La saga ABBA

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My My! Pourvoyeurs de tubes en téflon, porte-drapeau inusable juste devant Ingmar Bergman et les tranches de Wasa, créateurs de l'acronyme le plus populaire du monde et au-delà, ABBA n'est plus depuis 25 ans mais c'est comme s'ils n'étaient jamais partis. La preuve avec un Mamma Mia! qui perpétue à l'écran le carton de la comédie musicale dont il est adapté.

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THANK YOU FOR THE MUSIC

1970: après avoir passé leurs vacances chypriotes à chanter sur la plage, deux couples (Frida et Benny, Agnetha et Björn) se décident à créer, à leur retour en Suède, un spectacle musical. Chacun a déjà poussé ou composé de la chansonnette auparavant, mais Festfolk est l'acte de naissance du quatuor en tant que tel. Stig Anderson, le manager du groupe, leur affirme sans réserve: "un jour, vous écrirez une chanson qui sera un tube mondial". Stig voyait encore un peu petit. Leur premier single, People Need Love, se taille son honnête succès en Suède, celui-ci est alors signé des noms complets des quatre larrons. Première étape vers l'explosion internationale: le Melodifestivalen, la vénérable présélection suédoise pour l'Eurovision, antichambre vers la gloire à paillettes. Le single Ring Ring emprunte en 1973 son mur de son à Phil Spector, technique qui devient une des marques de fabrique du son ABBA. La chanson termine troisième de la finale. En 1974, alors que le groupe a été officiellement baptisé quelques mois auparavant, ABBA retente sa chance avec Waterloo, se qualifie cette fois pour le concours organisé au Royaume-Uni, et le gagne avec un morceau justement influencé par la scène glam-rock anglaise. Waterloo est numéro 1 dans toute l'Europe, et s'invite même dans le top ten américain. L'enjeu du prochain album est la confirmation alors que beaucoup croient à un feu de Bengale. Intitulé ABBA, le disque triomphe, grâce à des singles comme SOS, et surtout Mamma Mia! dont le tic-tac-tic-tac de marimba vaut tous les riffs de guitare de la Terre et leur permettra d'étendre leur empire jusqu'en Australie. Quatrième extrait du disque, le morceau ne devait pourtant pas sortir en single, mais constituera finalement leur plus gros succès depuis Waterloo.

En 1976, le groupe passe un nouveau palier avec l'album Arrival. Le plus célèbre glissando des années 70 leur offrira leur plus gros tube, leur inatteignable Annapurna, leur hymne de la plus belle pour aller danser: Dancing Queen, qui récolte les places de numéro 1 comme César ses lauriers, notamment sur l'eldorado américain. Money Money Money et son style cabaret confirme, et permet au réalisateur attitré des clips d'ABBA (un certain Lasse Hallström, auteur, des années plus tard, des chocolateries de Juliette Binoche et autres mélos chéris des Oscar) de signer le canon esthétique ultime parmi les très codées vidéos du groupe. Knowing Me, Knowing You, enfin, s'avère être la première chanson d'une flamboyante série à venir sur la rupture magnifique, avant The Winner Takes it All, One of Us ou When All is Said and Done. C'est aussi une des compositions dont les quatre Suédois sont les plus fiers. Dancing Queen est la meilleure vente mondiale de 76, Knowing Me... la deuxième de 77 après I Feel Love de Donna Summer. ABBA est roi de la planète, des Etats-Unis au Japon, d'Europe en Australie. Le groupe continue d'enchaîner les tubes jusqu'au début des années 80. Les couples se sont séparés mais la musique ne s'arrête point... jusqu'au chant du cygne, en 1982, alors que le succès est sur le déclin. Le 11 décembre, ils feront leur dernière apparition publique à la télévision.

Pourtant, 25 ans après, les Suédois sont toujours là. D'abord parce que leurs 400 millions de disques vendus ne s'oublient pas si vite, ensuite parce qu'on estime qu'il s'écoule toujours, chaque année, entre 2 et 3 millions de disques d'ABBA dans le monde. Après un album aux chiffres décevants (American Life), la Madone elle-même retrouve un souffle nouveau en obtenant son plus gros tube depuis des lustres avec un sample de Gimme Gimme Gimme (tandis que Mireille Mathieu avait pris les devants, dès la fin des 70's, en adaptant The Winner Takes it All avec son sagace et congru Bravo, tu as gagné). Au cinéma, Priscilla, folle du désert et surtout Muriel, dont l'héroïne fan absolue d'ABBA se rêve Dancing Queen, chante Waterloo et dit oui au son de I Do, I Do, I Do, perpétuent l'adoration. En 1999, une comédie musicale reprenant les chansons du groupe est créée. En 2008, l'adaptation ciné sortie le même jour qu'un certain Dark Knight rapporte 140 millions de dollars sur le seul sol américain. Et en juin 2009, le pélerinage des fans se fera à Stockholm avec l'ouverture du musée ABBA. Les années passent, mais le mythe, increvable, ne se résoud pas mourir. Et les colombes de l'amour se réunissent toujours sur les parfaites harmonies de Take a Chance on Me.

par Nicolas Bardot

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