Berlinale 2018: nos pronostics !

Berlinale 2018: nos pronostics !

La 68e Berlinale aura lieu dans plus de deux mois, mais pour FilmDeCulte – qui sera présent sur place pour la sixième année consécutive – c'est déjà le moment des pronostics. A l'heure où Sundance vient d'annoncer sa sélection, et où Dieter Kosslick (dont ce sera la dernière année à la tête du festival) ne devrait pas tarder à annoncer quelques premiers noms, faisons le point sur qui l'on risque de croiser cette année à Postdamer Platz.

  • Berlinale 2018: nos pronostics !
  • Berlinale 2018: nos pronostics !

ALLEMAGNE

Commençons par le pays hôte. On ne sait pas si le film sera fini à temps, mais Christian Petzold (dont une rétrospective se tient actuellement au Centre Pompidou) a tourné cet été Transit à Marseille. Sans Nina Hoss – pour une fois – mais avec Paula Beer, la révélation de Frantz. Cette dernière se trouve également au casting de Werk ohne Autor de Florian Henckel von Donnersmarck (La Vie des autres), un film sur l'Allemagne nazie avec également Lars Eidinger: deux raisons d'imaginer le film sélectionné. Autre film allemand tourné en France: 3 Tage in Quiberon d'Emily Atef (L’Étranger en moi) avec une autre habituée du festival, Birgit Minichmayr. Jakob Lass, dont le Tiger Girl était sur toutes les lèvres l'an dernier, termine déjà un nouveau film, So was won da. Mais le retour que nous attendons sûrement le plus, c'est celui d'Ulrich Köhler, brillant réalisateur de La Maladie du sommeil (et accessoirement mari de Maren Ade) avec In My Room.

EUROPE

Autre retour longtemps espéré, celui de l'Autrichien Markus Schleinzer (le glaçant Michael), avec Angelo, un film en costume avec Alba Rohrwacher. Il faut dire que ces dernières années, l'Europe centrale a eu le vent en poupe à la Berlinale, et plus particulièrement la Pologne. Tandis qu'Agnieszka Holland développe une série auprès de Netflix, on imagine bien retrouver certains de ses compatriotes: Malgorzata Szumowska (prix de la mise en scène en 2015) avec Twarz, Pawel Pawlikowski (très attendu après le succès d'Ida) avec Cold War, ou encore Agnieszka Smoczynska (The Lure) avec Fuga. Tandis que le Roumain Florin Serban (If I Want to Whistle I Whistle) termine Dragoste 1: Caîne, on ignore lequel des deux films qu'il a sur le feu le Hongrois György Palfi pourrait venir présenter, mais son compatriote Laszlo Nemes ne devrait pas quitter le giron cannois, suite au succès du Fils de Saul. En parlant de Cannes, si l'on imagine bien que Sorrentino, Leigh ou Lanthimos (qui ont tous un film en post-production) devraient rester dans l'écurie de Thierry Frémaux, quid de Lars Von Trier, devenu persona non grata? La Berlinale avait déjà eu la primeur de la version Director's Cut de Nymphomaniac, peut-on espérer y voir The House that Jack Built, si le film est prêt à temps?

Au sud de l'Europe, le Portugais Ivo Ferreira (Lettres de guerre) met un terme à Hotel Imperio, tandis que trois cinéastes espagnols se trouvent sur nos radars: Alex de la Iglesia avec Perfectos desconocidos, Jaime Rosales (La Belle jeunesse) avec Petra et Carlos Vermut (La Nina de fuego) avec Quien te cantarà. Plus au nord, on pourrait bien croiser la Hollandaise Nanouk Leopold (It's All so Quiet) avec Cobain, la Danoise Pernille Fischer Christensen (Someone You Love) avec Young Astrid, ou les Belges Felix Van Groeningen (Alabama Monroe) avec Beautiful Boy et David Lambert (Hors les murs) avec Troisièmes noces. Mais le projet que nous trépignons le plus de voir, c'est bien sûr la suite d'Iron Sky la comédie finlandaise avec des nazis dans l'espace et des dinosaures ! Rappelons que le premier volet avait effectivement été présenté en section Panorama (oui, oui). Quand on vous dit qu'il n'y pas que des films sérieux à Berlin.

FRANCE

Benoit Jacquot (déjà sélectionné en 2012 et 2015) s'apprête à sortir Eva avec celle-sans-qui-aucun-festival-ne-peut-avoir-lieu, la Huppert. On vous parie une currywurst qu'ils seront donc de la partie. Le calendrier des autres sorties des mois de février et mars peut nous donner des indices sur des éventuel sélectionnés. Alors peut-être pas Mrs Mills, la comédie de Sophie Marceau, mais plutôt L'apparition de Xavier Giannoli, Mes Provinciales de Jean-Paul Civeyrac ou encore La Prière de Cedric Kahn. On vous parlait plus haut du chouchou berlinois Lars Eidinger. Il est, avec Juliette Binoche, au casting de High Life, le film de science-fiction de Claire Denis, auquel a collaboré Olafur Elassion. On ignore le temps que prendra sa post-production, mais la présence de Robert Pattinson au casting va peut-être soudainement rendre Claire Denis enfin digne d’intérêt aux yeux de Thierry Frémaux...

