Le Grondement de la montagne

Le Grondement de la montagne
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Grondement de la montagne (Le)
Yama no oto
Japon, 1954
De Mikio Naruse
Durée : 1h36
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Shingo, un vieil homme d'affaires, ressent une profonde affection pour sa belle-fille Kikuko, qui se consacre à son mari et à ses beaux-parents. Le jeune couple n'a pas d'enfants, et ses relations sont instables. Le jour où la jeune femme se trouve enceinte, elle décide de ne pas mettre l'enfant au monde, remettant son mariage en question.

THÉRAPIE DE COUPLES

Avant Le Grondement de la montagne, Mikio Naruse avait déjà transposé l’œuvre de Yasunari Kawabata au cinéma, avec Trois sœurs au cœur pur en 1935 ou La Danseuse en 1951. Mais Le Grondement de la montagne est probablement son adaptation la plus connue du prix Nobel de littérature - et c'était aussi l'un des films chers au cœur de Naruse. Naruse (comme Kawabata avant lui) fait le portrait d'une famille dysfonctionnelle : le père et la mère vivent avec leur fils et leur bru dont la relation s'étiole. Kikuko (l'incontournable Setsuko Hara, qui retrouve Naruse après Le Repas) tente de faire bonne figure - mais "nous sommes sans cœur" comme l'admet avec malice la mère grognonne. Rien ne semble vraiment fonctionner dans cette adorable maisonnette, la fille de la famille ne semblant elle non plus pas heureuse en ménage.

Naruse reforme le couple du Repas en mariant Setsuko Hara à Ken Uehara. Chaleureux comme un Bela Lugosi nippon, cet époux n'a plus d'yeux que pour sa maîtresse, décrite comme un torrent quand l'épouse n'est elle vue que comme un lac. Avec une subtilité qui n'ignore pas la cruauté, Naruse donne à voir le masque de l'épouse ; un masque comparable à celui exposé dans le film - un véritable masque cette fois, utilisé pour le No : "on dirait vraiment un visage humain", commente t-on.

Le non-dit est ici un travail d'orfèvre dans ce film apparemment doux mais dont le grondement est profond. On dit souvent, en simplifiant quelque peu, que Akira Kurosawa est le cinéaste de l'homme, Kenji Mizoguchi celui de la femme, Yasujiro Ozu celui de la famille et Mikio Naruse celui du couple. Mais le couple qui se dessine peu à peu dans Le Grondement de la montagne n'est pas vraiment celui attendu : plutôt que le mari et la femme, c'est la femme et son beau-père qui occupent le plus d'espace. Comme le note Jean Narboni dans son excellent ouvrage consacré à Naruse, le vocabulaire utilisé par les deux personnages dans la bouleversante scène finale ressemble comme deux gouttes d'eau à celui d'un couple qui se sépare. Contrairement au roman de Kawabata, il ne sera jamais question explicitement de "grondement" dans le film de Naruse. Mais l'exceptionnel sens du mélodrame du maître japonais lui permet d'émouvoir avec une retenue et une élégance inégalables.

par Nicolas Bardot

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Le Grondement de la montagne ressort ce mercredi 11 janvier 2017 en salles.

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