Journal de bord du Festival de Cannes #3

Journal de bord du Festival de Cannes #3

Toujours plus de concurrents au palmarès. Terrence Malick, Céline Sciamma, et surtout Diao Yi’nan ont fait des entrées tonitruantes en compétition.

  • Journal de bord du Festival de Cannes #3
  • Journal de bord du Festival de Cannes #3

En bons camarades, et alors que leurs films seront présentés en deuxième partie de Festival, Quentin Tarantino et Xavier Dolan sont venus apprécier (épier ?) certains de leurs concurrents en projections officielles. L’Américain a fait une première sortie publique lors de la séance de gala du splendide film chinois Le Lac aux oies sauvages de Diao Yi’nan (on vient d’ailleurs de le re-croiser aller faire un tour du côté du film du Taïwanais Midi Z), tandis que le jeune Canadien est lui venu s’extasier devant Portrait d’une jeune fille en feu, le nouveau Céline Sciamma. Les deux films qui m’ont le plus enthousiasmé en compétition depuis le début des hostilités le 14 mai. Le ton est donné.

Au matin du 6e jour, nous voilà à nouveau cueilli à froid par la sélection française. Le niveau exceptionnel ne se dément pas avec le quatrième film de Céline Sciamma, Portrait de la jeune fille en feu. Il s’en est passé du temps depuis Bande de filles. Cinq années à écrire pour les autres (Ma Vie de Courgette notamment) et ruminer ce nouveau projet. La réalisatrice est ce que l’on appelle un « bébé cannois ». Présente avec son tout premier film en 2007 Naissance des Pieuvres déjà en Sélection Officielle (Un Certain Regard), elle concourt pour la première fois pour la Palme d’or avec cette fresque de l’intime politique et féministe. Une opportunité toute trouvée de proposer une autre facette à l’indispensable Adèle Haenel. Le résultat est un film en costumes bouleversant, variation sensuelle d’un amour suspendu entre une peintre (Noémie Merlant enfin révélée au grand jour) et son modèle (Adèle Haenel). Le film prend son temps comme au début des plus belles histoires d’amours interdites. Un grand film.

Cette année la leçon de mise en scène est venue de Chine. Diao Yi’nan, seul rescapé en compétition au détriment de ses camarades Lou Ye et Zhang Yimou tous deux bloqués par la censure, a saisi les festivaliers avec Le Lac aux oies sauvages, polar pluvieux d’une maîtrise complète qui nous a subjugué.

Une maîtrise que l’on retrouve aussi chez Terrence Malick. Pour la première fois en compétition à Cannes depuis The Tree of Life, Palme d’or 2011 et après quelques divagations jugées par certains évanescentes (pour rester poli), le réalisateur de The Thin Red Line revient avec Une vie cachée à une narration plus conventionnelle en contant le destin tragique (et vrai) d’un objecteur de conscience autrichien pendant le Seconde Guerre Mondiale. S’étire alors pendant près de trois heures un Malick introspectif et puissant, ambitieux et formellement bien au-dessus de la moyenne.

Pour finir et attendre encore un peu Tarantino, deux plaisirs de cinéma très différents. A la Quinzaine, on a vu Robert Pattinson, pas encore Batman mais gardien de phare aux côtés du goguenard Wilem Dafoe dans The Lighthouse. Le tout sous la direction artistique de Robert Eggers (The Witch). Une proposition de cinéma noir et blanc avec un travail sur le son et l’image impressionnant.

Et surtout en sélection Un Certain Regard, la surprise s’appelle Christophe Honoré qui a finalisé cet hiver en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire Chambre 212, irrésistible comédie contemporaine, hommage en creux au cinéma de Resnais (dans ses derniers films) et au boulevard français, avec sa troupe de fidèles, Benjamin Biolay, Vincent Lacoste, Chiara Mastroianni (sensationnelle) et la nouvelle venue Camille Cottin.

par Thomas Gastaldi

Commentaires

Partenaires