Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot

Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot
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Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot
États-Unis, 2018
De Gus Van Sant
Durée : 1h53
Sortie : 04/04/2018
Note FilmDeCulte : ****--
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Même après avoir failli mourir dans un accident de la route lors d’une nuit de beuverie avec son ami Dexter, John Callahan n’a pas la moindre intention d’arrêter de boire. Il finit pourtant par suivre une cure de désintoxication, soutenu par sa compagne et un mentor charismatique, et se découvre alors un don inattendu. Il crée des dessins à l’humour noir, satirique et insolent, qui lui vaudront un succès international dès leur publication dans la presse. En dessinant, Callahan découvre une nouvelle manière de voir la vie…

Après le bug Nos souvenirs, Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot constitue plutôt un retour en forme pour le réalisateur américain Gus Van Sant. Van Sant retrouve à cette occasion un acteur qu’il a participé à révéler il y a 23 ans dans Prête à tout : Joaquin Phoenix. Celui-ci incarne John Callahan, dessinateur humoristique du Portland cher au cœur du réalisateur. « Raconte-nous ton histoire », demande t-on au personnage principal lors de la première réplique du film. C’est l’humble démarche de Don’t Worry… : faire le portrait d’un artiste, balancé sur le bas-côté de la vie après un terrible accident de voiture. Biopic, handicap, épreuves à surmonter par un homme possédant un don ? Voilà des mots-clefs qui peuvent faire un peu frémir mais Van Sant évite assez habilement les pièges attendus.

Pourtant, il serait faux de dire que T’inquiète pas, il n’ira pas loin à pieds est un film surprenant. Il appartient clairement à la veine mainstream de sa filmographie: plus Will Hunting, Milk ou Restless que sa trilogie de la mort ou son expérimental Psycho. Mais contrairement à une large frange du cinéma indé américain dont on a déjà parlé de nombreuses fois et qui n’a d’indé que le nom, Van Sant exploite une forme mainstream pour mieux traiter de la contre-culture. Sans l’aplatir, sans la dénaturer. C’était déjà le cas avec Harvey Milk qui avait en lui cette dimension pédagogique : faire connaître à nouveau une figure-clef des combats queer outre-Atlantique dans une forme accessible. Don’t Worry, autour de son artiste iconoclaste, suit un peu le même chemin. Et ce n’est pas un hasard si l’on croise ou évoque de si nombreuses figures de la contre-culture dans le film, de Kim Gordon à Udo Kier en passant par Beth Ditto, Heather Matarazzo ou même la poupée Chucky.

« What are you laughing at? » : si le film ne met pas de côté le mauvais esprit grinçant des strips de Callahan, le ton du long métrage est beaucoup plus tendre. Un peu trop sucré ? La musique de Danny Elfman semble effectivement parfois en trop. Mais la candeur est aussi un outil offrant au film une sincérité et une sensibilité qui fonctionnent, notamment dans des scènes assez casse-gueule (qu’on ne vous dévoilera pas ici). Dans ce portrait d’un héros assez cynique, voilà ce que la naïveté non-feinte permet. L’écriture aurait pu certes avoir la main moins lourde sur le parcours psychologique de son protagoniste, mais fait preuve aussi de suffisamment de nuances pour accomplir un portrait attachant de ces outsiders en tous genres qui tentent comme ils peuvent de contrôler les accidents de la vie.

par Nicolas Bardot

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