Neve Campbell dans Scream, l'autre grand succès de Wes Craven. Héroïne cravenienne s'il en est donc, Nancy va affronter son inconscient, à la fois individuel et collectif, en tendant un rêve-piège à Freddy, et également en découvrant l'horrible vérité: Freddy, ancien assassin d'enfants, fut brûlé par ses propres parents, aidés de leurs voisins. Sa mère lui avouera même que le gant meurtrier est caché dans leur propre cave. Tout ce que combat Nancy prend alors la forme d'un secret de famille, un souvenir douloureux, voire honteux, une sombre affaire de justice personnelle, de faute des aînés dont elle subit les conséquences. Mais elle sera la seule, vertueuse jusqu'au bout, à littéralement affronter son démon.

ET ÇA CONTINUE, ENCORE ET ENCORE

Ce qui étonne dans ce film d'horreur, c'est le petit nombre de crimes: il y en a peu, seulement trois adolescents ainsi que la mère de Nancy, tout ceci sans excès de gore. Bien sûr il y a du sang à profusion comparé au volume normalement contenu dans un corps humain, mais cela reste assez soft: il n'y a ni éclats de cervelle ni intestins en pagaille, tout est dans la terreur causée par le fait que sa propre mort puisse venir simplement en s'endormant et en rêvant. Petit détail: les deux premières victimes sont celles qui se sont abandonnées au plaisir charnel, ce qui renvoie à la première règle énoncée dans Scream. Mais si Nancy est épargnée, elle succombera, tout comme son père, dans le troisième épisode de la série: Les Griffes du cauchemar, où elle est devenue psychiatre spécialiste des rêves - pour l'anecdote, on découvre dans cet opus la jeune Patricia Arquette en jeune fille terrorisée par Freddy. Si les autres suites n'ont que peu d'intérêt, des efforts ont cependant été réalisés sur le sixième film, La Fin de Freddy (réalisé par Rachel Talalay, avec un sympathique caméo de Johnny Depp), dont le dernier quart d'heure est en 3D. Certaines de ces suites ont été produites par Wes Craven, qui a lui-même repris la caméra pour un septième épisode, où il commençait à poser ses marques pour Scream. Dans ce dernier long métrage, ce sont en effet les acteurs du premier film eux-mêmes (y compris Robert Englund, l'interprète de Freddy himself) qui deviennent les victimes de Freddy, ce qui, à défaut de laisser un souvenir mémorable, a le mérite d'être original.

par Marlène Weil-Masson

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