Il était une fois... des dizaines de filles superbes, aux corps sveltes, aux sourires ravageurs et aux méthodes plus ou moins explosives. Tantôt potiches, tantôt femmes fatales, certaines sont soumises, d'autres dominatrices; elles peuvent être violoniste, voleuse, riche héritière, espionne ou chercheur en physique nucléaire, inoffensives comme très dangereuses, mais (presque) toujours mystérieuses. Leur point commun: être passées entre les mains du plus célèbre agent secret au service de Sa Majesté, James Bond.

LA MUSE

Image cultissime s'il en est, Ursula Andress, ou plutôt Honey Rider sortant de l'eau dans son légendaire bikini blanc, cela créa quelques remous en 1962. D'autant plus que l'actrice avait été choisie sans casting, simplement après avoir été remarquée par le producteur et le réalisateur qui avaient vu d'elle quelques photos dénudées. La Suissesse s'imposa donc naturellement sur James Bond contre Dr. No, Fleming tombant lui-même sous le charme, et explosa en tant que sex-symbol, donnant le ton pour toutes les Girls suivantes. De couvertures de Playboy en films plus ou moins réussis mais internationaux (elle tourna aux USA mais aussi en France ou en Italie, où elle vit aujourd'hui), elle apparut en 1967 dans la parodie de James Bond qu'est Casino Royale! Maintenant âgée de 70 ans, la sculpturale blonde participe surtout à divers documentaires sur l'univers de Bond. Pour tous, elle restera LA Bond girl, un modèle de féminité teinté de légère virilité (le couteau attaché au bikini).

DES PAILLETTES...

Certaines actrices se sont particulièrement distinguées en venant user de leur charme auprès de 007. Ainsi, Honor Blackman, pleine de verve et tout droit venue de Chapeau melon et bottes de cuir, éclate dans Goldfinger, en 1964, sous le doux nom de Pussy Galore. Ayant juste auparavant joué dans le célèbre Jason et les Argonautes, la Britannique enchaîna avec une carrière internationale assez fournie et joua récemment dans Le journal de Bridget Jones. Les Françaises ne sont pas en reste non plus: outre Claudine Auger, une jeune Miss France dont Opération Tonnerre en 1965 fut un véritable coup de chance (et coup de pouce), Carole Bouquet reste la légendaire jeune-fille-à-sauver de Rien que pour vos yeux, aux côtés cette fois de Roger Moore, en 1981. Aujourd'hui encore, après une longue carrière à la fois au cinéma et dans le mannequinat - elle fut longtemps l'égérie de Chanel -, elle est l'une des actrices françaises les plus demandées. La seule autre Bond girl à être devenue aussi célèbre est la blondissime Kim Basinger, qui joua dans le Bond non-officiel, toutefois interprété par Sean Connery, Jamais plus jamais en 1983, où elle passe la bague au doigt à l'agent secret. Mais elle n'était pas la première femme de 007. En effet, celui-ci, sous les traits de George Lazenby, épousa Diana Rigg, plus connue sous le nom d'Emma Peel, en 1969 dans Au service secret de sa Majesté. La légendaire acolyte de John Steed succéda dans la série Chapeau melon et bottes de cuir à Honor Blackman et devint une véritable icône grâce à ses combinaisons moulantes et sa pratique des arts martiaux. Se tournant ensuite plus volontiers vers le théâtre, elle fut de nombreuses fois récompensée et accéda au titre anglais de "Dame Diana Rigg".

Jane Seymour, future Docteur Quinn, se fit connaître quant à elle en interprétant la mystique Solitaire dans le curieux Vivre et laisser mourir en 1973. Depuis lors, elle participa à de nombreux films et séries et est l'une des rares Bond girls à être encore en pleine activité. Inversement, Grace Jones était au sommet de sa gloire en 1985 lorsqu'elle accompagna Roger Moore dans son dernier Bond, Dangereusement vôtre. Véritable star des années 80, son corps, sa coiffure et sa voix étaient uniques et elle fut demandée un certain temps à la fois au cinéma (Conan le Destructeur en 1984), dans la chanson ou en tant que mannequin. La redoutable Jamaïquaine était la deuxième Bond girl de couleur, après Gloria Hendry dans Vivre et laisser mourir. La seule actrice à succomber deux fois au célèbre espion fut Maud Adams, que l'on vit en charmante Girl en 1974 dans L'Homme au pistolet d'or, puis plus mûre et dangereuse dans le rôle-titre d'Octopussy en 1983, tenant tête à Roger Moore. Ce mannequin suédois eut une belle carrière dans les années 80, tout comme une autre Girl rousse, Jill St John, remarquée en 1971 dans Les Diamants sont éternels. Alors qu'elle a commencé très jeune (à 4 ans) le métier d'actrice, l'actuelle épouse de Robert Wagner participa ensuite à quelques séries phares comme La Croisière s'amuse, Magnum, Vegas ou encore L'Ile fantastique.

