Noël de Mickey (Le)

Le soir de Noël, le vieil usurier Scrooge, avare et misanthrope, reçoit la visite du fantôme de son associé Jacob Marley. Celui-ci essaie de lui faire comprendre qu'il s'est trompé en ne s'intéressant toute sa vie qu'à l'argent. Scrooge ne veut rien entendre, mais c'était sans compter la visite des esprits des Noëls passés, présents et futurs…
SMELLS LIKE CHILD SPIRIT
C'est au début des années 80, suite à une compilation de chansons de Noël, que Disney décida d'adapter ce célèbre conte de Dickens. Si celui-ci bénéficie d'un nombre toujours croissant de transpositions au cinéma, la version Disney offre, en plus de maintenir l'histoire dans sa contemporalité, une distribution de choix: Picsou (dont le vrai nom en VO est d'ailleurs Scrooge), Mickey, Dingo, Donald, Minnie, Daisy, autant de figures légendaires qui pourtant n'apparaissent jamais dans les longs métrages qui font le succès du studio. Le Noël de Mickey a ainsi beau être un court métrage, il permit à beaucoup de découvrir sur grand écran ces personnages-figures de proue. Il fut diffusé dans les cinémas, à partir de 1983 et pendant quelques années ensuite, en première partie DU long métrage de Noël de la maison Disney. C'était donc avec délice que l'on appréhendait la séance annuelle, rien que pour la diffusion de ce petit bijou d'émotion.
THE GHOST WHISPERER
En effet, cette version animée est L'une des plus fidèles qui soient, malgré une durée qui oblige à bon nombre de raccourcis. Le vieux grippe-sou Ebenezer Scrooge nous paraît ainsi bien vite changer d'avis, et de vie, après les visites-éclair successives des fantômes. Mais pourtant, chacun de ceux-ci réussit à lui montrer l'essentiel: tandis que Jiminy Cricket, esprit des Noëls passés, lui fait redécouvrir Isabelle, son amour de jeunesse à qui il brisa le cœur par pure avarice, celui des Noëls présents lui ouvre les yeux quant au sort de ses congénères. Il va donc assister au réveillon de Noël de son unique employé, Bob Crachit ("joué" par Mickey). Celui-ci, complètement exploité par son patron, fait contre mauvaise fortune bon cœur et partage avec sa famille ce soir-là une caille rôtie et une poignée de petits pois. Tandis que les larmes commencent à émerger quand arrive le petit dernier, Tiny Tim, s'appuyant sur sa béquille, l'émotion est à son comble quand surgit le fantôme des Noëls futurs, qui le transporte dans un cimetière...
Scrooge découvre alors, impuissant, Crachit et sa famille se recueillant sur la tombe du pauvre petit Tim. Une autre tombe se creuse pendant ce temps, où personne ne se recueille: c'est celle de Scrooge lui-même. L'esprit malin le poussera alors dedans avec une formule qui prend ici tout son sens: Scrooge est "l'homme le plus riche du cimetière". De retour dans son lit, terrifié, Scrooge n'attendra pas une seconde de plus et récupère la part d'esprit de Noël qu'il avait laissée à d'autres ces dernières décennies! Faisant l'aumône aux pauvres, acceptant l'invitation à manger de son neveu, il va courir chez Crachit en feignant être de mauvaise humeur. Tout ceci pour mieux cacher une énorme dinde, des jouets, et faire d'un Crachit médusé son associé! C'est donc une formidable leçon de générosité, bienvenue en cette fin d'année, qui ressort de ce conte de Noël d'ailleurs récompensé d'un Oscar. Pour l'anecdote, John Lasseter a fait partie de l'équipe de créatifs; est-ce ici qu'il a trouvé tout l'humanisme qu'il insuffla ensuite à ses merveilleuses oeuvres chez Pixar?