Oscars 2016: le bilan !

Oscars 2016: le bilan !

La cérémonie des Oscars s’est achevée la nuit dernière. Quels ont été les temps forts du show, les gagnants et les perdants ? Voici notre bilan…

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C'était l'un des sujets chauds de ces Oscars so white : on a beaucoup parlé de racisme lors de la cérémonie des Oscars – on a beaucoup blagué aussi. A ce petit jeu, le présentateur Chris Rock a été infiniment plus mordant que Neil Patrick Harris, dont la prestation l'an passé était molle comme de la pâte à pain. Certes parfois assommant, Rock a décoché quelques flèches qui ont probablement fait rire un peu jaune l'assemblée, tandis que d'autres étaient d'une assez réjouissante méchanceté (coucou Jada Pinkett-Smith!). Pour les spectateurs qui, avec innocence, imaginent que les votants choisissent simplement les meilleurs films et talents (concept déjà abstrait au moment de juger des films), rappelons qu'un carton critique et public comme Creed, par un réalisateur indé à la mode, aurait probablement eu droit à une pluie de citations avec un cast blanc ; que la prestation d'Idris Elba a été à peu près unanimement louée dans Beasts of No Nation mais finalement zappée dès les nominations, et que les Spirit Awards ce weekend ont remis le prix du meilleur second rôle féminin à Mya Taylor dans l'électrisant Tangerine tandis que l'Académie en est encore à couronner sa it-girl de l'année avec Alicia Vikander, lauréate en supporting. Difficile d'intéresser les membres du club de garçons blancs hétéros à autre chose que des histoires de garçons blancs hétéros – ça ne marche pas qu'aux Oscars, faites le test avec certains de vos camarades. Et il y a évidemment une ironie piquante – peut-être involontaire ? - à voir que l'extrait choisi pour le clip Oscar de Cate Blanchett la représentait... un flingue à la main. Ce qui rend Carol plus important que si l'on montrait une simple scène de romance ?

Si cela vous semble exagéré, jetez un œil au avis de certains votants, dont ceux des Brutally Honest Ballots mis en ligne par le Hollywood Reporter. A noter que depuis 1999, seuls trois lauréats dans la catégorie meilleure actrice ont remporté un Oscar supplémentaire (Million Dollar Baby, La Môme et La Dame de fer) et pour deux d'entre eux (La Môme et La Dame de fer), il s'agissait... des meilleurs maquillages. Chris Rock ironisait sur la création d'une catégorie pour les acteurs noirs, mais la catégorie actrices marche déjà comme un ghetto : c'est la catégorie où, des trémolos dans la voix, les votants (pour très large majorité masculins) sont contraints et forcés de voter pour un film qui parle d'une femme. Ces longs métrages qui, généralement, n'ont aucun succès dans les autres catégories.

Mad Max : Fury Road a terminé la course en tête avec 6 Oscars, tous dans les catégories techniques. On a un temps espéré que George Miller se glisse dans un trou de souris pour remporter la statuette du meilleur réalisateur, le film se contentera d’apparaître sur la liste des films non-couronnés dans la catégorie reine et qui ont obtenu 6 statuettes : Cabaret, Gravity, Une place au soleil et Star Wars premier du nom. Parmi les prix surprenants de la soirée : les effets spéciaux de Ex Machina (plus petit budget à obtenir cet Oscar depuis Alien) et Mark Rylance en second rôle masculin. On avait évoqué le possible échec de Stallone: l'Académie lui a assez cruellement tourné le dos (comme à l'époque à Mickey Rourke battu par un Sean Penn pourtant déjà primé) en privilégiant un acteur britannique méconnu et qui s'est surtout illustré sur scène. Leonardo DiCaprio a enfin reçu l'Oscar qui lui était promis à l'issue d'une campagne qui a réussi à faire croire qu'on pouvait être overdue à 41 ans – parlez-en à Ennio Morriconne, lauréat pour la première fois dans sa 88e année pour son excellent score des 8 salopards. Peu importe, l'acteur s'est particulièrement investi dans The Revenant et s'est montré très constant dans l'excellence au fil de ses différents succès ces dernières années. Mustang, lui, n'est pas parvenu à renverser le favori Le Fils de Saul, et la France reste sans statuette dans la catégorie film en langue étrangère depuis 1993 et Indochine, notre Marie Myriam des Oscars.

C'était cette année la course à l'Oscar la plus serrée depuis quelque temps dans la catégorie meilleur film. Avec le prix à DiCaprio mais aussi le second de suite à Inarritu en réalisateur (qui égalise la performance de John Ford et Mankiewicz), on sentait venir le succès de The Revenant. C'est finalement Spotlight qui l'a emporté, devenant ainsi le premier vainqueur du meilleur film à avoir seulement remporté 2 Oscars depuis 1952 et l'oublié Sous le plus grand chapiteau du monde. Le preferential ballot, institué en 2009 et qui favorise les films à consensus tout en éliminant les films qui divisent (toutes les explications ici), explique sans doute la victoire de Spotlight, film généralement bien-aimé, et qui s'inscrit dans la lignée de gagnants très propres et sans gros adversaires de ces dernières années comme Argo, Le Discours d'un roi et The Artist. The Revenant a beaucoup divisé tandis que Mad Max... reste ce qu'il est et ne fait pas assez « sérieux » pour certains votants. Spotlight polarise moins que ces films loin des canons Oscars, entre un survival violent et un film d'action survitaminé. Le sujet fort et dramatique de Spotlight ainsi que son absence totale de personnalité (qu'on aime ou pas le film, difficile de voir la trace d'un auteur derrière la mise en scène et l'écriture standardisées) l'ont probablement aidé. Difficile de reprocher à une académie d'avoir des goûts académiques.

La cérémonie, avec ses règles toujours plus strictes, a souvent filé à toute allure malgré le saucissonnage contractuel de 255 coupures pub. Les montages et choix d'extraits sont comme d'habitude bien pensés et participent à la célébration du cinéma – même si les Oscars célèbrent davantage l'industrie que le cinéma lui-même. Si le show cherche un peu d'air, on lui suggérerait bien (comme quasiment tous les ans) de se débarrasser de la catégorie meilleure chanson, obsolète depuis des années. Entre la victoire ridicule de Sam Smith et de son verre d'eau tiède composé pour Spectre et le snob violent et inélégant de deux des nommés dans la catégorie, même pas invités à chanter (probablement parce que pas aussi connus que leurs camarades, ce qui prouve la considération faite pour les nommés), cette catégorie ne semble plus avoir le moindre sens. Parmi les films venus pour rien : Seul sur Mars (7 citations), Carol (6 citations) ou encore Star Wars (5 citations) sont repartis bredouille. Et tant qu'on en est aux zéros pointés, s'il y avait malheureusement du monde à mettre dans l'hommage aux disparus, oublier les étrangers (Jacques Rivette, Manoel de Oliveira, Andrzej Żuławski) entre autres snobs (Gunnar Hansen ou le récemment oscarisé Andrew Lesnie, directeur de la photographie du Seigneur des anneaux) n'était pas particulièrement délicat.

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par Nicolas Bardot

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