Délivrance

Délivrance
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Délivrance
Deliverance
États-Unis, 1972
De John Boorman
Scénario : James Dickey
Avec : Ned Beatty, Ronny Cox, Bill Mc Kinney, Burt Reynolds, Jon Voight
Photo : Vilmos Zsigmond
Musique : Steve Mandel, Eric Weissberg
Durée : 1h45

Quatre hommes de la ville décident, un week-end, de descendre une rivière en canoë dans une région sauvage de Géorgie. Ils vont vivre l'enfer sur terre...

Délivrance a été réalisé en 1972 par l'anglais John Boorman, juste avant son film futuriste, Zardoz (1973), dont le principal effet spécial était un Sean Connery torse nu, en cuissardes, et avec une perruque longue et nattée. A l'origine, Délivrance est le premier roman écrit par James Dickey (1923-1997), entre 1962 et 1970. Dickey a collaboré à l'adaptation de son roman avec Boorman, et l'a même jalousé de s'être approprié son oeuvre en faisant preuve de trop d'inventivité. L'écrivain joue aussi l'un de ses personnages, en incarnant le shérif Bullard grimaçant et suspicieux. Le film ne reprend pas la première partie du livre, dans laquelle le narrateur, Ed, nous parle de sa vie de citadin et du profil de ses trois amis si dissemblable: Lewis le surhomme, Bobby le bon vivant et Drew l'intellectuel. La dernière partie du roman, le retour à la ville et l'annonce par Ed à la femme de son ami Drew que celui-ci est décédé, a aussi été supprimée. Il ne reste que le périple en canoë, la confrontation avec la nature.

Le mythe de la nature idyllique, accueillante, où l'on peut se ressourcer, est bien mis à mal. Les quatre hommes vont vivre un enfer, comparable à la sauvagerie que l'on pourrait endurer dans le monde dit civilisé. A ce sujet, il est impossible de parler de Délivrance sans mentionner la scène dont tous ceux qui ont vu le film se souviennent. Mise à part celle du duo hallucinant entre une guitare et un banjo, il s'agit du viol homosexuel commis par un homme des bois contre Bobby. Jusqu'à ce film, le cinéma ne montrait que des agressions sexuelles dirigées contre des femmes. Pour la première fois, on voit un homme se faire violer, et les images sont encore plus terribles que la description contenue dans le livre. Si la scène du viol de Ving Rhames est aussi puissante dans Pulp Fiction (1994), Quentin Tarantino le doit principalement à l'oeuvre terrifiante de Boorman. Burt Reynolds, dans le rôle de Lewis Medlock, a décroché ici l'un de ses meilleurs rôles. Son charisme est exceptionnel, et l'on pense dès le début que c'est lui qui mènera la danse.

Il se présente comme une sorte de Superman, un meneur hyper viril, qui croit en son corps et à sa parfaite harmonie avec la nature. Or, au beau milieu du récit, il se casse pitoyablement la jambe dans les rapides et, à partir de là, n'est plus qu'un poids mort pour ses amis. La nature le rejette! Il ne reste plus à Ed, le bon père de famille, qu'à reprendre le flambeau et se dépasser pour que le groupe survive aux agressions des rednecks, de la nature hostile. Dans le livre, les rapports entre Ed et Bobby s'enveniment, le premier doutant de plus en plus de la loyauté du second, cette tension est moins rendue dans le film, les deux hommes semblent rester davantage soudés dans le marasme.Des photos circulent, celles d'une scène où l'on voit les trois survivants de retour à la civilisation, Ed, Bobby, et Lewis. Ce dernier a deux béquilles sous les bras et porte une affreuse veste à carreaux. Au premier plan, le shérif, interprété par Dickey, soulève un drap pour montrer un corps aux trois amis. Peut-être s'agit-il du corps de Drew? En tout cas, la version européenne du film ne contient pas ce passage...

par Yannick Vély

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