FilmDeCulte - Quelles sont les principales caractéristiques de l'évolution des James Bond, en dehors des acteurs?

Laurent Perriot – Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais personnellement, je trouve que le personnage de James Bond n'a pas beaucoup bougé en 40 ans, si l'on excepte le fait qu'il rajeunisse à chaque décennie, bien sûr…


FilmDeCulte - Bond reste Bond quoi qu'il arrive, c'est un personnage assez universel en fait

Laurent Perriot – Tout à fait… Comme le dit M, il est "un sexiste misogyne, relique de la guerre froide". Il l'a toujours été et il l'est toujours. Le monde a changé, mais lui, pas tant que ça. Bien sûr, chaque acteur insuffle au personnage une humanité différente, mais on en revient toujours au même, l'univers qui l'entoure a évolué et pas lui.

FilmDeCulte - Y'a t-il une idéologie particulière derrière les films?

Laurent Perriot – Non, aucune. Il n'y a pas de message particulier. Les James Bond sont des divertissements purs, point barre.


FilmDeCulte - Avez-vous des contacts, même lointains, avec les principaux concepteurs de la série

Laurent Perriot – Oui… Des contacts très proches même. En fait, le fan club existe depuis 1989, quand est sorti le dernier Dalton, Permis de tuer. On était quatre copains, fans de Bond, et on s'est rendu compte qu'il y avait un fan club en Angleterre qui marchait très bien, mais pas en France. On a donc monté une association avec un petit magazine papier qu'on a envoyé aux producteurs. Et ça leur a bien plu de voir que des fans maintenaient l'esprit Bond alors qu'il n'y avait plus de films en préparation ou sur les écrans. Le succès est arrivé peu à peu, on a sorti un vrai journal et les relations avec le management se sont accrues. Maintenant, on est invités sur les tournages, vous avez peut-être vu les photos sur le site d'ailleurs… Les relations que l'on entretient avec eux sont très bonnes, même avec Pierce Brosnan d'ailleurs.


FilmDeCulte - Voyez-vous une certaine influence de Bond dans le cinéma actuel

Laurent Perriot – Oui, au moins une, tout le monde essaye de le copier… Ce qui fait en fait une énorme influence, quand on y pense, et en particulier sur le succès des films au box office. James Bond est une valeur sûre et un exemple dans l'industrie du cinéma. Est-ce que vous connaissez une autre "série" qui se constitue de 20 films et qui marche toujours aussi bien? Même Star Wars n'a pas atteint ce niveau, et ce n'est pas pour dénigrer ces films, c'est un simple constat. James Bond, c'est vraiment quelque chose à part dans l'industrie cinématographique et c'est pour ça qu'il a une énorme influence sur beaucoup de gens et de cinéastes.


FilmDeCulte - Comment les livres sont-ils perçus par les fans de la série?

Laurent Perriot – Pour les fans, je ne peux pas trop vous dire, c'est très variable d'une personne à l'autre. Ce qui est sûr, c'est que le James Bond du cinéma est devenu très différent du James Bond du livre. Dans le livre, il est beaucoup plus sombre. Il est limite alcoolo, très sexiste et c'est un obsédé sexuel. C'est un personnage très noir, qui n'hésite pas à tuer les gens de sang froid. On retrouvait un peu ça dans l'interprétation de Sean Connery et ça a totalement disparu avec Roger Moore. Dalton ne s'en sortait pas trop mal pour le côté un peu sombre, mais c'est surtout Brosnan qui se rapproche le plus du personnage des livres de Fleming. Il est beaucoup plus humain, beaucoup plus dur que les autres. Il tue Elektra de sans froid quand même. On n'avait jamais vu Bond tuer une femme de la sorte au cinéma. Et puis il y a son regard aussi. Par exemple dans Le Monde ne suffit pas, dans le pré-générique, quand il tue tout le monde, il jette un regard très sombre, ça c'est le vrai James Bond et c'est Brosnan lui-même qui a insisté pour que l'on voit son regard à ce moment là. Il y a donc quelques réminiscences du livre, mais les films restent quand même très différents.


FilmDeCulte - Et qu'est-ce que vous pensez des livres alors?

Laurent Perriot – Personnellement, je ne suis pas fan des livres de Fleming. C'est quand même assez daté. Sans vouloir être insultant, je trouve que c'est de la littérature de quai de gare. Par contre, je suis un grand épicurien, j'aime beaucoup les petits détails, et Ian Fleming a parsemé ses livres de beaucoup d'entre eux, très précis. Une anecdote, par exemple, la marque du café que boit James Bond, c'est le café des Montagnes bleues de la Jamaïque, qui est réputé comme le meilleur café du monde. Et il existe vraiment ce café. Je m'en suis acheté. Ca coûte très cher, mais c'est effectivement un excellent café…


FilmDeCulte - Parlez-nous du fan-club. Combien de membres gère t-il?

