En 1973, Roger Moore, presque déjà trop vieux pour le rôle, débarque et son premier épisode annonce la couleur. Avant de nous offrir le nanar intersidéral Moonraker, où les mauvais choix sont délibérés, arrivait sur les écrans ce Vivre et laisser mourirdont les erreurs partent initialement de bonnes intentions… mais demeurent catastrophiques. Situer la majeure partie du film dans des décors urbains comme New York et la Louisiane reste la grosse erreur du film. On se croirait devant L’Inspecteur Harry. Et en lieu et place de Clint Eastwood, intervient Lord Fauntleroy, autrement dit Roger Moore, avec son air "indécoiffable", sa mouche au coin du nez et ses cigares. Le Lord entreprend alors de combattre, qui d’autre, les Blacks. La communauté noire subit cliché sur cliché, des gangsters de la rue avec leur Pimpmobile – nom vraiment donné dans le film - au Baron Samedi et son vaudou du dimanche. Perdu dans Harlem ou La Nouvelle-Orléans, 007 nage en pleine blaxploitation. Vivre et laisser mourir est une grosse blague. Pas une seule scène d’action bondienne mais que des combats à mains nues, mous comme c’est pas permis, si l’on excepte la très très longue poursuite en hors-bord en plein Sud de l’Amérique avec, comment l’oublier, le Shériff J.W. Pepper en guise de ressort comique. Dans ce magnifique mélange des genres, on passe alors dans le registre de Shérif, fais-moi peur. Ce premier volet de Moore se voudrait, comme pour Lazenby ou les premiers Dalton et Brosnan, un retour aux sources, vers un film d’espionnage plus terre-à-terre, mais le ratage est flagrant. Le scénario se permet les pires inepties, à commencer par la révélation concernant le méchant, prévisible dès son apparition, et son ultime sort (il gonfle et s’envole puis explose), et ne justifie aucunement le budget pourtant confortable du film. Un indéniable manque de talent qui laisse entrevoir le pire.

Réalisateur : Guy Hamilton
Titre original : Live and Let Die
Chanson : "Live and Let Die" - Paul McCartney & The Wings
Méchant : Dr. Kananga/Mr. Big (Yaphet Kotto)
Bras droit : Tee Hee Johnson (Julius Harris), Baron Samedi (Geoffrey Holder)
Bond Girls : Solitaire (Jane Seymour), Rosie Carver (Gloria Hendry)
Voiture : Chevrolet Impala
Le gadget qui tue : une montre-aimant capable de détourner des balles, également équipée d’une mini-scie

Robert Hospyan