Annie Hall

Annie Hall
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Annie Hall
États-Unis, 1977
De Woody Allen
Scénario : Woody Allen, Marshall Brickman
Avec : Woody Allen, Carol Kane, Diane Keaton
Photo : Gordon Willis
Durée : 1h29

Alvy Singer, comique reconnu, vient de rompre avec Annie Hall. C'est l'occasion pour lui de remettre sa vie à plat et de nous l'exposer. Il suit une thérapie depuis quinze ans, elle rêve de devenir chanteuse. Leur rencontre est un coup de foudre.

C'EST UN BEAU ROMAN...

Lorsque Woody Allen réalise son film, il sort d'une histoire d'amour avec Diane Keaton (Diane Hall de son vrai nom, Annie de son surnom et en plus elle a une "Grammy Hall"). Il utilisera ainsi sa propre expérience afin de relater la vie d'Alvy Singer et sa rencontre avec Annie Hall, femme qui incarne tout ce que lui n'a pas eu ou n'a pas été: éducation bourgeoise, bien dans sa peau (en apparence tout au moins), alors que lui, petit Juif de Brooklyn, ne peut pas passer une semaine sans voir son psy. En guise de scène d'introduction et ce après un générique totalement muet, Alvy, le "héros", s'adresse directement au public, afin de rassurer le spectateur. Il explique que lui et Annie ont rompu, et fait comprendre ce qu'il pense de la vie: elle est pleine de solitude, de souffrance, de misère, de tristesse et tout passe beaucoup trop vite. Il vient d'avoir 40 ans et est en pleine crise. Le rapprochement avec sa propre vie est évident et Allen ne s'en cache pas. Il passe avec brio de Alvy Singer à lui sans ménagement. Tous deux sont Juifs et comédiens (rappelons que Woody Allen a commencé sa carrière en écrivant des sketchs pour le Tonight Show), tous deux adorent New York et détestent la Californie. En résumé tout ce qui caractérise Allen est ici présent, exacerbé. Que se soit le passage de la comédie à la nostalgie, ses obsessions que sont la mort, la drogue, les femmes. En substance, il explique que tous les bonheurs de la vie, les joies sont toujours confrontées aux pertes (mort) et aux peines. Tel est l'homme, telle est sa philosophie.

...C'EST UNE BELLE HISTOIRE

Woody Allen aime faire rire et c'est d'ailleurs ce qu'il a toujours fait, que ce soit dans des one man show ou dans ses films précédents. Toujours le rire passait en priorité et ce au détriment du sérieux. Avec Annie Hall, le réalisateur qu'il est franchit un cap. Peut-être entre-t-il dans l'age adulte. Il décide donc, enfin, de faire un film sérieux. Certes ça restera une comédie mais il veut changer. Finit les enchaînements de sketchs sans queue ni tête, il s'attaque à quelque chose de plus profond, une vrai réflexion sur sa vie, sur lui. Il essaie enfin d'expliquer ce que sont ses doutes, d'où viennent ses peurs et, pour parvenir à ses fins, il utilise tous les moyens qui sont en sa possession: le partage d'écran, les sous-titres contredisant les dialogues et les discussions directes avec le spectateur. L'on se sent ainsi happé par le film, comme témoin de sa mise à nu. Il nous force (et nous suivons avec plaisir) à nous intéresser à son histoire d'amour, la voir évoluer puis chavirer le jour où Annie décide de partir vivre à Los Angeles.

AND THE WINNER IS...

Il est des films dans l'histoire du cinéma qui ont marqué, il est des réalisateurs qui ont marqué. Grâce à Annie Hall, Woody Allen fait maintenant partie de ces derniers. Il n'a pas souvent été reconnu à la hauteur de son mérite dans son propres pays, mais avec ce film, il réussit enfin a conquérir le cœur des critiques et du public américains. Il obtient ainsi 4 Oscars en 1978 (meilleur film, meilleur scénario, meilleur réalisateur et meilleure actrice) et une nomination de meilleur acteur pour lui-même. Il s'offre même le luxe de devancer le phénoménal Star Wars pour la récompense suprême. Les dialogues sont jouissifs, la réalisation époustouflante, et personne ne filme New York comme lui. Annie Hall est son chef d'oeuvre. Certes il y en eu d'autres, de très bons (Manhattan, La Rose pourpre du Caire...) mais aucun ne l'égala.

par Yannick Vély

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