Braindead

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Un singe étrange et redouté est ramené de l’île de Sumatra par un explorateur néo-zélandais. Particulièrement agressif et immonde, la petite peste finit par mordre une vieille dame, mère abusive de son état. Ce faisant, il lui transmet une malédiction qui transforme les personnes en zombies pourrissants. Le fils de cette dame, pleutre, lâche et un peu simplet, va se dresser contre l’épidémie qui commence.

IN THE CUT

Braindead est le troisième film du réalisateur néo-zélandais Peter Jackson, après deux films gore et étranges: Bad Taste (dont le titre suffit à évoquer les penchants du réalisateur) et Meet the Feebles, une sorte de Muppet Show déjanté et sous acide. Cet opus, sorti en 1992, ne déroge pas à la règle de la surenchère gore et burlesque. Véritable croisement entre Evil Dead et Les Aventuriers de l’Arche perdue, il fait, à l’époque, la démonstration à un relativement large public du talent hallucinant du génie Jackson. Découpé au cordeau, raconté avec une fluidité et une facilité déconcertante, Braindead est une œuvre fascinante, drôle, parée d’un scénario écrit au millimètre. Et si les comédiens sont le point faible du film, ils participent malgré eux à la construction d’une ambiance particulière, décalée dans le temps, le ton et les règles du bon goût. Peter Jackson n’arrête sa caméra et son imagination devant rien. Il tranche dans le vif de l’histoire avec son scalpel-caméra tout comme Lionel, le héros, découpe les chairs des monstres pourrissants. Sa virtuosité permet de faire passer tous les effets, tous les gags les plus éculés, les plus cartoonesques, les plus vulgaires. Chaque scène est parfaitement maîtrisée, grâce à un montage dynamique et une caméra virevoltant autour des acteurs et des morts-vivants. Les séquences s’enchaînant parfaitement dans un crescendo absurde de corps déchiquetés, d’intestins bafoués.

MY HEART BELONGS TO MUMMY

On retrouve dans le film des figures de style habituelles de Peter Jackson. Outre sa propre apparition hitchcockienne dans le rôle d’un assistant de morgue, la figure de la mère abusive et castratrice est déjà présente (on la retrouvera encore dans Créatures célestes et Fantômes contre fantômes). De même, l’esprit irrévérencieux et potache y est bien ancré, avec diverses scènes d’humiliation pour les personnages principaux. Notamment quand le héros, incapable de se séparer de sa mère zombie et de ses premières victimes, les garde au frais dans la cave de la maison familiale. La religion elle-même n’est pas épargnée, car il met en scène un prêtre karatéka ("I kick arse for the Lord!", réplique culte d’entre les cultes) qui, une fois devenu mort-vivant, s’accouplera avec une infirmière zombie. Le fruit de leurs amours sera un bébé blagueur et sadique. Il engendrera l'une des scènes les plus réussies du film: une balade dans un parc se transformant en un enchaînement jouissif de gags venus tout droit des dessins animés.

DOCTEUR JACKSON ET MISTER CULTE

Transgression, âge ingrat, stade anal sont des expressions qui semblent définir le sale gosse Peter Jackson. Mettant un point d’honneur à pousser jusqu’au bout les règles du genre gore, au service de l’humour, il clôturera son film avec une scène mythique ayant nécessité plus de 300 litres de faux sang, pompé au rythme infernal de plusieurs litres à la seconde devant la caméra. Ce sera là le dernier déshonneur fait au bon goût qui, exténué par tant d’assauts, ne pourra rien faire d’autre que de rendre les armes, impuissant. Le réalisateur du Seigneur des Anneaux signait ainsi avec ce film son entrée dans le panthéon des réalisateurs cultes. Dénuée de défauts techniques, l’œuvre est un défi permanent à toutes les règles de la mise en scène. Il prouve par ce biais qu’il est totalement capable, avec un budget modeste de surcroît, de porter à l’écran les histoires sortant de son imaginaire enfiévré. Attention toutefois, mieux vaut être dans de bonnes dispositions et avoir l’estomac léger pour apprécier pleinement ce monument de culte du cinéma.

par Nicolas Plaire

En savoir plus

Lors de la promotion française du film, Peter Jackson répondait aux interviews accoudé à un cochon mort. Il définissait Braindead par trois mots: "Gore, gore, gore". Adepte du système D, Peter Jackson fabriqua pour ce film son propre dispositif de Steadycam.

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