Cocoon

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Pensionnaires d’une maison de retraite, Art, Ben et Joe se baignent régulièrement dans la piscine d’une propriété abandonnée qui recueille d’étranges cocons géants. Ces derniers offrent à l’eau les vertus d’une fontaine de jouvence et peu à peu, les joyeux retraités retrouvent tonus et vigueur. Mais ils découvrent rapidement que les cocons sont d’origine extra-terrestre et que leurs semblables tentent de venir les récupérer.

1985 L’ODYSSÉE DE L’HOSPICE

À l’exception du Starman de John Carpenter, depuis que l’E.T. de Steven Spielberg est rentré à la maison et que le film est devenu le succès que l’on connaît, les productions ont préféré, plutôt que de chercher à surfer sur une vague, faire profil bas quant au genre extra-terrestre. Quelque part, on peut les comprendre quand on sait qu’essuyer un potentiel échec et un retour de flammes de la part du public et des critiques peut couler une réputation et/ou une carrière. Alors, en cette année 1985, au rayon des pop-corn movies, on a préféré se tourner vers les valeurs sûres que sont Schwarzenegger et Stallone avec Commando (Mark L. Lester) et Kalidor (Richard Fleischer) d’un côté, Rambo 2 (George P. Cosmatos) et Rocky 4 (Sylvester Stallone) de l’autre. Mais cette année 85 est aussi l’année de l’apologie du héros adolescent, jeune, beau et frais que les succès de Retour vers le futur (Robert Zemeckis), Les Goonies (Richard Donner), Breakfast Club (John Hughes), ou encore Le Secret de la pyramide (Barry Levinson) n’ont fait qu’accentuer. Question science-fiction pure, on peut donc affirmer que la saison est pauvre et que seul Explorers de Joe Dante (un cuisant échec financier) et Enemy mine de Wolfgang Petersen (ici, le côté SF reste un simple décor) surnagent. Et pourtant un film va créer la surprise. Un film que l’on n’attendait pas forcément mais qui, en ce 21 juin, va clairement s’imposer comme la surprise de l’été. Un film qui va prendre à contre-pied tous les poncifs et codes du genre et les emmener vers une autre destinée. Ce film, vous l’avez deviné, c’est bien sûr Cocoon.

RENCONTRES DU TROISIÈME AGE

Mais comme pour E.T., l’intérêt de ce film de SF ne réside pas dans la technique mais bel et bien dans les sentiments. Car Cocoon se targue d’être aussi une histoire fantastique où le mythe de la fontaine de jouvence est revu à la sauce pacifiste, avec une métaphore sur le grand voyage que s’apprêtent à vivre ces retraités. En effet, le film s’intéresse davantage aux problèmes de la vieillesse physique qu’aux rencontres du troisième type. Ici, les Antariens viennent et repartent de la terre sans problèmes, et si nos joyeux pensionnaires décident de les accompagner, c’est surtout pour lancer un défi à la mort et non pour visiter l’inconnu. Ainsi, avec beaucoup d’originalité et de fantaisie, les habitants de cette maison de retraite sont présentés comme une bande de gosses facétieux en colonie de vacances, qui prennent un malin plaisir à patauger dans cette piscine de jouvence et à s’extasier de leur jeunesse soudainement retrouvée en bravant quelques interdits, espérant juste obtenir ce dernier brin de folie qu’ils regrettent tant, ce dernier moment de liberté avant la fin de leur vie. Ce qui permet aux thèmes de la mort, la maladie, la solitude et la vieillesse d’être abordés de manière optimiste et originale, voire humoristique, avec tout de même une sensibilité parfois un peu larmoyante. Et c’est dans ces moments-là que l’on conçoit la magie hollywoodienne, celle qui sait le mieux jouer de la naïveté et d’un calibrage parfait pour un public mondial de 7 à 77 ans, alors qu’un prédécesseur français, le bien nommé La Soupe aux choux (Jean Girault,1981), avait tenté d’innover en abordant les mêmes thèmes, mais avec tout de même un peu moins d’élégance. Ce doit être cela que l’on appelle l’exception culturelle.

HUIT JOURS ET HUIT NUITS A COCOON

Prévu au départ pour être tourné sous la houlette de Robert Zemeckis, qui fut appelé à la dernière minute par Michael Douglas pour mettre en scène A la poursuite du diamant vert, le studio se tourna alors vers Ron Howard, encore tout auréolé du succès de son précédent film: Splash. A l’époque Howard n’a pas encore la folie des grandeurs (comprendre course à l’Oscar) et se contente de progresser dans les sentiers hollywoodiens en réalisant des films qui ne payent pas de mine mais qui savent être diablement efficaces. Et dans ce dessein, le réalisateur choisit de composer son histoire avec une belle brochette de comédiens d’antan, qui ont atteint le rang de star bien des années auparavant mais qui paraissent encore très naturels, chose qu’une Elisabeth Taylor aurait complètement raté. De là à dire que c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes… Et la recette de trouver toute sa saveur lorsque le casting est rejoint par Brian Dennehy, à mille lieues de son image de shérif salopard dans Rambo, ainsi que la star de l’époque Steve Guttenberg, synonyme de bonne humeur grâce à ses rôles de comique loufoque dans la saga Police Academy. Au final, le film reçoit 2 Oscars: meilleur acteur dans un second rôle pour Don Ameche et meilleurs effets spéciaux pour Ken Ralston, Ralph McQuarrie, Scott Farrar et David Berry. Il se permet également le luxe de finir sa carrière avec 86 millions de dollars de recettes à son compteur et termine son parcours à la sixième place des plus gros succès de l’année aux Etats-Unis. Avec un tel plébiscite, une suite a évidemment été mise en route. Mais les séquelles de ce genre sont rarement de franches réussites et le film de Daniel Petrie ne réussit jamais à arriver à la cheville de son prédécesseur. C’est pour cela qu’il est préférable de se souvenir de Cocoon comme d’un film unique plutôt que comme d’un diptyque entièrement réussi.

par Christophe Chenallet

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