Etroite Surveillance

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Planqués dans la maison d’en face, deux flics sont chargés de surveiller l’ex-petite amie d’un tueur en cavale.

DEUXIEME VIE

La carrière de Richard Dreyfuss est un peu à l’image de ses films. En plein essor pour des films de qualité et bien has been lorsque le produit distribué n’a aucun intérêt. En 87, Dreyfuss oscille donc logiquement entre hauts et bas et se tourne à nouveau vers les sommets du box-office lorsque John Badham refait appel à ses services après leur échec commun C’est ma vie après tout. En présentant cette variante du thème "le mari, sa femme et son amant" (ici il s’agit du mari truand qui fait tache face à l’amant policier), Badham emmène ses personnages et donc son public dans la continuité de la comédie familiale, déjà amorcée avec son Short Circuit. Il s’en donne même à cœur joie, et ne recule devant aucun prétexte pour promener ses héros dans diverses situations comiques, rocambolesques et remplies de quiproquos parfois mêmes grotesques. Entre les orientations comiques de l’arroseur arrosé et les presque poncifs du buddy movie, dont il ne garde que quelques idées pour les réarranger à sa sauce, Etroite surveillance apporte un peu de sang neuf dans le paysage comique américain et ose amener avec lui des comédiens pas forcément adéquats au premier abord, dans le genre. Le règne de la moustache de Dreyfuss et Estevez face au joli minois de l’encore débutante Madeleine Stowe fait des ravages et emporte avec lui une belle flopée de dollars, faisant du film le huitième succès de l’année au box-office américain. Un bon retour de carrière pour Badham.

L’ANNEE DE TOUS LES DANGERS

Car à l’image de Richard Dreyfuss, John Badham sort du succès très relatif de Short Circuit (1986), qui clôturait sa trilogie plus ou moins anti-militariste, et de l’immense four que fut son American Flyers (1985). Même s'il faisait encore partie à l’époque de la liste de réalisateurs les plus bankables d’Hollywood, chez qui passaient tous les scripts avant d’échouer vers de plus petites pointures, le succès de son Etroite surveillance était un rendez qu’il ne devait pas rater s’il ne voulait pas chuter de son piédestal, comme nombreux de ses confrères. Les pontes de chez Buena Vista surveillaient donc étroitement, eux aussi, leurs investissements. D’autant plus que le mélange des genres comédie et policier était devenu le terrain de jeu préféré d’Eddy Murphy, avec ses Flic de Beverly Hills, plutôt que celui des principaux noms cités au générique du film. Mais fort heureusement pour Badham, en plus des qualités indéniables de son film, Etroite Surveillance constitue à sa sortie la seule alternative comique concrète pour les spectateurs désireux de rire plutôt que d’affronter Brian De Palma et ses Incorruptibles, John Glen et son Tuer n’est pas jouer, John McTiernan et son Predator ou encore Paul Verhoeven et son Robocop. L’entertainment facétieux, genre qu’il conservera avec ses deux films suivants Comme un oiseau sur la branche et La Manière forte, face aux polars ou aux gros bras, a donc contribué à faire du film l’événement comique de l’été 1987.

LE SECRET DE MON SUCCES

Mais pourquoi tant de succès finalement? Tout simplement parce qu’en jouant dans la cour de la comédie familiale teintée de policier léger, Badham et son scénariste Jim Kouf savent parfois s’effacer devant le talent des comédiens, qui tirent évidemment vers le haut des rôles qui peuvent paraître très simples mais créent ces héros qui, utilisés dans les bonnes situations, peuvent déclencher un festival humoristique à tout instant. Comme finalement le rôle de Chris Lecce (Dreyfuss), qui devient de plus en plus hystérique au fur et à mesure de son avancée dans les embarras, amplifiée par le fait qu’il ne puisse jamais dormir, d’où la psychose et les erreurs professionnelles qui en découlent. De plus, avoir osé mettre Emilio Estevez, surfant encore sur ses succès précédents, en second rôle contribuant aux situations cocasses inévitables, mais sans pour autant devenir le sidekick comique utilisé uniquement pour sortir la belle réplique au bon moment et chercher à afficher un sourire de plus au spectateur, tiens plus de la bonne idée que de l’envie financière. Et pourtant, lorsque l’histoire le permet, Badham sait se montrer efficace sans se cacher derrière la qualité du sujet et réalise de bonnes séquences musclées, comme celle du rêve ou celles de poursuite faisant à ce moment-là la part belle au rythme. Avec ce sujet finalement proche d’autres succès planétaires comme Fenêtre sur cour (Hitchcock, 1954) et Conversation secrète (Coppola, 1974), Badham épouse la paranoïa et la psychose de l’écoute et de la surveillance pour mieux en détourner les codes. Astucieux et amusant. En définitive, quoi de mieux comme proposition de cinéma populaire?

par Christophe Chenallet

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