Dark City

Dark City
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Dark City
États-Unis, 1998
De Alex Proyas
Scénario : Lem Dobbs, Alex Proyas
Avec : Jennifer Connelly, William Hurt, Rufus Sewell, Kiefer Sutherland
Photo : Dariusz Wolski
Musique : Trevor Jones
Durée : 1h35
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John Murdoch se réveille dans une chambre d'hôtel. Il ne se souvient de rien mais découvre vite qu'il est poursuivi pour une série de meurtres qu'il aurait commis.

MAGIE NOIRE

D’abord il y a eu une bande-annonce. Peut-être la meilleure des années 90. Sur fond de musique techno au rythme martial, on découvrait un univers nouveau à la frontière de la science-fiction et du film noir. Le titre – Dark City - évoquait à la fois la bande dessinée européenne (les fameuses Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters) et le monde des comic books. Il laissait surtout planer un épais mystère en renvoyant au sentiment de paranoïa généralisée précédent le nouveau millénaire. Nous étions en 1998. Internet n’était pas encore aussi implanté dans les foyers européens que maintenant et l’on ne possédait que peu d’informations sur les longs métrages à venir. Alex Proyas n’était pourtant pas un inconnu. On lui devait The Crow, film culte et maudit qui avait défrayé la chronique en raison de la mort sur le tournage de son interprète principal, Brandon Lee. The Crow dont l’esthétique gothique superbement travaillée palliait la minceur du scénario... On pouvait craindre le même phénomène pour Dark City, un décorum grandiose et foisonnant pour un propos creux.

LA BELLE ENDORMIE

Par chance, grâce au talent du réalisateur australien, le film évite deux écueils qui plombent souvent les longs métrages d’anticipation: la superposition d’influences diverses mal digérées pour au final donner la triste impression d’un ensemble hétéroclite, et la préférence pour le grand discours métaphysique au détriment des personnages. Contrairement aux frères Wachowski et leur fameuse trilogie Matrix qui s’embrouilleront dans un prêchi-prêcha mystique, Alex Proyas a eu l’intelligence de se concentrer sur une intrigue relativement simple. Les hommes sont prisonniers d’extra-terrestres qui tentent de comprendre l’humanité. Le héros a le pouvoir de s’opposer à eux mais il est traqué par ces derniers avec l’aide d’un médecin. Une jeune femme dont il tombera amoureux, lui permettra de découvrir l’envers du décor, la vérité derrière le mensonge. Fin de l’histoire. Pas de justification messianique, pas de jargon compréhensible des seuls informaticiens, pas de délires k-dickiens sur l’identité. Alex Proyas inscrit Dark City dans la veine du polar à l’ancienne et en reprend les gimmicks: une femme fatale, des hommes de main en veston qui s’interposent entre les deux tourtereaux, une manipulation, un complice défaillant et pour finir, une confrontation doublée d'une vérité insoutenable.

VILLE A VIVRE

Le film serait peut-être banal sans l’incroyable tour de force esthétique d’Alex Proyas. Inspiré par les metteurs en scènes allemands du mouvement expressionniste, il créa de toutes pièces une ville hors du temps et de l’espace dont les transformations nocturnes – mises à jour faites par les extraterrestres pour provoquer de nouveaux affects chez les humains – sont d’incontestables exploits techniques qui font naître un vrai sentiment de malaise. Reprenant des thématiques fortes de la littérature fantastique, le totalitarisme abstrait et le contrôle absolu de la destinée de l’humanité par une entité mystérieuse, il établit des ponts entre le cinéma américain des années 40 et 50, l’architecture monumentale de Fritz Lang (Metropolis, référence évidente) et des éléments de la contre-culture contemporaine dont le manga, avec des combats apocalyptiques proches de ceux d’Akira de Katsuhiro Otomo. Une telle richesse que Dark City nécessite plusieurs visions avant d’être apprécié à sa juste valeur. Celle d’un petit bijou de science-fiction d’anticipation à placer entre Brazil, Blade Runner et Bienvenue à Gattaca.

par Yannick Vély

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