Elément indispensable à la saga, le méchant, le némesis, l'antagoniste, l'adversaire de James Bond occupe une place tout aussi importante que lui. C’est la raison d’être de James Bond. Sans fou mégalomaniaque, militaire avide de pouvoir, James Bond deviendrait un vieil anglais neurasthénique, ruminant la fin de la guerre froide en regardant mélancoliquement une photo d'un amour qui l'aurait quitté pour un businessman bronzé. Dans l'univers de James Bond, il y aura toujours un fou furieux prêt à tout pour faire sauter la planète. Interchangeable, le méchant est souvent riche ou du moins travaille dans une organisation ou un pays qui possède les ressources nécessaires à menacer la paix dans le monde. En outre, ils se font aider par des seconds couteaux, des hommes de main dont la fonction consiste à se salir les mains à la place de leurs patrons. Ainsi un certain nombre de courants apparaissent dans l'organigramme du vilain dans James Bond.

LE SPECTRE

Service pour l'Espionnage, le Contre-Espionnage, le Terrorisme, les Règlements et l'Extorsion. Sa fonction est principalement de s'enrichir et de conquérir le monde. Chaque agent à une mission spécifique à accomplir et tout échec se solde par la mort. Nombre de ses exécutants ont eu maille à partir avec James Bond, dont le plus connu reste Ernst Starvo Blofeld, le numéro 1, présent dans un grand nombre d'aventures de Bond. Si son visage restait dans l’ombre dans les premières missions de l’agent secret britannique, son identité est révélée dans On ne vit que deux fois. D'autres agents du SPECTRE échafaudèrent leurs plans diaboliques, dont le Dr. No, méchant du film éponyme, et Largo présent à la fois dans Opération Tonnerre et son remake Jamais plus jamais.

LE SMERSH

La contraction des mots russes 'Smyert Spionam' signifiant 'Mort aux espions', le SMERSH est un rassemblement des meilleurs tueurs russes. L'organisation semble avoir réellement existé et dans les James Bond, son membre le plus vigoureux est Red Grant, interprété par Robert Shaw (Quint dans les Dents de la mer). Le KGB n'est pas en reste puisqu'il lâcha en travers de la route de James Bond de dangereux agents tels que Scaramanga dans L'Homme au pistolet d'or.

LES MILLIARDAIRES

La catégorie la plus nombreuse, laissant penser que l'argent libère une force corruptrice entraînant une mégalomanie destructrice. Combien de nababs désireux d'accroître leur fortune ont croisé sur leur route un obstacle nommé James Bond? L'un des plus savoureux est Auric Goldfinger, milliardaire manipulateur désireux de faire fructifier sa réserve d'or. D'autres milliardaires monomaniaques feront parler d'eux en la personne de Hugo Drax, incarné par Michael Lonsdale, qui, en parfait misanthrope, veut se débarrasser de l'Homme pour imposer sa propre vision du genre humain. Elliot Carver n'en demeure pas moins un ultime exemple de richissime méchant. Magnat des médias de Demain ne meurt jamais, il ne désire rien de plus que de pouvoir maîtriser l'information pour la vendre de la façon la plus directe et la plus rapide possible.

LES HOMMES DEMAIN

Ces méchants ne seraient rien sans leurs hommes de mains. Des personnages patibulaires à qui l'on confie la basse besogne, l'exécution sommaire ou tout autre mission de vandalisme brutal. Et dans la saga James Bond, ceux-ci font partie des méchants les plus symboliques du cinéma. Souvent dotés de caractéristiques physiques particulières, ils marquent les esprits, parfois jusqu’à éclipser leurs patrons. C’est également eux qui montent au créneau de l’agression physique envers James Bond et ses proches, leur permettant de pénétrer le cadre de l’espion anglais. Ainsi, certains hommes de main appartiennent au panthéon du cinéma. Tel Oddjob, mutique colosse asiatique au service de Goldfinger, champion de lancé de chapeau mortel. Ou bien le fameux Requin, géant au sourire d'acier, l’unique méchant à être présent dans deux épisodes de James Bond. Un dernier homme de main semble mériter qu'on le note, il s'agit de Dario, vu dans Permis de tuer, employé de Franz Sanchez, dont l'interprète n'est autre qu’un Benicio Del Toro aux traits juvéniles. Comme le disait Hitchcock dans sa fameuse formule: "plus un méchant est réussi et plus le film le sera". Les films de James Bond ne dérogent pas à cette règle: les méchants y sont archétypaux et réglés comme du papier à musique, répondant au cliché du plan maléfique foireux que Bon désamorcera au dernier moment. Le spectateur doit aimer les détester, souhaiter voir ses ambitions échouer et que sa mort soit aussi sadique que possible.

Nicolas Plaire