Transilvania International Film Festival 2017 : notre bilan !

Transilvania International Film Festival 2017 : notre bilan !

Un festival où, dans une ambiance festive et jeune, on peut voir douze jours durant le meilleur du nouveau cinéma d'auteur européen sous toutes ses coutures, avec de l'art vidéo, des comédies, du blockbuster, du porno, des films en réalité virtuelle...et même du porno en réalité virtuelle? Bienvenue au TIFF, l'excellent festival de Transylvanie, qui fêtait cette année sa seizième édition.

  • Transilvania International Film Festival 2017 : notre bilan !
  • Transilvania International Film Festival 2017 : notre bilan !

Le TIFF (Transilvania International Film festival) s'est achevé il y a quelques jours à Cluj-Napoca, en Roumanie. FilmDeCulte était présent sur place et a pu témoigner de l'incroyable vitalité et diversité de cette manifestation gigantesque et pourtant méconnue chez nous. Pas moins de 20 sections différentes, avec 154 nouveaux longs métrages (sans compter les films de patrimoine et les ressorties !). Pas de première mondiale ni de marché du film, mais un festival riche en longs métrages rares et inédits, d'un éclectisme remarquable. Pôle étudiant comptant plus d'une centaine d'universités, Cluj-Napoca est une ville à la culture cosmopolite où le public, nombreux et jeune, témoigne d'un appétit jubilatoire et contagieux pour un cinéma sous toutes ses formes. A son image, le festival est festif (aucune séance le matin, et des films jusqu'à 1h – un équilibre idéal) et riche en événements culturels: concerts internationaux, expositions, rencontres professionnelles.

Comme la Berlinale, Le Tiff est donc un festival particulièrement généreux. Et comme la Berlinale, pour l’apprécier à sa juste valeur, il ne faut pas s’arrêter à la stricte compétition. Celle-ci, dédiée uniquement aux premiers ou seconds films, prend le pouls du jeune cinéma mondial, et témoigne de la confiance du festival dans les cinéastes de demain. Le classique mais-pas-tant-que-ça Une famille heureuse, sorti chez nous il y a quelques semaines, fait un gagnant classe, et le jury ne s'est pas trompé non plus sur le reste du palmarès, récompensant le tordu Glory et les émouvants (mais jamais naïfs) Heartstone et God's Own Country. Mais les surprises se trouvaient surtout ailleurs.

De Kim Jee-Woon à Sebastian Lelio (Une Femme fantastique, dont tout le monde parlait sur place), tous les cinémas du monde étaient représentés dans les autres sections, mais le TIFF laisse surtout une large place (à la louche, 75%) au jeune cinéma européen. Outre un grand nombre de films français et une section dédiée aux récentes recouvertes roumaines (où l'on retrouvait les films de Radu Jude, Calin Peter Netzer ou Adrian Sitaru), trois pays étaient cette année à l'honneur: la Slovénie, la Hongrie (l'Ours d'or On Body and Soul était d'ailleurs présenté en avant-première) et l'Autriche. Cette dernière section a été l'occasion de (re)découvrir plusieurs coups de cœur particulièrement cocasses et poil-à-gratter: Winwin, Superworld, ou encore Ugly.

Au-delà le l'hommage (très médiatisé sur place) à Alain Delon, et celui rendu à Giger, au-delà du partenariat avec HBO (qui a permis la diffusion du documentaire flippant Beware the Slenderman), et au-delà de l'impressionnant panel de films qui, de prime abord, peut donner l'impression de partir dans tous les sens, on note tout de même un travail de sélection doté d'un vrai point de vue. Ainsi, 25% des long métrages sélectionnés étaient réalisés par des femmes (coucou Cannes), et un certain nombre de films queers étaient présents dans toutes les sections - ce qui, en Roumanie, n'allait pas forcément de soi. De plus, le TIFF a réussi un certain exploit: éviter avec succès les clichés dit des "films de festivals" : pas de gentille carte postale folklorique à signaler (les films asiatiques étaient plutôt énervés, par exemple), pas d'émouvants portraits d'enfants (les bambins étaient d’ailleurs plutôt horribles dans la plupart des films), et presque pas de magnifiques-portraits-de-femme-dignes (hormis peut-être le gagnant, ironiquement).

De Twin peaks à Baahubali 2, le choix des films projetés en plein air ne manquait justement pas d'air. Ailleurs, les films-sérieux-à-sujets n'étaient jamais plus nombreux que les films plus punk et moins proprets: films musicaux maboules (Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc), comédies potaches, films d'horreur, et même - presque du jamais vu dans un festival de cinéma d'auteur - une section entière dédiée aux comédies romantiques! C'est d'ailleurs là qu'était projeté l'un des films les plus improbables du festival: The Bloom of Yesterday, une romance post-holocaust en allemand avec Adèle Haenel. Et au final, un fil rouge s'est détaché de cet ensemble : un nombre étonnant de films sélectionnés se sont payé le culot discret d'avoir des protagonistes pas forcément aimables. Zeus, The Teacher, Sister of Mine ne sont que quelques exemples de films enthousiasmants dont les protagonistes dérangent comme des cailloux dans la chaussure. A leur image, le TIFF est moins lisse qu'il n'y paraît.

Car l'éclectisme du festival ne s'arrête pas là. Deux des sections les plus passionnantes étaient celles où la définition de cinéma d'auteur était la plus remise en question, la plus élargie. La section Infinitiff montrait une très large section de courts métrages en réalité virtuelle, allant du reportage de guerre au film érotique, ainsi que des séances interactives mêlant film et performance. Une carte blanche était également donné à Viva Erotica, festival finlandais de films pornos. Leur sélection, allant du mainstream hétéro au queer underground (et toujours présenté avec le plus grand sérieux et moult anecdotes passionnantes) a donné lieu aux séances les plus dingues et inoubliables, de l’irrésistible tragi-comédie finlandaise Sensuela à l'hypnotisant trip lesbien SM Suisse Mano Destra. Voilà une programmation moderne et audacieuse dont peu de festivals peuvent se vanter. Vite, à l'année prochaine !

Compétition
Une famille heureuse
Heartstone
Zeus
Las Toninas Van al Este
God's Own Country
Glory
Chrysantemums Time (bientôt en ligne)

Romanian Days
Scarred Hearts
Fixeur
Ana, mon amour

Focus Autriche
Superwelt
WinWin
Ugly (bientôt en ligne)

Focus Slovénie
L'Ennemi de la classe

Hungarian Day
On Body and Soul

Alt.Rom.Com
The Bloom of Yesterday

What's Up Doc ?
All These Sleepless Nights
The Challenge

Unirii square
Baahubali 2 : La Conclusion
Folles de joie

HBO Day
Beware the Slenderman

No Limit
Sister of Mine
Jesus
Safari
L'Ornithologue
Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau

Shadows
Animals
Parents
Dernier train pour Busan
The Strangers
Prevenge

The Usual Suspects
Une femme fantastique
By the Time it Gets Dark
Yamato (California) (bientôt en ligne)

Somes Open Air
Tunnel

Supernova
The Teacher
Une vie
The Party
Été 93
Frantz
Sami Blood
Wild Mouse
Noces
Le Disciple
L'Ombre des femmes
Jeannette, l'enfance de Jeanne d'arc (bientôt en ligne)

Hommage Giger
Alien : Covenant

Et pour ne rien manquer de nos news, dossiers, critiques et entretiens, rejoignez-nous sur Facebook et Twitter !

par Gregory Coutaut

Commentaires

Partenaires