Yann Tiersen: comme un air de cinema

Yann Tiersen: comme un air de cinema

Compositeur talentueux, musicien surdoué, Yann Tiersen véhicule un univers qui se marie à merveille avec celui du cinéma. Après le succès remporté par la bande originale du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, celle du film Good Bye, Lenin! résonne déjà comme une consécration.

LES ANGES

Le multi-instrumentiste breton qui a sorti son premier disque, La Valse des monstres, en 1995, s’est fait connaître du grand public grâce au cinéma. Sa chanson Rue des cascades tirée de l’album du même nom et interprétée par sa complice Claire Pichet, clôt en effet le film La Vie rêvée des anges. En 1998, le film d’Erick Zonca remporte un succès critique et public surprise mais mérité. Yann Tiersen profite de cette renommée, et avant la fin de l’année n’est plus un inconnu. L’autre révélation du long-métrage d’Erick Zonca, l’actrice Natacha Régnier, devient sa campagne, et même chanteuse pour certains de ses morceaux. La même année, c’est André Téchiné qui utilise une chanson issue de l’album Le Phare dans Alice et Martin, puis en 1999 Christine Carrière dans Qui plume la lune?. Qu’est ce qui suscite l’intérêt des cinéastes dans la musique de Yann Tiersen? Ce dernier a suivi une formation classique au conservatoire de Rennes. La pratique du piano, du violon et surtout de la direction d’orchestre lui permet sans doute d’avoir une vision d’ensemble du métier de compositeur. La création de morceaux principalement instrumentaux est aussi une aspiration qui se marie bien avec la musique de film. Très tôt Yann Tiersen crée des pièces musicales pour des courts-métrages. La grande palette et l’originalité des instruments utilisés - pianos, violons, mais aussi accordéons, clavecins, xylophones, carillons…- favorisent l’émergence d’une musique originale aux aspects très cinématographiques.

AMELIE

Il ne reste donc plus à Yann Tiersen qu’à franchir le pas avec sa première bande originale de film. Mais pour cela il lui faut trouver un univers qui lui correspond. La rencontre avec Jean-Pierre Jeunet lui donne cette occasion. Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain est un succès planétaire, et plus encore, un véritable raz-de-marée. La musique de Yann Tiersen, qui jongle avec ses instruments hors norme, est partie prenante de la réussite du film. Elle participe formidablement à la création de l’univers décalé, humaniste et nostalgique d’Amélie. La symbiose est totale. La bande originale, qui sort en France en 2001, se vend à près de 700.000 exemplaires, et décroche au passage la Victoire de la Musique de la meilleure bande originale de film en 2002. Dans le même temps, le Breton pose sa musique sur quelques courts-métrages, améliore ses ventes d’album et rencontre le succès en concert. Sur scène, l’atmosphère qu’il instaure et l’intimité qu’il partage avec le public est unique. Parallèlement, Yann Tiersen signe aussi les partitions, beaucoup plus discrètes, des films de Philippe Le Guay : Trois Huit (2001) et Le Coût de la vie (2003).

LENINE

Grâce à la notoriété acquise en Europe avec Amélie Poulain, Yann Tiersen surprend en tentant un pari original: celui de réaliser la bande originale d’un film allemand qui ne semble pas être spécialement prédestiné au succès. Et pourtant, Good Bye, Lenin! s’avère être un triomphe en Allemagne. La recette de Wolfgang Becker, imparable, est au fond la même que celle de Jean-Pierre Jeunet: une cuillérée de culture populaire, une pincée de nostalgie et une bonne louche d’humour. On comprend dès lors mieux l’intérêt du compositeur breton pour cette histoire. Quoiqu’il en soit, la bande originale qui en résulte est magnifique. Sortie en février 2003 en Allemagne, elle remporte brillamment le Lola, équivalent allemand du César, de la meilleure bande originale de film. Par rapport à la partition d’Amélie Poulain, Good Bye, Lenin! comporte nettement moins de morceaux "bricolo-rigolos" et privilégie l’émotion, en contradiction avec la tonalité globalement humoristique du film. Par moment, lorsque le piano envahit, seul, l’espace sonore, on atteint le lyrisme d’un Michael Nyman (La Leçon de piano, Gattaca). Le chant ne trouve sa place que sur l’ultime morceau, avec la voix cristalline de Claire Pichet. Ce disque, le 9ème album de Yann Tiersen, sortira en France au mois d’octobre 2003, confirmant la naissance d’un grand compositeur de musique de film particulièrement doué pour flairer le succès.

par Yannick Vély

En savoir plus

2003 BOF Good Bye, Lenin! 2002 C’était ici 2001 BOF Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain 2001 L’Absente 1999 Black Session 1995 La Valse des monstres 1999 Tout est calme 1998 Le Phare 1998 Rue des cascades

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