La Vie moderne

La Vie moderne
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Vie moderne (La)
France, 2007
De Raymond Depardon
Durée : 1h30
Sortie : 29/10/2008
Note FilmDeCulte : ******
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Raymond Depardon a suivi pendant dix ans des paysans de moyenne montagne. Il nous fait entrer dans leurs fermes.

MAN’S LAND

Une voiture-travelling aéroglisse à flanc de montagne. C’est un trajet familier, des heures de route dans les guiboles ; on est bientôt arrivé, c’est l’heure de rentrer les moutons ; « je » reviens à la ferme. « J’irai revoir tout le monde. Les plus humbles auront droit à l’attention des plus grands, 35mm luxueux, lumière céleste, précision maniaque du son : il s’agit de visiter des vieux amis en cinémascope, de faire d'un petit-déjeuner un western, de la maladie d’une vache un drame, d’yeux rouges d’épuisement un cratère d’espoir...

Qui surveille d’un œil attentif le petit monde du documentaire contemporain s’est nécessairement laissé gagner par des réflexes de classification, pour ne pas dire de cases à cocher. Comme les festivals en donnent l’habitude, l’on sait qu’il n’est plus évident de définir le documentaire positivement. En revanche, la ligne de fracture entre documentaire de cinéma et reportage de télévision apparaît toujours plus clairement : si l’on sait toujours moins ce qu’est un documentaire, l’on croit savoir clairement ce qu’il n’est pas. Certains épouvantails suffisent souvent à discriminer, et tel film regroupant démarche informative/journalistique, voix-off, musique d’ambiance, interviews face caméra, devrait immanquablement être rabaissé à son rang télévisuel.

Ce n’est pas le moindre des exploits accomplis par Raymond Depardon, que de prouver que la puissance d’un certain classicisme n’est pas l’apanage de la seule fiction. La Vie moderne ne se soucie pas de sa modernité. Elle l’est par défaut, ne se réclame d’aucun courant, sinon de l’aboutissement d’une décennie de cinéma chez les paysans, d’une réflexion de mise en scène du moi filmant qui n’a que faire des conventions de genre. De là son évidence, son élégiaque simplicité, tout autant que l'improbabilité même de son existence, de son métissage presque mutant, d’archaïsme et de modernité.

par Guillaume Massart

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