... AUX OUBLIETTES

Si leurs noms ne vous sont pas inconnus, certaines James Bond girls ne sont pour autant pas devenues des stars et n'ont connu qu'un semblant de célébrité, un court instant, bien souvent celui de poser aux côtés de Sean Connery ou Roger Moore. Ainsi, la plupart des mannequins de diverses nationalités ayant été repérées et jetées dans les bras de 007 n'ont pas pour autant vu les portes s'ouvrir devant elles. Britt Ekland (L'Homme au pistolet d'or, 1974), Barbara Bach (L'Espion qui m'aimait, 1977), Loïs Chiles (Moonraker, 1979) ou encore Barbara Carrera (Jamais plus jamais, 1983), ont profité d'une certaine notoriété à la sortie du film, mais aucune ne vit sa carrière s'envoler et chacune ou presque passa par la case Playboy. N'oublions pas non plus Tanya Roberts (Dangereusement vôtre, 1985), un mannequin qui tourna pourtant dans la dernière saison de Drôles de dames et qui après James Bond ne fut guère engagée que sur des navets, la plupart du temps érotiques. Elle connut cela dit une seconde chance en jouant dans la sitcom That 70's Show. Quant à Lana Wood, seconde Girl des Diamants sont éternels en 1971 suite à quelques photos dans Playboy, elle ne parvint jamais à s'imposer par rapport à sa soeur (Natalie Wood) ni à l'image de celle-ci quand elle disparut en 1981. Malgré des apparitions dans des séries comme Les Mystères de l'ouest, Le Fugitif ou Starsky et Hutch, elle fut plus connue pour ses frasques amoureuses que pour ses rôles. Aujourd'hui grand-mère, elle a cessé de tourner il y a plusieurs années. Enfin, certaines ne sont pas oubliées pour la simple et bonne raison qu'elles n'ont jamais été connues: qui se souvient de Daniela Bianchi (Bons Baisers de Russie, 1963), une magnifique Italienne qui stoppa sa carrière à son mariage en 1970, ou de Akiko Wakabayashi et Mie Hama (On ne vit que deux fois, 1967), les premières Bond Girls asiatiques?

LA NOUVELLE GENERATION

En 1987, James Bond change encore une fois de visage et est incarné par Timothy Dalton, choix peu apprécié. Parallèlement, le choix des Bond Girls semble se porter dorénavant plus sur les actrices que sur les playmates. Pourtant, on voit se succéder la fade Maryam D'Abo (Tuer n'est pas jouer, 1987), qui n'hésite pas à poser nue lors de la promotion du film, et Carey Lowell (Permis de tuer, 1989), un mannequin dynamique qui secouera un peu le flegmatique Bond-Dalton. Un autre top-model, Talisa Soto, fait aussi partie de la distribution de ce dernier film. En 1995, c'est finalement Pierce Brosnan qui est judicieusement choisi pour incarner le séduisant espion. Avec lui un souffle nouveau arrive sur la saga et les femmes se font plus fatales qu'auparavant. Fini les potiches et autres blondes écervelées, même si elles tombent toujours sous le charme, elles ne sont plus reléguées au rang de gadget. Elles endossent les métiers les plus inimaginables et la princesse-en-détresse se fait rare. Manipulatrice, n'hésitant pas à se battre et à jouer de tous ses atouts, tête haute et poitrine en avant, Famke Janssen ouvre la marche en 1995 dans GoldenEye. Mannequin renommée, elle a prouvé depuis ses qualités d'actrice, notamment en endossant le rôle de Jean Grey dans la saga X-Men. A côté d'elle, Izabella Scorupco fait pâle figure en jouant la gentille de service.

En 1997, Bond trouve son égal en Michelle Yeoh, une star hong-kongaise ancienne Miss Malaisie, qui devient ici une espionne qui manie les armes et les arts martiaux comme aucune autre avant elle. Demain ne meurt jamais lança aux USA la carrière de l'actrice. La future desperate housewife Teri Hatcher était également de la partie, à mille lieues du rôle qui l'a rendue célèbre, à savoir Loïs Lane dans la série Loïs et Clark: les nouvelles aventures de Superman. Mais la qualité s'amoindrit en 1999 dans Le Monde ne suffit pas, la frenchie Sophie Marceau ne convainquant pas en riche et maléfique héritière, et la bimbo Denise Richards encore moins en scientifique de talent. 2002 semble offrir une nouvelle recrue de choix, la perle noire du moment: lancée par Spike Lee dans Jungle fever et révélée au grand public dans X-Men, oscarisée en 2002 pour A l'ombre de la haine, Halle Berry offre sa plastique irréprochable àMeurs un autre jour. Une jolie Anglaise blonde y sera sa rivale, la jeune actrice Rosamund Pike, qui a fait ses armes principalement au théâtre. Le clin d'oeil du film, vingtième épisode des aventures de James Bond: Halle Berry, alias Jinx, y apparaît dans la même tenue culte qu'Ursula Andress dans le premier épisode de la saga. Casino Royale marque aujourd'hui encore un nouveau virage en se penchant sur les débuts de Bond, sous les traits du blond Daniel Craig, et en lui offrant pour la première fois, plus qu'une femme, l'amour, en la personne de la Française Eva Green, qui depuis voit son agenda se remplir à vue d'œil.

Marlène Weil-Masson