Two Lovers

Two Lovers
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Two Lovers
États-Unis, 2008
De James Gray
Scénario : James Gray
Avec : Elias Koteas, Gwyneth Paltrow, Joaquin Phoenix, Isabella Rossellini
Durée : 1h40
Sortie : 19/11/2008
Note FilmDeCulte : ******
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New York. Leonard hésite entre suivre son destin et épouser Sandra,la femme que ses parents lui ont choisie ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, Michelle, belle et volage, dont il est tombé éperdument amoureux. Entre la raison et l'instinct, il va devoir faire le plus difficile des choix...

Man on the Beach

Un homme se tient debout, sur la jetée de Coney Island, une robe de mariée à la main. Il respire profondément et se jette à l’eau, au sens propre comme au sens figuré. Sa vie défile sous ses yeux. Son amour perdu. Son incapacité à lui donner un enfant. A la fin de La Nuit nous appartient, on avait quitté Joaquin Phoenix faussement réconcilié avec sa famille, lâché par sa compagne et entré dans les rangs de la police malgré lui. Si Two Lovers n’est aucunement la suite du précédent et vertigineux film de James Gray, il en assure la continuité par le choix de son acteur principal et la tonalité dramatique de ces premiers plans qui hanteront longtemps la mémoire du spectateur. Malgré ses facéties au quotidien, Leonard est un homme au cœur brisé, en équilibre constant entre le pathétique dépressif et l’euphorie d’une passion naissante. Le titre - Two Lovers - est un habile trompe l’œil. Si ses précédents longs-métrages avaient les apparats du polar, celui-ci révèle les sentiments de ses personnages sans le truchement d’un genre. Film sur le renoncement de l’Amour, avec un A majuscule, Two Lovers est le Tosca de James Gray, l’amoureux d’opéra, une histoire simple, « simpliste » même, ont protesté les anti, mais à la force tellurique qui renverse les montagnes et fait saigner les cœurs des plus endurcis.

Fenêtre sur cour

Cinéphile devant l’Eternel, l’auteur de Little Odessa inscrit son film dans l’histoire du cinéma américain et l’on retrouve ainsi, dans Two Lovers des motifs propres aux films d’Alfred Hitchcock – l’espionnage de Michelle, voisine trop belle pour le pauvre Leonard, la folie permanente du personnage principal, «Scottie » des temps modernes, hanté par la femme qui l’a quitté – ou de Woody Allen - Match Point, bien sûr, avec l’opposition entre la blonde et la brune, la passion et la raison -. Jamais depuis Manhattan, New York n’avait été aussi bien filmé, dans son opposition brutale entre le monde d’en-haut, symbolisé par Michelle et son compagnon, homme marié qui fréquente les salles d’opéra et les grands restaurants, et celui des travailleurs d’en-bas, les « gentils » de Brooklyn, qui dansent sans penser à leur image et n’ont pas assez d’argent pour payer le taxi du retour après une virée en boîte de nuit. James Gray ne force pas le trait, mais le dénouement du film laissera un goût amer dans la bouche. Sur le plan sentimental, aussi, la lutte des classes existe toujours…

How I Met your Mother

Double du cinéaste à l’écran, Joaquin Phoenix, pour son dernier rôle annoncé comme acteur de comédie, incarne à la perfection les fêlures profondes du héros de Two Lovers. Avec une voix assurée et une fébrilité de tous les instants, qui tranche tellement avec sa silhouette, épaisse et lourde, Leonard est dans un état de lutte permanent, en guerre contre les idées sombres et les volutes empoisonnés de l’amour. Faut-il se perdre corps et âme dans une relation amoureuse ou rester à sa place et épouser le choix de ses parents ? Sans jamais forcer le trait, James Gray nous fait ressentir le dilemme d’un être perdu car amoureux de la fille qu’il ne faut pas. Adaptation d’une courte nouvelle de Dostoïevski, Nuits blanches, Two Lovers porte magnifiquement son titre. Sauf qu’il ne s’agit pas des amoureux attendus…. Enfin, il faut parler de la réalisation, d’une perfection absolue dans le tempo, avec des séquences de pure magie comme l’utilisation des photos de Leonard en guise de transition ou le regard beau et franc d’Isabella Rosselini, sur son fils désemparé. On connaissait le James Gray auteur de polars crépusculaires, plus purs que n’importe quel diamant noir façonné par Hollywood, Two Lovers, nous dévoile une nouvelle facette d’un cinéaste surdoué, boudé dans son pays mais acclamé en France. Pour une fois, soyons fiers de notre pays…

par Yannick Vély

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