Laurent Perriot – Comme je vous le disais, le fan club a été créé en 1989 par quatre fans. Nous avons monté une association loi 1901 pour combler le vide qu'il y avait au niveau Fan Club en France. Au départ, on a commencé en faisant de la pub dans les revues gratuites que l'on trouve dans les cinés, comme maintenant "Grand Ecran" dans les Gaumont, par exemple. Ca nous a permis de nous faire connaître d'un large public, et c'est ainsi qu'on a démarré. Maintenant, nous comptons un peu plus de 700 adhérents – 007 à l'envers – mais avec la sortie de Meurt un autre jour, on devrait dépasser le millier.

FilmDeCulte - Le millier?

Laurent Perriot – Oui… Dans les 300 membres de plus… Avec la promotion qui est faite autour du film en ce moment, on commence déjà à recevoir pas mal de mails et de demande d'inscriptions par courrier. D'autant plus que le fan club est très sollicité pour faire des interviews, aussi bien pour des sites internet comme le vôtre que pour des chaînes de télé ou de radio. Ca n'arrête pas en ce moment, c'est de la folie…


FilmDeCulte - Et comment les fans apprennent-ils votre existence et deviennent adhérents? Par le site internet?

Laurent Perriot – Oui, entre autre. Notre site est le plus visité parmi tous les sites consacrés à James Bond et il est très bien placé parmi les sites consacrés au cinéma. Mais il n'y a pas que le site, il y a aussi les passages à la télé et à la radio, comme je vous le disais. Et puis, on fait aussi des salons de fans ou d'objets de cinéma, où l'on a des stands avec un coin spécial adhérents.


FilmDeCulte - Avez-vous des anecdotes réservées aux fans sur ce nouvel épisode?

Laurent Perriot – Déjà, je peux vous affirmer que c'est un très bon James Bond, vraiment… Très bon… Ca faisait longtemps que l'on n'avait pas eu un aussi bon James Bond. Sinon, au niveau des anecdotes, sans trop vous dévoiler le film, je peux vous dire que comme c'est le 20ème Bond de la série, il est rempli de clins d'œil aux autres épisodes et c'est assez succulent pour les fans. Notamment dans le laboratoire de Q… Mais je ne vous en dis pas plus…


FilmDeCulte - Que pensez-vous de Pierce Brosnan dans le rôle?

Laurent Perriot – J'en pense que c'est la meilleure chose qui soit arrivée à James Bond depuis Sean Connery. Il est parfait dans ce rôle. Il devait rentrer sur le projet après Roger Moore, mais il y a eu des problèmes de contrat avec la série Remington Steele, et donc c'est Timothy Dalton qui a eu le rôle. Mais il ne collait pas, d'autant plus pour les fans qui avaient en tête Pierce Brosnan pour succéder à Moore. Pierce Brosnan a apporté une nouvelle tonalité à James Bond, il a quelque chose de plus humain. Sean Connery était froid, félin et cynique et on retrouve un peu de ce cynique chez Brosnan d'ailleurs. Roger Moore, quant à lui, c'était le playboy, c'était Brett Sainclair qui joue à James Bond. Quand on regarde des Bond avec Roger Moore, on voit plus Roger Moore que le personnage de Bond lui-même. Brosnan a presque remis au goût du jour le personnage de Bond. Il n'y a pas eu meilleur James Bond depuis Sean Connery. Il est arrivé à faire ce que les Moore, Dalton n'ont jamais réussi, s'approprier le personnage pleinement. Quand, dans la rue, on demande aux gens les noms des interprètes de James Bond, on vous répond Sean Connery et Pierce Brosnan… Tout est là…


FilmDeCulte - a t-il un acteur que vous auriez très bien vu dans le rôle de Bond?

Laurent Perriot – Vous voulez dire, après Brosnan, qui pourra reprendre le rôle?


FilmDeCulte - Oui.

Laurent Perriot – La question se pose effectivement. J'y ai beaucoup réfléchi et franchement, personnellement je ne trouve personne. Et vous?


FilmDeCulte - Ce n'est pas facile… On a beaucoup entendu, pour son côté très classe, le nom de Georges Clooney, mais…

Laurent Perriot – Ah non, pas Clooney, il est trop américain, un peu trop vieux maintenant, et puis vous avez vu comme il bouge sa tête quand il joue? Non, il n'irait pas du tout. Et ça me fait rire aussi quand on dit des noms comme Hugh Grant… Hugh Grant en James Bond, n'importe quoi...

Entretien réalisé par Julie Anterrieu.
Le 14 novembre 2002.