Le Crime était presque parfait

Le Crime était presque parfait
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Crime était presque parfait (Le)
Dial M for Murder
États-Unis, 1954
De Alfred Hitchcock
Scénario : Frederick Knott d'après d'après l'oeuvre de Frederick Knott
Avec : Robert Cummings, Anthony Dawson, Grace Kelly, Ray Milland
Photo : Robert Burks
Musique : Dimitri Tiomkin
Durée : 1h45
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Un homme paye un complice pour assassiner sa femme, une jeune héritière dont il sait qu'elle le trompe. Mais celle-ci tue son agresseur en se défendant. Son mari va alors échafauder un autre plan pour se débarrasser d'elle...

COUP DE THEATRE

L'intrigue de cette pièce ne pouvait que plaire à Hitchcock, spécialiste des histoires de couple, de tromperies, de meurtre. D'ailleurs, afin d'en garder toute l'authenticité, non seulement il fera travailler son propre auteur, Frederick Knott, sur le scénario du film, mais le salon des Wendice constituera presque l'unique décor, avec quelques plans de la cuisine, de la chambre ou du club d'où appelle Tony Wendice, mais le film ne comporte aucune scène en extérieur (si ce n'est quelques regards par la fenêtre). Pourtant, loin de se cantonner à du simple théâtre filmé, Hitch apportera une touche en plus dans ce quasi huis-clos: friand des avancées technologiques, il réalisera le film en 3D. Malheureusement, très peu de cinémas étaient alors équipés et la plupart des spectateurs ne l'ont toujours vu que "plat". Et ce d'autant plus que la Warner, productrice du film, développait alors sur tous les écrans le Cinemascope. Dommage, car les lunettes Polaroïd permettaient un rendu unique des couleurs (et en particulier celles des robes, de plus en plus sombres, de Grace Kelly) et des objets primordiaux du film que sont les ciseaux meurtriers et la clé. Il transcendait ainsi l'expérience de La Corde (1948), déjà un suspense se déroulant dans un lieu unique, avant le chef d'œuvre, toujours en 1954, Fenêtre sur cour.

ETAT DE GRACE

Le Crime était presque parfait est le premier des trois films que Grace Kelly tournera avec le maître Alfred (suivront Fenêtre sur cour et, en 1955, La Main au collet). Réputé pour maltraiter ses actrices, Kelly et lui devinrent malgré tout amis. Le personnage de Margot Wendice est un vrai stéréotype: une jeune et belle blonde, riche, mariée à un ancien champion de tennis plus âgé qu'elle, s'amourache d'un auteur de romans policiers. Celui-ci précisément fournira sans le savoir au mari de sa maîtresse le scénario du crime parfait. Les obsessions de Hitchcock sont donc au rendez-vous une fois de plus: une blonde, un mari mystérieux, un soupçon de meurtre et, surtout, l'amour. Ces ingrédients étaient déjà présents dans Rebecca et Soupçons. Dans ce dernier, Cary Grant incarnait un mari empoisonneur, et Hitch le voulait de nouveau dans Le Crime…. Mais la Warner, frileuse, ne voyait en Grant qu'un acteur de comédie légère, malgré ses prestations plus sérieuses réussies dans Soupçons et Les Enchaînés. Hitchcock prouvera plus d'une fois que Cary Grant pouvait jouer des rôles dramatiques, mais c'est ici l'anglais Ray Milland qui incarnera le mari trompé et machiavélique.

THREESOME

L'ingéniosité de Alfred Hitchcock en adaptant la pièce est de tout faire pour que les rôles soient ambigus. Ainsi, dès le départ, avant même l'agression, la charmante Margot, pourtant flirtant avec son amant, apparaît comme mal mariée. Puis la fameuse scène du meurtre, où de réelle victime elle devient meurtrière, nous fait basculer dans son camp. Son mari, pourtant un homme trompé, malheureux, est en même temps un personnage cupide, planifiant dans les moindres détails l'assassinat de sa femme afin d'hériter de son argent. Ensuite, face au retournement de situation, il s'emploiera, à couvert, à la faire condamner à mort pour le meurtre de son agresseur. Claude Chabrol et Eric Rohmer décrivent ainsi justement le trio de personnages, une description s'appliquant à d'autres œuvres d'Alfred Hitchcock (Hitchcock, Editions universitaires, 1957): "Si la ligne de l'intrigue est d'une sécheresse toute mathématique, les personnages ne sont pas traités comme des entités. Le mari est ignoble mais séduisant, et ne perd pas son flegme même une fois confondu. L'amant, lui, est chargé à l'extrême et la femme aussi sotte que gracieuse. Charge gamine, dira-t-on, de la part de ce bon Anglais qu'a toujours été Hitchcock car ils sont l'un et l'autre Américains. Mais, au delà d'une volonté de satire assez superficielle, ce choix des caractères porte une signification plus profonde, obéit à cette habitude qu'a prise notre auteur de présenter le Mal sous des espèces flatteuses."

par Marlène Weil-Masson

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