Quelques notes et nous voici immédiatement transportés dans l'univers magique de Tim Burton. La musique se mêle aux images, aux couleurs, caractérisant les personnages (Batman, Catwoman ou Bela Lugosi ont leur propre thème), annonçant l'action, entretenant le suspense. A la fois affirmées et subtiles, les compositions fusionnent avec le style directionnel de Burton, le tout accouchant d'une atmosphère sombre, mystérieuse, mais aussi fantaisiste. Ainsi, l'on passe d'un film à l'autre d'une partition burlesque (Pee Wee, Beetlejuice) à une autre gothique (les deux Batman), d'une musique totalement féerique (Edward aux mains d'argent) à une plus tribale (La Planète des singes). L'univers fantastico-macabre de Tim Burton ne serait pas ce qu'il est sans la contribution fidèle de Danny Elfman. Celui-ci composa en effet toutes les bandes originales des films de Burton, à l'exception près d'Ed Wood, qui fut confiée à Howard Shore, Elfman étant déjà pris sur plusieurs autres projets. Fan de percussions (il déniche de nouveaux instruments dans chaque coin du globe), il n'hésite pas à appeler un orchestre symphonique entier ou à rassembler un chœur d'enfants pour les besoins d'un enregistrement. Danny Elfman s'est ainsi créé un style particulier (dont il reconnaît l'influence de Bernard Hermann, fidèle compositeur d'Alfred Hitchcock), immédiatement reconnaissable, à la fois onirique et lugubre, que l'on est incapable de détacher de la filmographique de Tim Burton, l'association des deux hommes ayant même engendré une "mode" gothique à la fin des années 80, début des années 90.

Le compositeur et le réalisateur prodige collaborent depuis le premier long métrage de celui-ci, Pee Wee, en 1985. En effet, Tim Burton était un fan d'Oingo Boingo, le groupe créé par Danny Elfman et son frère Richard au début des années 80. Quand Richard réalise son premier film, Forbidden Zone, il demandera à Danny d'en écrire la musique; sa voie était tracée. Après Pee Wee, le tandem Burton-Elfman se soude, le duo est indissociable. Le compositeur évolue, adapte sa musique aux thèmes et personnages des films de son ami, sans jamais décevoir. Au contraire, il étonne même avec L'Etrange Noël de Monsieur Jack, qui sera sa comédie musicale à lui: il en compose les musiques, écrit les textes et prête sa voix à Jack Skellington. Ce conte de fées bénéficiera ainsi d'une bande originale dynamique et triste, savoureusement macabre, dont le fameux This is Halloween. Couronné d'un Grammy en 1989 pour Batman, Danny Elfman sera également sollicité par d'autres réalisateurs. En 1989 toujours, il composera le célèbre thème du dessin animé Les Simpsons, puis reviendra au cinéma pour Dick Tracy et Darkman. En 1993-94, il travaille déjà sur plusieurs films et séries télé quand Tim Burton réalise Ed Wood (mais selon certaines rumeurs, les deux hommes étaient en fait brouillés…), mais il revient vers lui dès L'Etrange Noël de Monsieur Jack et Mars Attacks! . Sachant faire preuve d'adaptabilité, il composera aussi les musiques, entre autres, de Fantômes contre fantômes, Men in Black, les deux Spider-Man (suite à des différends avec Sam Raimi, il a rendu son tablier pour le troisième volet) ou Hulk. Mais il répond présent pour Sleepy Hollow (retrouvant une ambiance macabre et féerique à la fois, sa marque de fabrique, aux cuivres et chœurs plus poussés cependant), Big Fish et même pour Charlie et la chocolaterie (plus joyeuse mais aussi plus cynique). Toujours aussi demandé, sa dernière création en date est la générique de la série déjà culte Desperate Housewives, qui colle parfaitement à son univers, ainsi que le nouveau film d'animation de Tim Burton, Les Noces funèbres, renouant avec une partition d'outre-tombe. Sa prochaine création: Charlotte's Web, le nouveau film de l'enfant-star Dakota Fanning, entourée d'animaux aux voix impressionnantes (de Julia Roberts à Robert Redford en passant par Jennifer Garner, Steve Buscemi, John Cleese ou Kathy Bates).