Six ans ont passé depuis le dernier épisode mais surtout, la Guerre Froide a pris fin. Le règne des action stars des années 80 et 90 arrive à son terme. Quelle peut-être la place de James Bond dans ce monde? Voilà la question que se pose sans cesse GoldenEye et à laquelle le film répond par une approche du personnage et une mise en scène sans chichis. Le nouveau 007 nous est présenté comme dans la directe lignée du précédent, le froid et sobre Timothy Dalton, et c’est très probablement la première fois que le scénario traite littéralement du protagoniste, de ses codes et marques de fabrique, de ce qu’il représente, et donc de ce qu’il advient de lui aujourd’hui. Ainsi le nouveau M (à présent un vrai personnage et pas juste le vieux débris dans son bureau aux jolis buffets, constamment accompagné du Ministre de la Défense et qui ne dit jamais rien de vraiment utile à part donner sa mission à 007) fait de lui "une relique de la Guerre Froide" et l’expose pour ce qu’il est, "un dinosaure sexiste et misogyne". Plus tard, après avoir reconnu son arme de prédilection, le personnage de Zukovsky tourne en dérision le personnage et son "vodka-Martini, au shaker, pas à la cuillère". Le tout sans tomber dans la moquerie mais avec juste ce qu’il faut de recul sur une formule éculée. Certaines scènes sont plus fragiles de par leur premier degré, à savoir la scène sur la plage où Natalya vient lui reprocher d’être "si froid" avant que Bond ne réponde "c’est ce qui me tient en vie". On cherche à étudier, même le temps d’une scène que certains trouveront superficielle, ce qui fait de lui James Bond mais d’un point de vue réaliste, plus humain. Et son adversaire Alec Trevelyan, ex-006 - donc une version alternative du héros – de lui demander si "tous ces vodka-Martini ont étouffé les cris de tous les hommes que tu as tués ou si tu as trouvé le pardon dans les bras de toutes ces femmes, pour toutes celles que tu n’as pas su protéger". On regrettera une voiture inexploitée et un méchant éclipsé par sa "femme" de main, mais ce renouveau sobre et classe avec juste ce qu’il faut d’humour et toujours de la mesure dans la démesure (cf. le pré-générique d’anthologie) sauve la saga de l’inévitable essoufflement, voire possible ringardise, d’un personnage vieux de plus de trente ans.

Réalisateur : Martin Campbell
Titre original : GoldenEye
Chanson : "GoldenEye" - Tina Turner
Méchant : Alec Trevelyan/Janus (Sean Bean)
Bras droit : Xenia Sergeyevna Onatopp (Famke Janssen)
Bond Girls : Natalya Fyodorovna Simonova (Izabella Scorupco)
Voiture : BMW Roadster Z3
Le gadget qui tue : le stylo-grenade.

Robert Hospyan