Mezzanine Films

Créée en février 2004, la société de production Mezzanine Films a pour ambition de produire et promouvoir les jeunes talents. Son fondateur, Matthieu Bompoint, a fait ses armes à Noé Productions, où il commença comme assistant de post-production sur Le Plaisir et ses petits tracas de Nicolas Boukhrief, et gravit les échelons sur des films tels que Train de vie ou No Man’s Land. Avant de décider de voler de ses propres ailes, il produisit Enquête sur le monde invisible, vrai-faux documentaire sur l’univers des légendes en Islande, réalisé par Jean-Michel Roux, auteur des Mille Merveilles de l’univers.
MEZZANINE
Mezzanine a présenté le 23 avril 2005 au Cinéma des Cinéastes à Paris les deux premiers courts produit en son sein. Deux histoires radicalement différentes trahissant deux approches radicales du cinéma. L’une est posée et contemplative tandis que l’autre est nerveuse et légère. Aidés par la technologie légère DV, les deux aspirants réalisateurs ont su se tirer de conditions de tournage parfois difficiles pour parvenir à l’aboutissement d’œuvres peut-être parfois bancales, mais sincères et réfléchies. L’implication de Matthieu Bomboint s’avère être différente. Dans le cas de Ville morte, il n’est intervenu sur le projet qu’une fois le tournage terminé, choisissant de s'engager à la vision des rushes. Quant au film de Rachid Hami, il lui doit sa présence dès le début de la production. Les deux films ayant ensuite été montés et mixés sous sa coupe, assurant du même coup le transfert sur pellicule afin de permettre son exploitation en salles. En plein essor, Mezzanine Films se trouve être en préparation de deux longs métrages. Tout d’abord Un supplément d’âme, réalisé par Jean-Marie Charuau, l’auteur de Ville morte. Ensuite Corrida, toujours en phase de casting, film sur la manipulation. Deux autres projets sont en cours d’écriture: Foudre un docu-fiction bien nommé sur la foudre, et Les Lascars de la brousse, co-écrit par Olivier Lorelle, auteur des Indigènes, futur film avec Jamel Debbouze.
VILLE MORTE
"Je voulais donner la voix au chapitre de ces veuves corses, victimes d’attentats passionnels souvent interprétés comme politiques", résume le réalisateur Jean-Marie Charuau. Ville morte est né de l’impression d’un continental lors de sa première visite sur l’Ile de Beauté. Passé l’écran du panorama et de l’apparente bonhomie corse, il fut frappé par cette violence à peine voilée mais dont on ne parle pas. L’idée germa alors dans la tête de ce réalisateur dont il s’agit là du premier court métrage de fiction - l’homme s’est formé à l’image dans le documentaire, notamment à l’aide des dernières éditions DVD de Patrice Chéreau. Un film sans paroles, à la trame sonore fouillée, ajoutée en post-production mais intégrée dès le tournage, représentant l’univers mental des protagonistes. L’histoire raconte, en plans fixes pour la plupart, l’assassinat d’un homme adultérin par le mari trompé. L’œuvre suit par la même occasion la future veuve, à la fois trompée et endeuillée, femme en noir. Réalisé dans l’urgence "un mois après ma première visite en Corse, étant parvenu à réunir une équipe technique", Ville morte brosse ses portraits au sentiment et à l’impression, préférant le silence pénétrant des sons d’ambiance aux dialogues qui auraient été inévitablement ampoulés. Le réalisateur est actuellement en pleine préparation de son premier long métrage, toujours produit par Mezzanine. Un supplément d’âme raconte l’histoire d’un personnage à qui l'on accorde un sursis pour qu’il ait l’occasion de choisir une personne et lui dire tout ce qu’il n’a pas pu lui dire avant.
POINT D’EFFET SANS CAUSE
Réalisé par Rachid Hami, acteur remarqué dans L’Esquive et Roi et reines, ce film raconte un bout de quotidien d’un jeune de banlieue qui accueille son jeune cousin fraîchement débarqué du Maroc. Le premier passant son temps entre sa sœur volage et son ami combinard alors que le second va d’illusions en réalités sur la vie d’immigré en France. "A l’origine, j’avais deux scénarios. L’un était un western et l’autre traitait de l’immigration. J’ai commencé par tourner le western et puis j’ai senti le besoin de le mélanger avec l’autre" raconte Rachid Hami. Malgré son apparence dure, le film reste léger et bien interprété ("Le plus important pour moi, c’était d’avoir des acteurs qui jouent bien"), navigant entre la candeur du jeune immigré – sans conteste le personnage le plus réussi et le plus touchant du moyen-métrage – et les méfaits des deux jeunes cow-boys plus maladroits que méchants. Reprenant la structure du western, avec une femme convoitée entre deux clans ou bien la confrontation finale entre les protagonistes, le film n’oublie pas d’être aussi une réflexion sur l’identité, tiraillée entre culture française et nostalgie du bled. Le réalisateur lui-même illustre ce tiraillement en ouvrant et fermant son film sur des peintures de Paul Cézanne comme des parenthèses sur deux mondes si éloignés et si proches. Parmi ses projets, le jeune réalisateur prépare un nouveau moyen métrage avant d’enchaîner sur un premier long avec Matthieu Amalric, Irrémédiable.