Lorsque George Lazenby signe avec les Broccoli pour reprendre le rôle de James Bond, abandonné par un Sean Connery las de la pression, il est loin de se douter du sort qui l’attendait. L’acteur et le film dans lequel il restera à jamais immortalisé, Au Service secret de sa Majesté, demeurent encore aujourd’hui considérés par beaucoup comme le meilleur Bond et le meilleur film de la saga respectivement. Peut-être est-ce le caractère unique de Lazenby qui lui confère cette aura ?

ONE IS THE LONELIEST NUMBER

En effet, il est le seul non-britannique à avoir endossé le smoking de l’agent, le plus jeune (29 ans au moment du tournage), et le seul à ne pas avoir connu le succès par la suite de sa carrière. L’homme d’un seul film (et d’un seul Bond), Lazenby était initialement un mannequin, le mieux payé du monde en 1968 selon les biographies. Sans être pour autant un mauvais acteur, sa performance est loin de convaincre tout le monde. Suivant les illustres traces laissées par Connery, Lazenby, sous la direction de Peter Hunt, monteur des précédents films promu réalisateur de cet unique opus, choisit de jouer Bond comme un personnage beaucoup plus pince-sans-rire que ne l’était le 007 de son prédécesseur. Tout caractère ludique lié au protagoniste a été abandonné au profit d’un espion principalement occupé par son enquête. Seulement cette distance désirée par le réalisateur comme étant plus fidèle au personnage tel qu’il fut imaginé par Ian Fleming se traduit à l’écran par un Lazenby quasi-inexpressif dont le charisme est sévèrement entaché par ses costumes ‘70s (chemise à jabot incluse). En voulant garder la qualité d’homme d’action de Connery tout en annonçant l’aspect « sans y toucher » de Roger Moore, Lazenby apparaît comme un amalgame imparfait des deux interprétations : un faux aristocrate déguisé en soldat mou.

FROM RUSSIA WITH LOSE

Cette approche satisfait peut-être les aficionados des livres, on lui préférera cependant le froid d’un Timothy Dalton, beaucoup plus convaincant. La rumeur veut que l’acteur ait été une véritable plaie sur le plateau, souvent en conflit avec son metteur en scène et paraîtrait-il même avec sa partenaire à l’écran, Diana Rigg. Le film ne rapportera que 22 millions de dollars au box-office. Un succès, certes, compte tenu du budget (7 millions) mais une grosse déception néanmoins. Si l’on excepte le tout premier épisode, James Bond contre Dr. No (16 millions) et le deuxième opus de Moore, L’Homme au pistolet d’or (21 millions), c’est la plus mauvaise performance de toute la saga. Pourtant, les producteurs offrent quand même à Lazenby un contrat de sept films, soit deux de plus que les cinq déjà effectués par Connery. Cependant, l’agent de Lazenby parvint à persuader le comédien de ne pas signer, arguant que le personnage de Bond et la franchise étaient devenus trop éloignés du pouls de l’époque, ringards, et qu’ils ne dépasseraient pas les années 70. Le destin en décida autrement. Pour la saga 007 mais également pour Lazenby, condamné à ne jamais surpasser ce rôle qu’il ne tint qu’une seule fois et qui aura néanmoins fait de lui un nom, en plus d’être le Bond préféré de nombreux fans.

Robert Hospyan

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