Deux Desperado en musique

A l'image de son ami Quentin Tarantino, Robert Rodriguez a toujours parsemé ses films de morceaux musicaux choisis en totale adéquation avec le sujet. S’il n'atteint pas complètement le niveau suprême de "son frère" en la matière, le créateur du plus célèbre des mariachis a rendu hommage à son personnage en compilant deux superbes bandes originales dans ses deux Desperado.

Dans son premier opus, le plus "tarantinien" des deux, il s'est laissé porté par les guitares sensuelles et énergiques de Los Lobos et de quelques autres maîtres de l’objet (Tito & Tarantula, Mark Knopfler, Santana). Trois highlights musicaux se détachent ainsi du film. La parfaite séquence de La Canción del Mariachi de Los Lobos interprétée par un Antonio Banderas surpuissant, débordant d'énergie, ancrant son personnage dans un état de grâce qu'il conservera tout au long du film. L'entrée culte de Steve Buscemi au son de Six Blade Knife de Dire Straits. Les battants du bar s'ouvrent alors que la guitare de Mark Knopfler joue ses premiers accords, la caméra suit les bottes éperonnées de l'homme. L'espace de quelques secondes, Rodriguez transforme son film en western spaghetti, une analogie qu'il conservera jusque dans son dernier volet du Mariachi. La voix douce et planante de Salma Hayek égrainant quelques notes sur une guitare acoustique. Quedate Aqui est une complainte légère, un instant de calme avant la tempête.

La bande originale de Il était une fois au Mexique reprend les mêmes principes: reprises de chansons aux rythmes hispanisants (chanson d'un mariachi dans un bar, cette fois-ci interprétée par Enrique Iglesias, voix de Salma Hayek pour clore le film), extraits et dialogues et compositions originales, signées cette fois-ci par le réalisateur lui-même. Depuis le premier Spy Kids, Rodriguez a ajouté à sa carrière à multiples facettes la fonction de compositeur. Les excellents morceaux Eye Patch, Guitar Town, The Man with no Eyes, Coup d’Etat ou encore El Mariachi qu'il a écrits pour le film prouvent que l’homme maîtrise son sujet. A retenir en particulier les solos de guitare de Brian Setzer dans Malaguena, le très bon Sands Theme composé et produit par Johnny Depp himself pour accompagné son personnage, le remix de Pistolero par Juno Reactor, la superbe version live de Dias de Los Angeles et enfin l’incongru Me gustas tu par notre Manu Chao national, qui s’intègre parfaitement à la bande originale une fois passés les préjugés. Cependant, malgré toutes ces qualités, cette seconde compilation, à l'image du film, reste quelque peu en deçà du niveau qu'avait atteint la première. Léger regret du à la comparaison, mais réel plaisir à l'écoute.