Dès le pré-générique, mille fois trop long, l’image terne et la faiblesse des scènes d’action donnent le ton. Cet épisode se voudrait plus dans la veine de GoldenEye que du précédent (malgré une évolution certaine depuis Demain ne meurt jamais vers la surenchère de Meurs un autre jour), à savoir plus froid, plus concentré sur ses personnages. Les intentions sont bien là mais le résultat s’avère pour le moins décevant. Avec un rythme plus lent, le film renvoie même à Au service secret de sa Majesté (où déjà Bond était chargé de protéger une riche héritière et faisait du ski) et s’avère aussi mou que son modèle. A l’exception d’une séquence (dans les mines, avec des sas), influencée par le jeu vidéo, on ne note absolument aucune inventivité dans presque toutes les scènes d’action. On se croirait devant les Bond des années 60 ou 70 où "l’idée" de la scène d’action, c’était, par exemple, une cascade inédite ou un véhicule amphibie. Et là on nous les ressort, comme si c’était tout frais. Le Monde ne suffit pas ne présente aucune valeur ajoutée, même en ce qui concerne la dramaturgie. Les protagonistes Elektra et Renard auraient pu être plus intéressants s’ils n’étaient pas traités superficiellement, au milieu d’une intrigue faussement mais toujours inutilement compliquée. On ne peut sauver que deux scènes confrontant 007 à ses adversaires: la toute première rencontre entre Bond et Renard (bien froide, bien directe, bien violente) et le dernier échange entre Bond et Elektra (bien froid, bien direct, bien violent). Aujourd’hui, on ne peut plus accepter de Bond Girls dignes de l’époque Moore, de raccourcis scénaristiques aussi peu crédibles et de fausses bonnes idées (le kidnapping de M qui banalise le personnage). Le titre, magnifique (en réalité, la devise de la famille Bond), parle de lui-même.

Réalisateur : Michael Apted
Titre original : The World is Not Enough
Chanson : "The World is Not Enough" - Garbage
Méchant : Elektra King (Sophie Marceau)
Bras droit : Renard (Robert Carlyle)
Bond Girls : Christmas Jones (Denise Richards)
Voiture : BMW Z8
Le gadget qui tue : une veste qui se transforme en bulle protectrice

Robert Hospyan