Entretien avec Theresa Traore Dahlberg

Entretien avec Theresa Traore Dahlberg

Née en Suède d'un père burkinabè et d'une mère suédoise, Theresa Traore Dahlberg signe son premier long métrage avec le documentaire Ouaga Girls. Ce film au propos galvanisant et aux héroïnes attachantes raconte le parcours de quelques jeunes femmes de Ouagadougou qui apprennent à devenir mécaniciennes. De quoi rêvent les jeunes filles ? Voici l'une des question qu'explore ce doc actuellement en salles. Entretien avec la réalisatrice...

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Comment est né Ouaga Girls ?

Je m’intéresse aux choix qu’on peut faire dans une vie et à ce qui se trouve derrière ces décisions. Dans quelle mesure la société et les attentes extérieures peuvent vous affecter ? Je vivais à Ouagadougou à leur âge, et j’étais curieuse de voir comment c’était, d’être une jeune fille à Ouaga aujourd’hui. J’ai fait un film intitulé Taxi Sister sur une conductrice de taxi à Dakar qui avait fait le choix à contre-courant d’être à ce poste en étant une femme. Ce qui m’a intéressée dans le cas précis de Ouaga Girls, c’était que ces filles n’ont pas activement fait le choix d’être des pionnières. Ce sont juste des filles comme les autres qui ont atterri dans cette école après avoir été contraintes à quitter l’école publique pour diverses raisons (une grossesse précoce, des problèmes familiaux etc) et c’était une manière d’avoir un métier. Je souhaitais les suivre à l’école, à la maison, lors de la vie nocturne, en tant qu’étudiantes, amies, filles et mères dans ce moment très spécial de leur vie, un an avant leur vraie vie d’adultes.

Votre film est inhabituel car votre sujet l’est aussi, mais c’est également le ton de Ouaga Girls qui est surprenant pour ce type de récit. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre approche d’une certaine manière assez légère d’un tel sujet ?

J’ai vu tellement de films venant de différents pays d’Afrique portant sur la famine, la guerre et les catastrophes. Je voulais faire un film sur la vie de tous les jours, un film qui lorsque vous sortez du ciné vous fasse sentir fière, empowered, remplie d’espoir. C’est une classe avec des personnages si différents, des rêves, des histoires et une amitié forte qui m’ont inspirée.

Votre film parle de ces filles en particulier, et la ville est très présente – mais dans quelle mesure diriez-vous que l’histoire de Ouaga Girls est universelle ?

Je dirais qu’elle est universelle dans ce sens où il s’agit avant tout d’un récit d’apprentissage, une coming of age story.

Quelle importance le montage a-t-il joué dans la confection de Ouaga Girls ?

Le montage a nécessité beaucoup de temps car je voulais faire un film choral avec différents personnages principaux. Je suis également inspirée par un cinéma plus lent et je souhaitais qu’on ressente les 40 degrés de Ouagadougou, que cela s’exprime dans le rythme du montage et de séquences comme rêvées. Alexandra Strauss qui vient de travailler sur le montage de I Am Not Your Negro est venue et on s’est vraiment entendues, notamment en trouvant le ton du film au montage.

Votre film a t-il été montré à Ouagadougou ? Quelles ont été les réactions ?

Oui, il a été montré au Festival FESPACO l’an passé, et les réactions ont été bonnes ! Cela a suscité pas mal de discussions au sujet des attentes des femmes et de leur travail. Les filles qu’on voit dans Ouaga Girls auraient aimé que le film soit plus long !

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par Nicolas Bardot

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