Eastwood after hours: Live at the Carnegie Hall

Piano Blues, le septième film de la collection The Blues, réalisé par Clint Eastwood, ne sortira pas sur nos écrans. Une nouvelle qui laisse un goût amer, au vu de la qualité des précédents documentaires et de la passion qu’entretient le réalisateur pour ce courant de musique. Afin de réparer cette injustice, et d’attendre la sortie DVD en août 2004, petit retour sur le concert hommage à Clint Eastwood du 17 octobre 1996 au Carnegie Hall à New York.

PLAY MISTY FOR ME

Depuis ses débuts en tant que réalisateur, Clint Eastwood s’est appliqué à mettre en avant à travers ses films sa passion pour le jazz. Hommages, biopic, déclaration d’amour ou simple toile de fond, il a toujours pris soin de parsemer la moindre de ses œuvres de références à cette musique chère à son cœur. Une thématique résumée dans ce concert du Carnegie Hall, réunissant la crème des jazzmen sur trois générations (de Jimmy Scott à Joshua Redman en passant par Barry Harris, Christian Mc Bride, Flip Phillips, Charles McPherson, Thelanious Monk Jr. ou encore the Kyle Eastwood Quartet) pour interpréter des extraits des bandes originales de bon nombre de ses films (qu’il y ait été uniquement acteur ou également réalisateur) et de quelques documentaires sur le jazz qu’il a produit: Un Frisson dans la nuit, The Last of the Blue Devils, Honkytonk Man, Bird, Chasseur blanc, cœur noir, Sur la route de Madison, Impitoyable, La Corde raide, Le Bon, la brute et le truand, Rawhide, Thelonious Monk Straight no Chaser, Dans la ligne de mire. Une soirée magique, d’une grande qualité, dirigée par Lennie Niehaus, sous l’œil attentif et ému de Clint Eastwood, qui n’a pas résisté au plaisir d’accompagner au piano l’orchestre du Carnegie Hall pour le dernier morceau, un medley de After Hours et C.E. Blues.

"LADIES AND GENTLEMEN, I’M CLINT EASTWOOD AND I LOVE JAZZ"

Le tout a fait l’objet, bien sûr, d’une sortie sur support CD, mais également d’un enregistrement vidéo réalisé par Bruce Ricker, édité en DVD. Le montage de Joel Cox y alterne savamment des séquences musicales, émaillées de scènes des films dont sont extraits les morceaux joués, avec de courtes interviews de Clint Eastwood, sourire aux lèvres et regard pétillant, expliquant ses choix musicaux, racontant de petites anecdotes sur sa découverte de chacun d’eux étant jeune, s’exprimant sur la qualité de la nouvelle génération de jazzmen et sur les moyens à mettre en place pour faire perdurer ce genre musical qui tend peu à peu à s’éteindre. Ce live ainsi agrémenté et commenté est complété pour les besoins du DVD par un bonus de dix petites minutes intitulé Eastwood after dark, rassemblant les témoignages de chaque musicien sur la soirée et leur rapport à Clint Eastwood. Si certains, comme Jon Faddis, Phil Ramon et Kevin Mahogany, évoquent à tour de rôle leur collaboration sur les films du réalisateur, d'autres, nouveaux venus comme Joshua Redman ou Thelonious Monk Jr., insistent quant à eux sur l’importance des œuvres de Clint Eastwood qui, de par leur caractère grand public, se placent comme des moyens de premier ordre pour la diffusion du jazz. Car selon eux, non content de coller simplement cette musique à ses images, il en capte toutes les richesses, pour arriver à une alchimie parfaite entre les deux médiums. Une idée merveilleusement mise en image avec ce DVD.