Trois femmes

Trois femmes
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Trois femmes
États-Unis, 1977
De Robert Altman
Scénario : Robert Altman
Avec : Shelley Duvall, Janice Rule, Sissy Spacek
Durée : 1h58
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Au cœur de la Californie désertique, Pinky Rose, tout juste dix-huit ans, est engagée comme aide-soignante dans un sanatorium. Millie Lammoreaux, vingt cinq ans, est chargée de la former. Millie prend rapidement Pinky sous sa coupe et l’invite à partager son petit appartement. Pinky est totalement fascinée par l’idéal féminin que représente Millie. Mais à la lecture du journal intime de Millie, Pinkie est totalement bouleversée. Leurs relations, leurs aspirations vont être irrémédiablement modifiées.

LES JEUNES FEMMES DE L'EAU

Si l'on évoque le nom de Robert Altman, certains penseront à Nashville ou à Un mariage, d'autres à Short Cuts ou à Gosford Park. L'Altman du film choral, sa signature, avec ses fresques remplies de personnages. Trois femmes, c'est tout l'inverse. D'abord par son nombre restreint de protagonistes, annoncé dès le titre (trois au lieu des foules de ses films les plus connus). Et encore, puisque Trois femmes passe l'essentiel de son temps sur deux personnages: Pinky Rose, toute jeune aide-soignante (Sissy Spacek, un an après Carrie) et Millie Lammoreaux, sa formatrice (Shelley Duvall, qui a remporté le prix d'interprétation à Cannes pour ce rôle). Une troisième femme apparaît en filigrane, finit par intégrer le trio mais n'est pourtant pas un des personnages principaux. Ce n'est pas le seul mystère de ce film aux mille secret. Altman dénude son histoire jusqu'au décor, un Palm Springs dépeuplé: à la place des cérémonies de mariage ou des défilés de mode, le désert. Michel Ciment commente, au sujet de Trois femmes, le passage d'un Robert Altman sociologue à une approche plus psychologique.

Trois femmes est venu à son réalisateur en rêves. Pas étonnant donc de le voir baigner dans cet irradiant onirisme, cette douceur engourdie, culminant dans une fascinante scène de rêve qui est l'aboutissement logique de ce film de songes. Le rêve ouvre une porte dans Trois femmes. Après ce rêve, une ellipse, puis un dénouement énigmatique ouvert à de multiples interprétations. Une fois cette porte franchie, le gynécée suggéré dans la première partie du film se concrétise: clan reconstitué autour de peintures de dieux et déesses tandis qu'à l'extérieur, on s'entraine à tirer. Pas un gynécée de bonnes femmes sages et disciplinées. Trois femmes, film d'eau, enjôle et berce. Dès ses premiers instants où l'image, jaune, ensoleillée, est envahie par l'eau bleue. Un liquide amniotique jungien dans lequel on s'immerge, courant de l'inconscient qui finit en un violent ressac par submerger le récit. L'influence revendiquée de Trois femmes est Persona d'Ingmar Bergman, film où, à l'image, les visages des deux personnages principaux se réunissent pour ne faire, littéralement, plus qu'un. Le glissement identitaire chez Altman est plus secret, faisant de ce Trois femmes un film d'autant plus ensorcelant.

par Nicolas Bardot

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