Chut... Chut... Chère Charlotte

Chut... Chut... Chère Charlotte
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Chut... Chut... Chère Charlotte
Hush... Hush... Sweet Charlotte
États-Unis, 2009
De Robert Aldrich
Scénario : Henry Farrell, Lukas Heller
Avec : Bette Davis, Olivia De Havilland, Agnes Moorehead
Photo : Joseph Biroc
Musique : Frank De Vol
Durée : 2h13
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Au cours d'une soirée donnée par Charlotte, John Mayhew, son amant est assassiné. Pour Charlotte, il ne fait aucun doute que l'assassin n'est autre que son père, big Sam. Pour son père, sa fille est la seule coupable de cet assassinat. La police, quant à elle est dans l'impasse, incapable de resoudre cette enigme. Charlotte va dès lors s'installer dans trente ans de solitude aux côtés de sa gouvernante...

QU'EST-IL ARRIVE A SWEET CHARLOTTE?

Si Qu'est-il arrivé à Baby Jane? s'est reçu quelques tomates de la part d'une presse à la ramasse, le choc de titans entre Bette Davis et Joan Crawford a été un tel triomphe en salles qu'il n'a pu que laisser tout un baluchon d'idées à exploiter. Notamment celle d'une fausse suite, autre histoire, autres personnages mais principe assez voisin. Deux ans à peine ont passé et Chut... Chut... Chère Charlotte est né. Mais le projet a rapidement du plomb dans l'aile: Crawford se retire pour des raisons de santé. Immédiatement, l'excuse est moquée, on dit que la Joan n'est pas prête à remettre ça de suite avec Miss Davis. Aldrich insiste et rassure, si Crawford avait simulé, les assurances n'auraient pas été aussi dociles. La production part donc à la recherche d'un nouvel appât à mettre sur le ring. Aldrich rêve de Vivien Leigh, de Katharine Hepburn, mais Bette Davis, qui dans son contrat a exigé un large droit de regard sur le cast, refuse. Adversaires trop sérieuses? Ca sera finalement Olivia de Havilland qui sera choisie, star d'un calibre un peu moindre mais qui en matière de bitcherie n'est pas la dernière dans la queue-leu-leu hollywoodienne. D'emblée, Chut... Chut... Chère Charlotte impose son élégance délirante, lors d'un prologue ultra stylisé où l'étrange idée de départ (Davis, 56 ans, joue son rôle dans ce flash-back où elle a... 21 ans) se transforme en force (le jeu d'ombres sur les visages et le mystère qui s'installe).

Le sous-texte hollywoodien, l'une des clefs de Baby Jane, est plutôt mis de côté (si ce n'est un portrait de Charlotte-Bette Davis jeune qui représente Davis dans son rôle de Jezebel en 1938), ... Charlotte joue plutôt la carte de la guignolade surmultipliée, avec en première ligne le jeu halluciné de ses actrices, de Bette Davis à Agnes Moorehead, en sosie de Madame Mime vue auparavant chez Douglas Sirk et plus tard en Endora dans Ma sorcière bien-aimée. De Havilland, solide, semble néanmoins jouer dans un autre film, sur un autre ton, comme si la disparition de Joan Crawford avait fait perdre un dragon au film pour gagner une prof d'anglais. Très revêche et parfaitement haïssable. Le récit a certes quelques longueurs mais Aldrich s'illustre dans des séquences comme celle, fantastique, du fantasme avec les masques et une Bette Davis tirant avec son bouquet sur un homme décapité (n'en jetez plus). Marmite marmite, le crescendo grille tous les arrêts de bus. L'orage tonne dans les nuits de la Nouvelle Orléans. Charlotte, jusque son dénouement digne de Bip-Bip et le Coyote, assume à fond son goût du baroque-grotesque. Le succès en salles est lui, encore une fois au rendez-vous.

Ainsi, entre Qu'est-il arrivé à Baby Jane? et Chut... Chut... Chère Charlotte, c'est toute une mode qui est lancée: le psycho-biddy (ou, plus classe, le Grande Dame Guignol, so chic) fera les joies du grand écran pendant quelques années, en ressortant de leur demi-formol ses Bette Davis, ses Joan Crawford (qui remettra ça en tueuse à la hâche avec le fabuleux La Meurtrière diabolique), ses Olivia de Havilland, Geraldine Page ou Shelley Winters pour des horreurs plus ou moins gothiques, vengeuses et psycho. Ne réveillez pas un dragon qui dort.

par Nicolas Bardot

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