Bienvenue dans l'âge ingrat

Bienvenue dans l'âge ingrat
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Bienvenue dans l'âge ingrat
Welcome to the Dollhouse
États-Unis, 1995
De Todd Solondz
Scénario : Todd Solondz
Avec : Victoria Davis, Daria Kalinina, Eric Mabius, Heather Matarazzo, Telly Pontidis
Photo : Randy Drummond
Musique : Deborah Gibson, Jill Wisoff
Durée : 1h28
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Dawn Wiener, 11 ans et un vilain visage, est le souffre-douleur de son collège. Cadette de la famille, elle n'est guère mieux traitée chez elle. Mais dans son petit cœur gronde la révolte.

LE FREAK C'EST CHIC

Peu avenante et cachée derrière des lunettes en plastique, Dawn est une pré-adolescente persécutée par ses pairs, tous tellement plus "cool". A l'instar d'autres teen movies, on retrouve les groupes stéréotypés des écoles américaines: les jolies pom-pom girls, les intellos, les rebelles… Mais Dawn est rejetée de toutes parts. Son seul ami est son petit voisin Ralphie, avec qui elle a créé le "Special People Club", sans le savoir, le "club des attardés". Ils se retranchent dans leur cabane au fond du jardin, échappant au monde cruel qui les entoure. Dawn est de surcroît flanquée d'un grand frère nerd pur jus et d'une petite sœur qui porte parfaitement son prénom de Missy. Celle-ci, si mignonne, passe son temps à déambuler en chantant dans son tutu rose, devant une mère ébahie par les prouesses de sa petite dernière. Jalouse de cette sœur parfaite qui a "tellement de chance", Dawn, dont les élans de colère sont judicieusement ponctués de sons rock, décapitera la Barbie de Missy à la scie, avant d'organiser malgré elle son enlèvement. Mais la banlieue de Todd Solondz est cynique et drôle: Missy sera retrouvée chez un voisin, enfermée dans une cave avec télévision, où elle peut zapper à volonté et "a autant de bonbons et de macdo qu'elle veut"! Du coup, ne sachant même pas dire si l'homme l'a touchée, elle regretterait presque de rentrer chez elle. Entre-temps, Dawn, rongée par la culpabilité, sera partie seule à New York pour tenter de retrouver sa sœur, quittant sans peur sa banlieue maussade avec son sac à dos. Son système de défense est sans faille: elle recrache fidèlement les insultes qu'elle subit quotidiennement.

I'M NOT A GIRL, NOT YET A WOMAN

Du haut de ses onze ans, elle entre de plein fouet dans cette douloureuse période de transition entre l'enfance et l'âge adulte. Tandis qu'elle porte des tenues aux couleurs improbables et dort en grenouillère, elle tombe amoureuse du chanteur du groupe monté par son frère. Plus âgé et réputé pour ses frasques sexuelles, Steve se montrera prévenant avec Dawn, ne s'apercevant pas que cette petite fille - qui, dans une ultime tentative d'approche, se grimera en pin-up clownesque - cherche en réalité à le séduire. Embrouillée par ce qu'elle entend au collège, elle cherche à éclaircir le mystère des relations sexuelles. Et, comme tous ceux de son âge, parle de ce qu'elle ne connaît pas. A l'instar de Brandon, son camarade de classe, qui joue les durs et lui déclare un jour qu'il va la violer. Devant cette mise en garde, elle fuit autant qu'elle court vers ce rendez-vous. A force de se retrouver et de se repousser, il lui offrira son premier baiser. Tous deux partagent en effet ce sentiment d'être pris au piège d'un monde qui n'est pas encore prêt à les accueillir. Ainsi, quand Dawn cherchera à s'enfuir de son école – qui ne détonerait pas dans le Elephant de Gus Van Sant -, toujours au son des guitares et de la batterie, elle se heurtera au grillage entourant l'établissement, élément qui reviendra à plusieurs reprises s'ériger tel une limite infranchissable pour elle et Brandon. A la fin pourtant, chacun partira de son côté, seul, à New York. Dawn en revient bien sûr, mais ne se laisse pas abattre. En effet, comme son prénom l'indique, elle est à l'aube d'une nouvelle vie, sa vie de femme… En attendant, elle intègrera pleinement son rang de fillette de 11 ans, finissant par aller à Disneyworld avec sa chorale des "Canaris" et vivant pleinement son âge.

par Marlène Weil-Masson

En savoir plus

Ce premier long métrage de Todd Solondz a reçu le Grand Prix du Jury au Festival de Sundance en 1996, ainsi qu'un prix au Festival de Berlin et un prix d'interprétation aux Independent Spirit Awards pour la jeune et épatante Heather Matarazzo. Le film, l'auteur-réalisateur et l'actrice furent aussi nommés entre autres au Festival de Deauville, aux Golden Satellite Awards et au Festival de Stockholm.

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