La confrérie des mauvais mutants est obligée de s’allier aux X-Men pour combattre la menace commune personnifiée par le général Stryker, ouvertement anti-mutants. Celui-ci a convaincu le Président des Etats-Unis de s’attaquer aux élèves du Professeur Charles Xavier.




A l'origine, X-Men fait partie d'une sorte de courant créé par Stan Lee, jeune scénariste désireux de donner vie à des super-héros plus humains que les anciens Superman ou Batman. Il les soumet alors à des problèmes: le quotidien d'un adolescent pour Peter Parker dans Spider-Man, ou encore l'incapacité pour Bruce Banner de se contrôler lorsqu’il se transforme en Hulk. Cette démarche vise à la construction d'une nou-
 
velle crédibilité pour des personnages que les lecteurs sont las de voir constamment invulnérables. L'approche atteint son paroxysme et une ampleur autrement plus intéressante avec les X-Men. Née durant une période trouble, la bande dessinée se voit profondément ancrée dans une réalité politique et sociale, multipliant les parallèles avec le monde réel et ses figures comme le sénateur McCarthy (et sa lutte contre les communistes) ou Malcolm X et Martin Luther King (pour l'acceptation de la communauté afro- américaine), à travers les divers protagonistes du comic book (respectivement le sénateur Kelly et l’ant- agonisme Magneto / Professeur X). De ce point de vue-là, le titre est le précurseur du monument Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons, roman graphique qui aborde l'image du justicier sous un angle
 
hautement réaliste, qui lui- même fut une source d'inspiration pour Inca- ssable (de M. Night Shyamalan), où l'on assiste à la naissance d'un super-héros dans notre monde, notre quotidien. Le chemin de Bryan Singer est le même. C'est cet aspect réaliste qui l'a tout d’abord attiré vers l'adaptation d'X-Men, cet aspect qui ne permet plus d'avoir une bande d'individus en lycra aux couleurs chatoyantes; cet aspect qui confère à l'univers une dimension si humaine, plus proche de nous que ne le seraient les tribulations extraordinaires de guerriers invincibles. A la croisée des chemins de la science-fiction et du drame le plus humain, se situe l'univers des mutants, destinés à être les victimes de l'éternelle intolérance de l’Homme. C'est de cette authentique mythologie que Singer fait son chemin de croix.



Ce bref retour aux sources s'imposait donc au vu de son importance dans le développement de la saga par Singer. La première évidence qui s'impose, c'est la façon dont le cinéaste a su tirer les leçons de ses erreurs et, à l'aide d'un budget doublement plus conséquent, régler tous les problèmes du premier opus. A l'époque, l’on avait reproché le manque de scènes d'action démesurées dignes du support original, tout en faisant l'éloge du traitement des personnages. On remarque là l'intention principale du metteur en scène qui avait su tout de suite nous immerger dans un univers de prime abord étranger. Encore une fois, le réalisateur cerne en quelques scènes et quelques plans les personnages nouveaux tout en approfondissant le travail préalablement effectué sur ceux rencontrés il y a trois ans – notamment ceux qui avaient souffert d’un manque de présenceà
 
l’écran. L'exposition a été faite dans le précédent volet, ils peuvent aujourd’hui exister pleinement. Jean Grey se retrouve particulièrement privilégiée, bénéficiant des scènes les plus émouvantes du film, à l’inverse de son partenaire, Cyclops. Malgré toute la capacité du fan à oublier peu à peu les rares défauts du film, il demeure le gros bémol du métrage de par l'absence presque totale de ce personnage. Quelques pistes mènent cependant à croire qu'il bénéficiera d’un traitement spécial dans le prochain tome... L'univers se peuple donc à présent de Diablo, qui s'en remet à la religion en cette ère de persécution, une foi qui contraste avec son apparence, celle d'un démon. Il fait une entrée fracassante au début du film, et demeure une icône représentative de la "différence" qui gêne tant les humains, de par ce physique tout de suite identifiable. Pyro, adolescent rebelle au tempérament trouble, est l'autre nouvelle recrue du groupe, ou plutôt du groupe
 

de jeunes mutants composé également du couple Iceberg/Malicia. Cette dernière n'est plus au centre de l'intrigue comme ce fut jadis le cas mais ensemble, ils forment une troisième génération de mutants présents dans l'histoire, auprès des anciens Magneto et Xavier, et des X-Men. Cette diversification des âges sur trois niveaux amplifie l'aspect mythologique de la série, de plus en plus dense, présentant l'intolérance comme une malheureuse habitude qui perdure à travers le temps.



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Cette suite parvient également à combler même le plus avide des amateurs d'action – déçu par le précédent épisode - par l'intermédiaire de plusieurs
 
morceaux de bravoure. La première scène est des plus jouissives, dégageant autant d'énergie pure que l'introduction du premier film comportait d'émotion déchirante. Elle cloue sur le siège tout en donnant envie de bondir de joie devant un tel spectacle. L'adrénaline monte. On retiendra également l'attaque de l'école de Xavier et le déchaînement jubilatoire de Wolverine, en pleine puissance. L'orgasme est atteint, et ça ne s'arrête pas là. Poursuite aérienne, évasion, duel de fers croisés, de nombreuses autres scènes viendront continuellement dynamiser le rythme,
 
convaincant le public qu'il est en train d'assister à de véritables combats mythiques, au sens propre du terme – contrastant violemment avec le premier film qui ne présentait finalement que la première aventure du groupe. La mythologie poursuit son cours devant nos yeux, au bord des larmes dans les dernières minutes. L'osmose est complète. Bryan Singer a réussi. Il a surpassé l'épisode I de son histoire. Il a fait son Mad Max 2. Il a fait son Empire contre-attaque. Il nous fait croire que les super-héros existent.



Que dire de plus? On comprendra aisément les fines bouches qui évoqueront certains défauts, sur lesquels on s'accordera (comme les légères longueurs lors du climax final) tout en restant un tantinet moins objectif. Alors, on ajoutera qu'il s'agit d'un énorme plaisir, presque incommensurable tant il ravit celui qui attend ces quelques miracles cinématographiques auxquels on a droit chaque année. Avec le temps, les cinéphiles que nous sommes, de plus en plus blasés, sont devenus quelque peu exigeants, comme si toute réussite était acquise, clamant à qui
 
veut bien l'entendre que le réalisateur aurait dû faire ceci, et cela, etc. Or devant X-Men 2, le respect s'impose. A chaque instant, on pourrait remercier Bryan Singer. Ou un quelconque démiurge du 7e art en qui nous avons foi. Une foi qui nous permet de croire à des œuvres comme celle-ci. Retombant dans un état proche de l'enfance, où chaque nouveau film était le meilleur, on passe alors la suite de la projection à discuter, s'émerveiller de façon croissante, se remémorant chaque scène, prêt à les revoir dans l'instant. Le lendemain, des courbatures attaquent nos muscles faciaux, à cause des 2h15 qu'on a passé le sourire
 
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aux lèvres, étendus sur tout le visage, heureux comme un enfant, ou un cinéphile satisfait.