Festival de Gérardmer: Entretien avec Babak Anvari

Festival de Gérardmer: Entretien avec Babak Anvari

C'est l'une des sensations horrifiques de cette année: très remarqué à Sundance et sélectionné cette semaine au Festival Gérardmer, Under the Shadow raconte le combat d'une mère confrontée à des forces surnaturelles durant la guerre entre l'Iran et l'Irak dans les années 80. Nous avons rencontré le réalisateur de ce film d'horreur diablement efficace, Babak Anvari, qui signe ici son premier long métrage...

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Quel a été le point de départ de Under the Shadow?

Le point de départ, ça a été d'être à l'écoute de mes souvenirs d'enfance, ayant grandi dans le Téhéran des années 80, durant la guerre Iran-Irak.

Dans quelle mesure le choix de l'horreur vous a permis de décrire la réalité avec davantage de pertinence qu'un drame classique?

L'horreur en tant que genre a souvent été utilisée pour décrire les angoisses et les problèmes du monde réel à travers des métaphores. C'est un genre incroyablement créatif parce qu'il offre à un conteur une vraie liberté. Et il est parfois plus facile de traiter de certains sujets à travers la métaphore que directement – je pense que les métaphores suscitent des conversations et interprétations là où un traitement plus réaliste peut simplement documenter.

Afin de conserver le mystère et de susciter une certaine tension dans votre film, étiez-vous effrayé à l'idée de trop en montrer – ou au contraire pas assez?

Dès le début, l'idée était d'en montrer le moins possible. J'imaginais que cela rendrait le film plus déstabilisant et mettrait le public à la place de l'héroïne. Un peu comme quand vous êtes seul et que, soudainement, vous remarquez un mouvement du coin de l'oeil : vous vous tournez et en fait tout est normal. C'est une peur commune que tout le monde a déjà expérimentée, et ça a constitué une référence pour moi. Alors on s'est retenu de trop en révéler.

Under the Shadow parle d'une femme dont le talent est ignoré, qui est fan de Jane Fonda (ou, en tout cas, de ses vidéos d'aérobic), qui est arrêtée dans la rue car elle n'est pas vêtue « convenablement »... Diriez-vous que votre film est féministe?

Je n'avais pas de programme particulier à ce sujet. Je voulais avant tout raconter cette histoire le plus honnêtement possible. Le personnage a, depuis le début, toujours été une mère qui devait prendre soin de son enfant (un motif classique de l'horreur gothique). Mais en raison du contexte, où une femme essaie de trouver sa place dans un monde qui devient rapidement patriarcal tandis qu'elle est confrontée à la pression de la guerre, cela avait du sens de développer son arc ainsi. C'est après avoir achevé le scénario que j'ai réalisé à quel point les hommes était au second plan alors que les personnages féminins sont au premier.

Il y a une certaine rupture formelle dans le film lors d'une séquence de rêve, avec un angle de caméra plus étrange. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette séquence et ce choix visuel?

Lors de la préparation avec mon directeur de la photographie Kit Fraser, on a senti tous les deux que tourner cette scène ainsi était le choix adéquat pour montrer le début de la descente de l'héroïne dans un monde cauchemardesque.

Quels sont vos cinéastes favoris?

Oh, la liste est très longue ! Quand j'avais 10-11 ans, je regardais les films de Steven Spielberg et Tim Burton de manière obsessionnelle, et c'est ce qui m'a décidé à devenir réalisateur. Ces deux-là ont été mes premières inspirations. Plus tard, j'ai trouvé d'autres idoles comme Stanley Kubrick, Michael Haneke, David Lynch, David Fincher, etc. Je pourrais continuer car comme je vous l'ai dit, la liste est très longue. Je regarde tout, tout, tout, des blockbusters mainstream aux films d'auteur et j'apprends de toute cette diversité.

Avez-vous de nouveaux projets?

Oui, je travaille avec les mêmes producteurs qu'Under the Shadow sur un thriller hitchcockien néo-noir. Et j'ai d'autres projets qui n'en sont encore qu'à leurs prémices.

Babak Anvari, quel est votre film d'horreur préféré ? Une vingtaine de réalisateurs répondent dans notre dossier spécial.

Entretien réalisé le 23 septembre 2016. Un grand merci à Lucan Toh.

par Nicolas Bardot

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