Harry Potter et l’ordre du Phénix

Harry Potter et l’ordre du Phénix

C’est l’été et Harry Potter est sur le point de fêter la non célébration de ses quinze ans chez son oncle et sa tante, au 4 Privet Drive. Seulement, une attaque imprévue de Détraqueurs le plonge dans de profonds ennuis avant même qu’il n’entre dans sa cinquième année à Poudlard. Et ce n’est pas à l’école des sorciers, siège de tous les enjeux politiques, qu’il sera plus à l’abri des complots qui se trament.

BIENVENUE DANS L'AGE INGRAT

La sortie anglaise du tant attendu cinquième volet du plus célèbre sorcier de la terre - avec Gandalf - a pris la tournure d’un événement aux dimensions planétaires. Nous avions laissé le jeune Harry alors qu’il venait juste d’échapper des griffes d’un Voldemort nouvellement ressuscité. Plus long de 90 pages, dans sa version anglaise, que Harry Potter et la Coupe de feu (840 pages contre 752), l’histoire est quant à elle plus sombre, plus adulte et plus mature. Arrivé à 15 ans, Harry est devenu un adolescent avec l’ensemble des troubles que cette période suppose. Outre l’éveil du désir pour le sexe opposé, Harry Potter devient plus dur, ses conflits avec le monde des adultes vont le pousser à s’approcher des franges d’une certaine antipathie. Exploitant parfaitement l’ensemble des graines narratives que J.K. Rowling avait plantées lors des précédents tomes, ce volume fait office d’œuvre de fin de transition, finissant le cycle entamé dans La Coupe de feu. Promettant ainsi une nouvelle dynamique pour les deux prochains volets, qui clôtureront la saga. Outre les enjeux de l’intrigue principale, l’auteur sait parfaitement ménager le quotidien des élèves de Poudlard, et elle parvient une fois encore à tisser une trame simple et merveilleusement réaliste de l’univers entourant Harry Potter. Le bouillonnement d’idées et de trouvailles est au service d’une intrigue mettant en scène les notions des enjeux politiques. D’une subtilité rare pour un livre destiné aux jeunes adolescents, l’histoire laisse entrevoir les rouages complexes de l’univers des sorciers. A présent, Harry Potter ne doit plus seulement affronter les dangers propres à son école et à son identité, mais il doit aussi faire face aux tensions générées par les différents courants politiques. Il découvrira ainsi à quel point les jalousies et les conflits d’intérêts se prolongent jusqu’à Poudlard.

RACINES

Une fois encore, J.K Rowling brasse les thèmes qui lui sont chers. Si l’identité et l’héritage se trouvent de nouveau au centre de l’œuvre, elle y ajoute par petites touches des thèmes plus sensibles. Après le racisme ou la persécution des Juifs racontés sous forme d’allégories dans les précédents tomes, c’est au tour de la notion de vérité d’être mise en avant. Harry aura à apprendre que l’interprétation d’un événement dépend surtout du point de vue et du crédit que certains lui apportent. Une fois encore, Harry devra apprendre que certaines choses ne sont pas nécessairement tenues comme acquises et que parfois une profonde remise en question est essentielle. C’est ainsi qu’à mesure que l’histoire avancera, il sera confronté à la réalité de ses origines, qui ne seront pas exactement celles qu’il croyait. Il découvrira que la vie est sans cesse plus complexe et plus profonde qu’une simple collection de vignettes et de souvenirs. Dans cet ouvrage, J.K Rowling prend le temps de raconter l’histoire, ne faisant avancer l’intrigue que dans un dernier tiers, préférant poser des jalons espacés durant tout le début. Ici, pas ou peu d’enquête policière, juste un mystère sur l’identité et le rôle de Harry dans le complot qui le dépasse. Une fois encore, Rowling sait faire évoluer Harry dans son univers et selon son âge et ses expériences. Seulement, on pourra reprocher à l’auteur anglaise un style sans âme qui, s’il permet une fluidité remarquable dans la narration, empêche toute originalité formelle, et offre une écriture presque anonyme, sans fioriture, mais aussi sans force. Cette faiblesse empêche parfois de faire décoller le récit hors des sentiers battus et se contente aussi quelquefois de rebondissements sommaires et convenus. Seulement, passé cette légère sensation d’inachevé, le cinquième roman des aventures d’Harry Potter est un exemple de lecture pour petits et grands. Doté de plusieurs niveaux de lecture, l’œuvre se dévore avec autant de passion et de facilité que les tomes précédents. Espérons toutefois que Rowling saura se renouveler et concevoir quelques belles surprises afin d’achever sa fable en beauté.

par Nicolas Plaire

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