Tim Burton - L’exposition

Tim Burton - L’exposition

Du 7 mars au 5 août a lieu, à la Cinémathèque française, l'exposition événement consacrée à Tim Burton. Hommage à ses films mais aussi exploration de son laboratoire, de sculptures en multiples dessins. Une exposition passionnante qui tient ses promesses.

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Si cette exposition consacrée à Tim Burton est née au Moma, temple new-yorkais de l'art moderne et contemporain, ce n'est pas un hasard. Car cette manifestation rend non seulement hommage à un cinéaste d'aujourd'hui, mais à un créateur contemporain au sens large, comme peut l'être un Lynch. Dessins, sculptures, installations sont autant de cordes à l'arc artistique de Burton. Certaines de ces pièces ont été créées spécialement pour l'occasion. La ligne Burton, sa touche, se reconnaissent entre mille. Son goût pour l'horreur et le kitsch se retrouve dans la montagne de dessins présentés dans cette exposition, qu'il s'agisse de travaux préparatoires, sur toile ou griffonnés sur des serviettes de table, ou d'œuvres uniques qui illustrent les obsessions de l'auteur, enfants malheureux, femmes-monstres, héros torturés. La question posée par l'exposition est celle du paradoxe Burton. Comment un éternel outsider a pu en arriver, aujourd'hui, à être un des principaux amuseurs de la planète ? L'art de Burton n'a quasiment jamais cédé aux compromis. Quelques exceptions au cinéma: La Planète des singes et sa récente Alice, deux films en net retrait par rapport au reste de son œuvre. Ses autres films, ses contes ou cauchemars morbides, son Mars Attacks ! sorti l'année d'Independence Day, son choix de la stop-motion à l'heure de Pixar, son dynamitage des canons industriels du blockbuster (quel autre film de 150 millions de dollars, pour 500 millions rapportés dans le monde, a la gueule de Charlie et la chocolaterie ?) sont ceux d'un éternel challenger qui n'a que rarement dévié de sa route. Mieux: comme Spielberg à une époque, Burton a désormais sa petite cohorte de haters pour qui cette sur-popularité est insupportable.

L'exposition Burton revient aussi sur un malentendu. Si l'univers de Burton est morbide, il est aussi rempli d'humour noir, de distance kitsch, de réminiscences camp, plus que strictement gothique. Si Sweeney Todd ouvrait une nouvelle voie à son cinéma en se parant d'un sens de la tragédie absent de ses précédents films plus rieurs, Burton, dès ses milliers de dessins, rit de morts absurdes, de gamins calcinés, de fillettes éborgnées, carnages pop et exutoires échappés de l'imagination d'un jeune garçon élevé dans une banlieue terne, hyper-américaine, hyper-standardisée, hyper-normalisante. L'explosion chromatique s'invite dans ces dessins en noir et blanc. Les accessoires des longs métrages de Burton, autant de traces cultes (les mains d'argent d'Edward, les rasoirs de Sweeney Todd, le pull angora de Ed Wood, les masques de Batman...) sont là et font le lien entre ce qui est crayonné et ce qui est imprimé sur la pellicule. L'œuvre de Burton est encore très jeune puisque Tim n'a que 53 ans. Le temps de se perdre (Alice est sans aucun doute son pire film), mais aussi de se retrouver. Cette exposition enthousiasmante (associée à une carte blanche qui va de films tels que l'ovni Glen or Glenda au chef d'œuvre officiel Huit et demi, de John Waters à l'expressionnisme allemand, de Paul Leni à Polanski) fait le portrait en cours d'un auteur passionnant et plus complexe qu'il n'y paraît.

par Nicolas Bardot

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