Parmi les autres films français actuellement en divers stades de post-production, notons I Feel Good de Benoit Delépine et Gustave Kervern, et Les Confins du monde de Guillaume Nicloux (tous plusieurs fois passés par Berlin). Deux autres projets qu'on verrait bien aux Teddys: Vanessa Paradis en productrice de porno dans le forcément intrigant Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez (Les Rencontres d'après minuit), et Plaire / Sorry Angel de Christophe Honoré. Sur nos radars également: Caroline Poggi et Jonathan Vinel, Ours d'or du court métrage en 2014 pour Tant qu'il nous reste des fusils à pompe, qui terminent leur premier long, Jessica Forever. D'ailleurs, beaucoup d'autres réalisatrices ont un film attendu dans les mois qui viennent : Place Publique d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, Les Estivants de Valeria Bruni Tedeschi, Paul Sanchez est revenu! de Patricia Mazuy, ou encore Le Dernier vide-grenier de Claire Darling de Julie Bertuccelli (avec Catherine Deneuve). Quant à Alien Cristal Palace, la comédie musicale d'Arielle Dombasle, son titre et son casting (Jean-Pierre Léaud et Christian Louboutin!) nous rendent curieux.

FILMS ANGLOPHONES

Comme chaque année, la Berlinale héritera certainement de quelques films à stars de la saison Oscars, et de plusieurs films ayant fait leur première à Sundance quelques jours plus tôt. Mais il y aura aussi bien sûr des premières mondiales, et c'est sur celles-ci que nous nous sommes concentrés pour ces pronostics. Avec sa sortie américaine au mois d'avril, Tully de Jason Reitman (qui réunit Charlize Theron et Diabo Cody, l'équipe de Young Adult justement présenté à Berlin en 2012) vise peut-être le festival SXSW. Par ailleurs, il est peut-être trop tôt pour espérer voir Under the Silver Lake de David Robert Mitchell (It Follows) ou The Nightingale de Jennifer Kent (Mister Babadook), tous deux en cours de finition. Dans un registre fantastique, on aimerait également voir We Have Always Lived in the Castle de Stacie Passon (Teddy Award 2013). Si l'on jette un œil au planning de sorties, trois films attendus seront visibles un peu partout entre fin février et avril (soit le timing parfait pour un détour berlinois) : L'Île aux chiens de Wes Anderson (après le succès de Grand Budapest Hotel en ouverture ici-même), Annihilation d'Alex Garland (Ex Machina) avec Natalie Portman, et Mary Magdalene de Garth Davis (Lion) avec Rooney Mara. Sur un créneau de sortie similaire, le pari est sans doute plus gonflé en ce qui concerne le blockbuster de SF Disney Un raccourci dans le temps d'Ava DuVernay avec Oprah Winfrey, mais pourquoi pas? Plusieurs cinéastes actuellement en post-production sont en affaire avec Netflix (Duncan Jones, Jeremy Saulnier, Gareth Evans, Haifaa Al-Mansour...), ce qui rend difficile d'imaginer comment/où leurs films seront visibles, mais parmi les projets indépendants, citons-en deux qui semblent taillés pour la Berlinale. Un biopic de l'écrivain queer fictif JT Leroy, avec Kristen Stewart, par Justin Kelly (I am Michael) et It is Not the Photographer That is Perverse, où le Canadien Bruce LaBruce (à qui un créneau parait réservé d'avance) réunit un casting de pornstars gay, de François Sagat à Colby Keller.

AILLEURS

A défaut d'infos précises, nous avons peu de pronostics en ce qui concerne l'Amérique latine (Pajaros de verano du Colombien Ciro Guerra, réalisateur de L’étreinte su serpent?) ou le continent africain (Mohammed Ben Attia - Hédi - ne devrait pas avoir fini Weldi à temps). Nos paris sont un plus nombreux en ce qui concerne l'Asie, même en mettant de côté Ceylan, Farhadi et Kawase, dont les prochains films sont datés pour mai (tiens tiens). Revivrons-nous une séance aussi hypnotisante que celle de A Lullaby to a Sorrowful Mystery si le Philippin Lav Diaz vient présenter sa comédie musicale The Season of the Devil? Et si oui, combien d'heures durera-t-elle? Une autre de nos attentes les plus fortes se trouve du côté du Japon: Netemo Sametemo de Ryûsuke Hamaguchi (réalisateur du monumental Happy Hour). A Singapour, Eric Khoo termine actuellement Ramen Thee qui semble être une fictionnalisation du documentaire culinaire Wanton Mee qu'il avait présenté à Berlin l'année dernière. Deux cinéastes kazakhs récemment passés par la Berlinale sont également sur nos radars : Zhanna Issabayeva (Naguima) avec Rejected et Emir Baigazin (Leçons d'harmonie) avec deux projets : The River et Would You Like to Stargaze. Quant au Coréen Yeon Sang-Ho (Dernier train pour Busan), il vient de voir son nouveau film, le prometteur Psychokinesis, acheté par Netflix. La chaîne américaine se payera-t-elle une projection en festival pour faire sa publicité? Rappelons en tout cas que la sélection asiatique de la Berlinale est souvent inattendue (les stakhanovistes habituels, de Takashi Miike à Kim Ki-Duk, y sont rarement retenus). Ainsi, le cru 2017 avait été particulièrement riche en découvertes chinoises. On espère retrouver le même plaisir de la découverte!

Dossier mis en ligne le 1er décembre 2017

par Gregory Coutaut

Commentaires

Partenaires